
Patients dépendants : comment faciliter leur accès aux soins dentaires ?
Dentisterie solidaire Par La Médicale le 19-06-2018Les projections sont formelles. Et préoccupantes. Selon un rapport du Haut conseil du financement de la protection sociale, la France, en 2040, devrait compter entre 1,7 et 2,2 millions de personnes âgées dépendantes. Autant dire que l’anticipation est essentielle pour une meilleure prise en charge de nos aînés. Une nécessité qui n’a pas échappé aux représentants des chirurgiens-dentistes, tant ordinaux que syndicaux.
D’abord les chiffres.
Selon les estimations de l’INSEE, environ 6 à 10 millions de français n’ont, aujourd’hui, pas accès aux cabinets dentaires. Il s’agit le plus souvent de personnes en situation de handicap ou de précarité, mais aussi des personnes âgées dépendantes.
Pour faire face à cette réalité, la profession a déjà commencé à s’organiser. Ainsi, le Conseil de l’Ordre, dans un rapport publié l’hiver dernier*, dressait l’état des lieux des moyens existants pour la prise en charge de cette population spécifique, notamment la création d’une part du « référent handicap départemental » – dont le rôle est de flécher le parcours de soins des patients – et d’autre part, celle des cabinets dentaires installés au sein des Permanences d’accès aux soins de santé (PASS) odontologiques hospitalières ou associatives.
Reste que le nombre de ces dernières apparaît encore insuffisant. A titre d’exemple, sur la vingtaine de PASS de l’AP-HP en Île-de-France, seules trois concernent spécifiquement les soins bucco-dentaires (dans les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et le 13ème arrondissement de Paris). Et l’Ordre, de plaider, avec bon sens, pour un « meilleur maillage territorial », tout en souhaitant qu’à terme, toutes les personnes âgées qui rentrent en Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), « puissent bénéficier d’un bilan bucco-dentaire ».
La télémédecine en renfort
Une proposition qui, sous cette forme, soulève un certain scepticisme de la part du président de la Confédération nationale des soins dentaires. « Ce serait très compliqué à mettre en place. Dans chaque Ehpad, cela demanderait un investissement financier colossal », relève Thierry Soulié qui se déclare plutôt partisan d’un autre mode d’organisation, dans lequel ce seraient les assistants dentaires qui effectueraient des missions ponctuelles de diagnostic et de prévention en termes d’hygiène dentaire au sein des Ehpad. « La télémédecine peut aussi constituer une piste intéressante », poursuit le praticien, pour qui l’important est de parvenir à distinguer « l’urgence vraie de l’urgence supposée », pour ensuite procéder aux soins « au cabinet ».
Sur le terrain, les confrères semblent déjà avoir commencé à s’adapter pour répondre au défi de la prise en charge de la dépendance. En effet, selon les résultats de l’enquête ordinale de l’an passé, (à laquelle 3 586 praticiens ont répondu), près d’un chirurgien-dentiste sur trois soigne aujourd’hui des personnes âgées dépendantes et 43% ont un cabinet dont l’aménagement permet de les recevoir, tandis que 82% des dentistes qui interviennent dans des Ehpad sont des libéraux.
*Accès aux soins bucco-dentaires, rapport 2017, ONCD-Vigilance Thérapeutique
Cet article vous est proposé par La Médicale.