
L’impact du programme M’T dents sur le suivi bucco-dentaire des jeunes
Santé bucco-dentaire Par Dentalespace, UFSBD le 12-05-2025L’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) Chirurgiens-Dentistes des Pays de la Loire et l’Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire (UFSBD), en partenariat avec l’Observatoire Régional de Santé (ORS) des Pays de la Loire, ont mené une étude approfondie sur le recours aux soins dentaires des enfants et jeunes âgés de 3 à 24 ans.
Cette analyse, réalisée en décembre 2024, repose sur les données du Système National des Données de Santé (SNDS) et met en lumière des tendances marquantes ainsi que des disparités territoriales et socio-économiques.
Un recours globalement en hausse, mais inégalement réparti
En 2023, 1 enfant ou jeune sur 2 a consulté un cabinet dentaire en France. L’impact du programme M’T dents se fait particulièrement ressentir chez les enfants de 3 ans, avec une nette augmentation du premier recours grâce à l’élargissement du programme en 2019. Ce programme, mis en place en 2007, vise à favoriser la prévention par des examens pris en charge à 100% et dispensés de l’avance de frais. Toutefois, une forte baisse du recours est observée après 15 ans, période où les jeunes gagnent en autonomie.
Fig. 01 : 7% des enfants nés en 2009 ont eu un premier recours au cabinet dentaire à l’âge de 3 ans, 33% des enfants nés en 2016.
Dans la région des Pays de la Loire, la densité de professionnels de santé influence directement le suivi préventif. Par ailleurs, 28% des enfants de 6 à 9 ans bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire n’ont eu aucune visite de suivi préventif sur une période de 4 ans, contre 11% des non-bénéficiaires. Les disparités territoriales sont également notables, avec des taux de suivi variant de 6% à 28% selon les Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI).
Fig. 02 : taux de suivi en fonction de l’âge du patient en France et dans les Pays de la Loire.
Prévention et prophylaxie bucco-dentaire : des efforts encore insuffisants
L’étude souligne que la pose de vernis fluoré et le scellement des sillons, pourtant recommandés par la Haute Autorité de Santé (HAS), peinent à s’intégrer dans les pratiques courantes. Seul 1 enfant sur 10 ayant bénéficié d’un soin conservateur a également reçu un vernis fluoré, alors que cet acte est prouvé efficace en prévention des caries. De plus, seulement 6% des enfants de 6 à 9 ans ont bénéficié d’une pose de vernis en Pays de la Loire, un taux similaire à la moyenne nationale.
Fig. 03 : 33% des enfants nés en 2013 ont reçu un soin conservateur sans pose de vernis entre 6 et 9 ans.
Les recommandations de la HAS :
• Un examen bucco-dentaire recommandé tous les trois ans dès l’âge de 3 ans.
• La pose de vernis fluoré deux fois par an pour les enfants à risque carieux élevé.
• Le scellement des sillons pour les molaires permanentes, afin de prévenir les caries.
Soins conservateurs et extractions dentaires : des tendances contrastées
Une tendance à la baisse des soins conservateurs réalisés sur les premières molaires permanentes est observée, avec seulement 11% des enfants et jeunes de moins de 25 ans ayant bénéficié d’un soin conservateur en 2023. En revanche, les extractions dentaires restent relativement rares, tant au niveau régional que national, ce qui témoigne d’une amélioration globale de la prise en charge préventive.
Orthodontie : un suivi marqué par des disparités
Fig. 04 : 26% des enfants de 6-11 ans ont eu au moins une prestation d’orthodontie en 2023.
L’accès aux soins orthodontiques reste important, avec un adolescent sur deux (âgé de 12 à 15 ans) ayant bénéficié d’un traitement en 2023. L’étude révèle également une initiation plus fréquente des traitements par les chirurgiens-dentistes omnipraticiens et une tendance à l’augmentation du recours en Pays de la Loire, où 42% des enfants ayant démarré un traitement orthodontique en 2023 avaient entre 8 et 10 ans, contre 33% au niveau national.
Pistes d’amélioration et recommandations
Pour améliorer l’accès aux soins dentaires et renforcer la prévention, plusieurs leviers d’action peuvent être envisagés :
• Renforcer la sensibilisation des familles à l’importance du suivi dentaire dès le plus jeune âge.
• Faciliter l’accès aux soins préventifs par des campagnes locales et des dispositifs de prise en charge adaptés.
• Développer des initiatives ciblées pour les enfants issus de milieux défavorisés, notamment par des actions mobiles dans les zones sous-dotées.
• Former davantage les professionnels à la prévention et aux bonnes pratiques recommandées par la HAS.
Cette étude met en évidence l’impact positif des dispositifs de prévention sur le recours aux soins dentaires chez les enfants et les jeunes. Toutefois, des efforts restent nécessaires pour renforcer la prophylaxie bucco-dentaire et réduire les inégalités d’accès aux soins, notamment en fonction des déterminants socio-économiques et territoriaux. Les résultats de cette étude ont été présentés lors du XXVe colloque de Santé publique de l’UFSBD, en novembre 2024, dans le cadre du débat « Générations sans carie, tous acteurs dans nos cabinets ? », soulignant ainsi l’importance d’une mobilisation collective pour améliorer la santé bucco-dentaire des jeunes générations.
Accédez dès maintenant au compte rendu de l’étude et au rapport complet de l’ORS, de l’UFSBD et de l’URPS.