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Blandine Pont, étudiante en chirurgie dentaire et judokate de haut niveau

Interview Par Dentalespace le 08-09-2025

Concilier études en chirurgie dentaire et carrière sportive de haut niveau ? C’est le défi que relève chaque jour Blandine Pont, judokate de l’équipe de France et étudiante en 6è année d’odontologie.

 

Un double parcours entre sport et études

Dentalespace : Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours, à la fois sportif et scolaire ?
Blandine Pont (B.P.) :
Je m’appelle Blandine Pont (@blandinepnt sur Instagram), j’ai 26 ans et je fais partie de l’équipe de France de judo. Je suis championne de France et vice-championne d’Europe 2024 et j’ai gagné trois Grand Slam (compétition de judo international majeur organisée plusieurs fois dans l’année à Paris), et j’ai terminé 5è aux championnats du monde. En parallèle, je passe en 6è année de chirurgie dentaire, que je commencerai en septembre.

 

 

Dentalespace : Pourquoi as-tu choisi les études de chirurgie dentaire ? Est-ce que ton engagement sportif a joué un rôle ?
B.P. :
J’ai toujours été attirée par le milieu médical. Au départ, je pensais plutôt à la chirurgie cardiaque, mais avec le judo à haut niveau, ce n’était pas vraiment compatible… En terminale, j’ai fait un stage avec un chirurgien-dentiste de l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), ce qui m’a permis de découvrir ce métier. J’ai particulièrement apprécié l’aspect manuel et le contact humain. On se sent utile, on peut vraiment améliorer la qualité de vie des patients. C’est un métier complet, on ne s’ennuie jamais !

Après mon bac en 2016, j’ai fait une licence biomédicale, type AlterPACES, à l’université Paris-Descartes. Ensuite, j’ai passé le concours parallèle de médecine et j’ai été admise directement en 2è année de dentaire, après un oral devant un jury de chirurgiens-dentistes.
J’ai fait les années d’études pré-cliniques en un an, mais j’ai dû étaler les années cliniques sur 4 ans, au lieu de 2, pour pouvoir continuer le sport en parallèle.

 

S’organiser au quotidien : sport, stages, révisions

Dentalespace : Comment s’organise ton quotidien entre les cours, les révisions et les entraînements ?
B.P. :
Je m’entraîne deux fois par jour : 2h le matin tôt, puis 2h en fin d’après-midi. Il faut ajouter à ça les rendez-vous autour de la performance : kiné, médecin, suivi psy, diététique, récupération… On arrive vite à 5-6 heures par jour, voire plus, consacrées au sport.
J’essaie de caler mon travail à l’hôpital entre les entraînements, souvent le matin après la première séance ou en début d’après-midi. Pour les révisions, je fais ça le soir ou le week-end, quand j’ai un peu plus de temps.

 

Dentalespace : Comment as-tu réussi à concilier les deux parcours ? La fac t’a-t-elle soutenue ?
B.P. :
Quand je suis arrivée dans le milieu universitaire, l’accueil des sportifs de haut niveau n’était pas encore très développé. Mais ma faculté, l’Université Paris Cité, s’est montrée à l’écoute et ouverte, même si ce type de parcours restait encore assez rare. J’ai progressivement pu aménager mon emploi du temps : choisir mes groupes de TD et TP en fonction de mes entraînements, dédoubler mes années d’externat, obtenir des justifications d’absence pour les compétitions… C’est ce qui m’a permis de mener les deux projets de front.

 

 

B.P. : Je tiens d’ailleurs à remercier le Pr Laurence Jordan, le Pr Pierre Colon ainsi que le Pr Vianney Descroix, qui m’ont beaucoup soutenue tout au long de mon parcours. J’espère que ce type d’aménagements deviendra la norme, et que les Sportifs français de Haut Niveau (SHN) auront plus facilement accès aux études supérieures dans de bonnes conditions.

 

Dentalespace : Tu as créé une association dans ce but, non ?
B.P. :
Oui, l’association s’appelle TETETSPORT. L’objectif, c’est de sensibiliser les établissements et les institutions (comme le Ministère des Sports, celui de l’Enseignement supérieur, les universités ou les grandes écoles) aux besoins spécifiques des jeunes sportifs et de leur montrer que des parcours adaptés sont possibles. Par exemple, nous avons contribué à la création de la formation HEPTA, un bachelor en grande école conçu à 80 % en distanciel, pensé pour les athlètes de haut niveau.

 

On propose plusieurs pistes d’amélioration pour favoriser le double projet :
Des cours enregistrés accessibles en ligne
La possibilité de choisir ses groupes de TD/TP en fonction des entraînements
Des sessions de rattrapage d’examen en cas d’absence pour compétition
La mise en place d’un tuteur référent
L’étalement des années si besoin

 

Le but est que les sportifs ne soient pas obligés de renoncer à leur projet d’études à cause d’un manque de flexibilité.

 

Ce que le haut niveau apporte à la pratique médicale

Dentalespace : Est-ce que ton parcours de sportive t’apporte quelque chose dans ta future pratique de la dentisterie ?B.P. : Oui, clairement. En judo, on apprend à gérer la pression, à rester calme face à l’imprévu, et ça me sert déjà pendant les soins. Je suis aussi très rigoureuse dans ma pratique, toujours ponctuelle et sérieuse.
Le contact humain, c’est quelque chose qu’on développe beaucoup dans le sport : on voyage, on échange, on s’adapte. C’est une richesse que je retrouve aussi dans la relation avec les patients.

 

Dentalespace : As-tu un message à faire passer aux praticiens ?
B.P. :
Il y a des choses importantes à savoir lorsque l’on prend en charge des sportifs de haut niveau. Il faut faire particulièrement attention aux prescriptions, à cause des risques liés au dopage. Il faut également être vigilant sur le suivi préventif, car des problèmes dentaires peuvent surgir juste avant une compétition et vraiment venir perturber la performance.
Et si possible, il vaut mieux éviter certains soins trop proches d’un événement sportif : des douleurs post-opératoires peuvent avoir un vrai impact. Le suivi doit être anticipé autant que possible.

 

Objectifs à venir, entre Los Angeles et la thèse

Dentalespace : Comment vois-tu la suite de ta carrière, à la fois sportive et professionnelle ?
B.P. : À court terme, je veux aller chercher le maximum de titres, avec en ligne de mire les Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028. Côté études, je vais faire ma sixième année en deux ans et terminer ma thèse d’ici 2027. Après 2028, j’aimerais exercer comme chirurgien-dentiste, tout en continuant le judo si c’est encore possible.

 

 


 

Cet article vous est proposé par l’équipe de Dentalespace.
Retrouvez toutes nos interviews « double vies » sur Youtube : @DentalespaceTV

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