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Olivier Lafarge

Entretien avec Olivier Lafarge, Dirigeant de Dentsply Sirona France

Interview Par Dentalespace le 16-01-2018

A l’occasion du Congrès ADF 2017 au Palais des Congrès de Paris, nous avons pu rencontrer Olivier Lafarge, Dirigeant de la société Dentsply Sirona France, qui a eu la gentillesse de répondre à nos questions.

En 2015, la fusion des deux leaders du secteur devait notamment permettre d’améliorer les soins aux patients. Quelles réussites avez-vous pu tirer depuis ces deux années ?

Notre volonté est d’offrir et d’accompagner les praticiens et les professionnels de santé en leur donnant les moyens de choisir la solution thérapeutique la plus adaptée. La fusion a notamment permis d’élargir et de lier les flux proposés. Cela offre au patient la possibilité d’être traité dans un flux connecté et adapté, avec des soins plus rapides, plus sûrs et surtout de meilleure qualité.

Aujourd’hui, en utilisant par exemple nos systèmes implantaires connectés à nos systèmes de prothèse, on obtient des procédures totalement connectées qui permettent d’aller jusqu’à des soins en une séance avec des matériaux adaptés et esthétiques. Ceci répond à la demande des patients d’aujourd’hui qui souhaitent des soins esthétiques, efficaces et rapides.

Pour se rendre chez le dentiste, il faut se libérer du temps, ce qui n’est pas évident lorsque les traitements s’étalent sur plusieurs séances. Le traitement dentaire en une séance représente par conséquent une véritable innovation que nous allons continuer d’accentuer.

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« Le traitement dentaire en une séance représente une véritable innovation que nous allons continuer d’accentuer. »

Quelles sont aujourd’hui vos avancées les plus notables en termes d’innovation ?

Nos innovations résident surtout dans le flux et l’accompagnement du flux, plutôt que dans un produit à proprement parler. L’innovation est importante si elle apporte de l’efficacité, de la simplicité et surtout des soins meilleurs pour le patient. Aujourd’hui, il y a très peu de véritables innovations, on parle plutôt d’améliorations.

Actuellement, nous travaillons beaucoup sur la connectivité de l’ensemble des solutions, comme par exemple des liens entre les logiciels de modélisation avec nos systèmes de radiologie et nos systèmes endodontiques. C’est en cela que réside à nos yeux la véritable innovation, car cela apporte au praticien une valeur ajoutée au quotidien dans son travail.

Aujourd’hui, ce qui est certain, c’est qu’il y a moins de ruptures technologiques comme il y a pu en avoir avec l’arrivée du CEREC, de la 3D, du Protaper et de la réciprocité en endodontie.
Nous travaillons plutôt sur des évolutions qui s’inscrivent dans la philosophie de la dentisterie de demain, en particulier en France, où l’on parle beaucoup de dentisterie conservatrice, d’implantologie, de prothèse et de prévention.

Quelles sont les grandes orientations que vous souhaitez donner à Dentsply Sirona dans les années à venir ?

Notre vision en France est d’accompagner les professionnels de santé et les patients pour mettre à leur disposition la solution thérapeutique la plus adaptée. C’est extrêmement important, puisque cela correspond à de l’innovation, de la promotion, de la formation et de la communication.

Il est également primordial de mettre notre exigence d’innovation et de progrès pour grandir et se développer avec les professionnels de santé, et ainsi se positionner comme la référence du marché. Pour que cela soit réalisable, il existe trois grands piliers au sein de notre stratégie :
1. L’accompagnement du client : aujourd’hui, nous avons une approche que nous sommes en train d’adapter, avec un flux qui connecte l’ensemble de nos solutions. Il s’agit également d’adapter nos formations et notre manière d’accompagner les clients en termes d’organisation, avec une approche duale entre les ambassadeurs et les spécialistes.
2. Des équipes expertes, de qualité et formées.
3. La formation interne et externe, avec d’un côté la Dentsply Sirona University pour les formations internes, et de l’autre la Dentsply Sirona Academy pour les formations externes, via tous nos groupes de leaders d’opinion et référents, c’est-à-dire les ambassadeurs et les experts qui utilisent nos produits tous les jours.
Ce pilier englobe également l’ensemble des formations que nous souhaitons prodiguer aux laboratoires, aux assistantes, et de manière générale à tous les acteurs qui gravitent autour du patient.

Pensez-vous qu’une nouveauté comme le CEREC va séduire toute la profession ?

Une innovation comme le CEREC change tellement de choses en termes d’habitudes de travail et de réflexion au quotidien sur l’organisation du cabinet, mais aussi sur le patient et les traitements proposés. De ce fait, on ne parle pas d’un simple produit, mais bien d’une transformation et d’une réflexion de son activité, et cela prendra donc du temps avant que tout le monde n’adopte cette technologie. Néanmoins, cela sera plus rapide sur la prise d’empreinte numérique que sur les systèmes complets incluant des unités de fraisage.

Même si le CEREC est parfaitement adapté pour un certain nombre d’indications, il y aura toujours un flux et un lien nécessaire avec le laboratoire de prothèses pour couvrir l’ensemble des procédures et des restaurations.

Aujourd’hui, la profession se renouvelle, on annonce un plus grand nombre de dentistes d’ici quelques années. Ces nouveaux praticiens auront un profil plus orienté « e-dentiste » qu’aujourd’hui, donc notre offre devra suivre cette tendance et cette demande.

Quels sont à vos yeux les grands challenges à venir pour la profession en France ?

Le principal challenge sera d’avoir une approche coordonnée et unie entre l’ensemble des représentants de la profession, car ce qui est en train de se passer est important. La nouvelle loi de santé va notamment guider les challenges de demain.

Par ailleurs, la prévention représentera un challenge pour tout le monde. Dentsply Sirona et le COMIDENT prônent d’ailleurs l’intégration des hygiénistes au sein des cabinets dentaires, car cela va dans le sens de la prévention, du développement des soins et de ce qu’il est possible d’offrir aux patients, notamment en proposant des soins à ceux qui n’en ont pas.

De plus, le panier de soins va représenter un des sujets majeurs de la profession, avec la volonté du gouvernement de mettre en place un reste à charge zéro sur un maximum de soins et de solutions. Bien entendu, il y aura toujours un certain nombre de soins et de traitements qui nécessiteront un investissement de la part du patient, à cause de l’utilisation de matériaux high-tech et de technologies avancées. Mon point de vue, c’est que nous aurons donc plusieurs parcours de soins pour le patient avec plusieurs offres.

L’un des autres enjeux sera d’étendre les soins, car beaucoup de personnes ne se font toujours pas soigner, parce qu’elles sont en difficulté, handicapées, ou qu’elles n’ont pas accès aux soins. Cela représente un challenge de voir comment il est possible de les accompagner.

Pour quelle(s) raisons(s) la prévention a-t-elle pris une place centrale dans le débat actuel ?

Tout d’abord, les consciences semblent s’éveiller vis-à-vis des dégâts qui peuvent être occasionnés par une mauvaise hygiène bucco-dentaire. Par conséquent, il est primordial de pousser les gens à aller chez le dentiste au moins une fois par an, de suivre un certain nombre de bilans, de se brosser les dents, car les études montrent que les conséquences peuvent être dramatiques.

Si on ne modifie pas nos organisations, notamment avec l’arrivée des hygiénistes au sein des cabinets dentaires, il n’est pas évident d’offrir aux patients ce que l’on pourrait faire en termes de prévention. De ce fait, l’arrivée des hygiénistes en France serait bénéfique aux praticiens, ainsi qu’aux patients. Cela risque de bouleverser la profession, mais dans le bon sens.

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