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Du porte-empreinte à la prothèse complète

Prothèse Par Carlo MONTESARCHIO le 24-03-2015

Protocole de fabrication d’une prothèse complète

maxillaire et mandibulaire

Les prothèses complètes se situent à l'intersection de l'esthétique désirée par le patient et de la fonction. Les patients ayant fait le deuil de leurs dents souhaitent ensuite avoir des dents parfaites qu'ils imaginent la plupart du temps très clairs et rectilignes. Les praticiens et prothésistes savent pourtant que des prothèses complètes du style "touches de piano" sont immédiatement repérées et jugées artificielles. Il est donc d'autant plus important que les dents et la gencive recréée aient un aspect naturel.

La réhabilitation de la fonction masticatoire et de la phonétique ne laisse place à aucun compromis ce dont les patients ne parlent pourtant pas systématiquement tout en le présupposant. Vous allez lire un compte rendu sur un travail réalisé en tenant compte de ces aspects.

Bon nombre de patients ressentent la perte des dents comme une atteinte à leur qualité de vie. Malgré une meilleure prophylaxie au cours de ces dernières décennies, l'allongement de la durée de vie moyenne s'est accompagnée d'une augmentation des maladies parodontales et par conséquent des cas d'édentement. Cela démontre que la prothèse complète continue d'être un domaine important pour les prothésistes.
Cas clinique

Une patiente de 58 ans, non fumeuse, s'est présentée au cabinet dentaire (ill. 1). L'anamnèse a permis de dresser un bilan de santé satisfaisant. Lors de l'examen clinique le praticien a constaté des problèmes fonctionnels et phonétiques, responsables de la dégradation de sa vie sociale. Une totale réhabilitation du système stomatognathique, tel était le souhait de la patiente. L'objectif était donc de fabriquer une prothèse complète non seulement irréprochable sur le plan fonctionnel mais aussi parfaitement esthétique.

Prise d'empreinte de situation et porte-empreinte fonctionnel

La plupart du temps au cabinet les empreintes de situation sont confectionnées avec de l'alginate. Ces premières empreintes doivent englober chacune des arcades et les tissus mous limitrophes. Les empreintes sont ensuite désinfectées au laboratoire, complétées à la hauteur des futurs bords fonctionnels par des bandeaux de cire et en périphérie par de la cire en plaque.

À la mandibule, l'espace lingual est recouvert d'une plaque de cire (ill. 2). On obtient ainsi des modèles de situation précis et esthétiques (ill. 3 et 4). À la demande du praticien, des porte-empreintes fonctionnels ont été confectionnés selon la méthode du professeur Passamonti. Pour ce faire, le technicien trace la ligne de réflexion de la muqueuse sur le modèle en plâtre à l'aide d'un crayon bleu (ill. 5). Il marque également les limites du porte-empreinte et les butées en résine (Tissue Stops) (ill. 6 et 7). Grâce à ces butées les bases en résine reposent bien sur les crêtes.

La prise d'empreinte des bords fonctionnels s'effectue ainsi sans pression. Avant l'empreinte de correction, on retire les butées. Avant d'adapter la résine pour les portes-empreintes, le technicien dépose de la cire sous la surface d'appui. Il n'en dépose pas dans la zone des butées (ill. 8). Il confectionne ensuite les porte-empreintes individuels (ill. 9).

Comme à l'accoutumée, le praticien vérifie en bouche que les empreintes soient bien complètes. Pour protéger les bords fonctionnels de la future prothèse les empreintes fonctionnelles, tout comme les modèles de situation auparavant, sont complétées en cire au niveau des bords avant la coulée des modèles dans un plâtre super dur de type IV. (ill. 10).
Enregistrement de l'occlusion et transfert de l'arc facial

Pour confectionner les bases des gabarits on utilise de la résine photopolymérisable. Pour maîtriser la contraction du matériau, cette procédure se déroule en plusieurs étapes (ill. 11 à 13). Pour la plaque base destinée au transfert de l'arc facial, on utilise la même résine photopolymérisable. Un état de surface rétentif assure l'adhérence de la base au niveau de la fourche d'occlusion (ill. 14). L'enregistrement s'effectue en bouche avec des mordus (voir ill. 12 et 13) et et hors de la bouche avec l'arc facial (ill. 15).

La première étape du montage du modèle débute par le transfert du modèle maxillaire dans l'articulateur SAM où il sera monté à l'aide de l'arc facial (ill. 16). Les relations intermaxillaires définies à l'aide des gabarits d'occlusion servent au montage du modèle mandibulaire en articulateur. Les mouvements centriques et excentriques en articulateur sont soigneusement simulés par des mouvements d'excursion de la mandibule et évalués pour planifier les prothèses complètes. Décision est prise de monter les prothèses selon une occlusion bilatérale équilibrée.

Sélection des dents artificielles

À partir des mesures relevées et tracées par le praticien sur les bourrelets en cire des gabarits d'occlusion, le prothésiste recherche la plaquette de dents antérieures la mieux adaptée et calcule la longueur de chacune des dents. Les dents antérieures VITAPAN PLUS sont choisies.

Le profil personnalisé des bords incisifs, les courbures et angulations calquées sur le modèle vivant ainsi que la texture de surface vestibulaire empreinte de vitalité contribuent à donner aux dents un aspect naturel en bouche. Le profil proximal favorise non seulement une conception naturelle des papilles mais permet aussi au patient d'entretenir sa prothèse facilement et sans risque de l'endommager. L'anatomie palatine favorise le guidage antérieur et améliore la phonétique.


Montage des dents antérieures

Afin de pouvoir continuer à exploiter les marquages sur les bourrelets d'occlusion lors du montage, le technicien débarrasse le bourrelet d'autant de cire que nécessaire pour la dent montée. Les dents sont ainsi progressivement parfaitement placées (ill. 17 et 18) jusqu'à ce que toutes les dents antérieures soient montées (ill. 19). Les 33 et 43 sont montées de manière à ce que les canines maxillaires glissent via leurs surfaces palatines sur les canines mandibulaires ce qui évite un diastème en secteur postérieur.

On obtient ainsi à un équilibre entre recouvrement (overbite) et surplomb horizontal (overjet) (ill. 20). Après avoir déterminé la position de 33 et 43, on monte les incisives centrales maxillaires 31 et 41 en tenant compte de la ligne médiane (ill. 21). On ajuste 32 et 42 dans la zone d'édentement ainsi formée (ill. 22). Le montage est complété en tenant compte des critères esthétiques et fonctionnels (ill. 23).

Premier essayage

Lors du premier essai, le praticien contrôle l'emplacement correct des dents antérieures sur un plan esthétique et phonétique. Cette phase du traitement nécessite un véritable rapport de confiance entre le dentiste et le patient afin que s'instaure une collaboration constructive. Il est également possible de prendre en compte les souhaits du patient dans la mesure où ils ne perturbent pas la fonctionnalité de la prothèse telle que conçue par le praticien (ill. 24).

Première parution dans Zahntech Mag 18, 12, 742-753 (2014)
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