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L’opportune redéfinition du désert médical

Juridique - Droit Par Jean Vilanova le 12-04-2017

Le désert médical a longtemps et à juste titre été perçu comme un « désert tout court », dépourvu de services publics, de lieu de vie commune, de commerces. A ce stade, tout était simple. Le désert médical reflétait un abandon plus général de territoires.

Mais, avec le temps, une mutation a opéré. Et preuve s’il en était besoin de l’ampleur du phénomène ainsi que de sa préoccupante propension à s’étendre, le désert médical atteint désormais de nombreuses et larges zones  urbanisées. Le temps n’est plus au constat de visu mais bien à l’action.

 

desert-medical

Photo : https://www.jeanlucbleunven.fr/les-deserts-medicaux-une-realite-complexe/

 

Mais agir sur quoi ? Et comment ?

Pour traiter, il faut connaître, ce qui exige ici de s’extraire du seul rapport quantitatif entre le nombre de professionnels de santé répartis sur un territoire et la population qui y vit ; un rapport aujourd’hui totalement obsolète, chacun en conviendra.

C’est pourquoi, dans un communiqué récent*, le ministère de la Santé propose une nouvelle définition du désert médical à partir de quatre critères précis.

Ces critères portent sur :
• les besoins de soins en fonction de l’âge des habitants ;
• le temps d’accès par la route vers le médecin généraliste ;
• le volume d’activité des médecins ;
• l’âge de ces médecins afin de tenir compte des départs prévisibles en retraite.

A bien y réfléchir, ce nouveau cadre bouleverse la notion même de désert médical. Ainsi, deux territoires comptant le même nombre de médecins par habitant devront être abordés de façon différente si l’un deux, par exemple, se caractérise par une importante population de personnes âgées, davantage exposée à la maladie ou au handicap entraînant une forte demande vis-à-vis des médecins qui y exercent, donc une tension sur l’offre de soins.

Dans le premier cas, nous nous situons hors contexte de désert médical mais pas dans le second. D’ailleurs l’on pourrait tout autant additionner les dissymétries à partir des autres critères (accessibilité, âge…)

Assurer à l’ensemble de la patientèle un accès facilité aux soins, osons croire qu’il n’est plus personne pour imaginer que les moyens d’y parvenir se situent ailleurs qu’au plus près du terrain. Il appartient plus que jamais de laisser l’initiative aux acteurs locaux, en lien avec les ARS.

Maisons de santé pluri professionnelles, CESP, contrats de praticiens territoriaux de médecine générale, collaboration libérale, etc., il ne s’agit pas d’empiler en se précipitant les mesures mais de détecter, de façon raisonnée, celles qui offriront les meilleures réponses. D’où l’importance des actions « à la base ».

Reste que tout ceci aurait pu – aurait dû – être pensé bien plus tôt. Nous le déplorons à longueur de Newsletter ; comment les responsables ont-ils pu regarder se développer les déserts médicaux, sans réagir quand il le fallait ?  Aujourd’hui, il faut gérer l’urgence.

* Ministère des Affaires sociales et de la santé. Communiqué de presse du 10 mars 2017

Cet article a été rédigé par Jean Vilanova pour La Médicale.

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