
Un lieu de soins peut-il servir d’antenne de détection de la radicalisation terroriste ?
Actualité Par Jean Vilanova le 01-09-2017En regard des textes qui régissent le secret médical et face à l’extraordinaire complexité du problème qui se pose aujourd’hui aux sociétés occidentales, telle n’est sans doute pas la solution.
En ce sens, les récents propos du ministre de l’Intérieur relatifs à une possible collaboration des psychiatres en vue de déceler les signes de radicalisation terroriste chez certains de leurs patients suscitent de la circonspection, voire une pointe d’hostilité de la part des soignants de terrain comme de l’institution ordinale.
Dans un rapport adopté en janvier 2017*, le Conseil national de l’Ordre des médecins estime que le signalement aux autorités par le praticien relève de sa responsabilité professionnelle et individuelle. C’est la conscience d’un danger imminent qui doit lui faire de franchir le pas, quitte ensuite, à fournir les éléments probants de justification.
Les dérogations possibles au secret médical existent déjà sans qu’il soit absolument nécessaire d’en ajouter d’autres. Ainsi l’article 223-6 du code pénal qui traite de l’obligation de signaler un danger potentiel dans les termes suivants :
« Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. »
Et il faut prendre garde à ne pas créer, dans l’opinion publique, un climat de suspicion qui tendrait à assimiler tout patient psychiatrique à un terroriste en puissance.
* Conseil national de l’Ordre des médecins. « Risque terroriste et secret professionnel du médecin » – Rapport adopté lors de la session de janvier 2017
Cet article a été rédigé par Jean Vilanova, extrait de la Newsletter La Médicale – Septembre 2017.