
Toujours plus de robots pour toujours moins d’humain ?
Actualité Par Jean Vilanova le 04-07-2017Les robots occupent aujourd’hui tous les terrains, y compris ceux du verbe et de l’écrit (scientifique, juridique, philosophique…) et l’auteur de ces lignes n’est pas le dernier à présenter ses propres pistes de réflexion en la matière ! Ainsi affirmions-nous il y a peu*, à rebours sans doute d’un discours euphorique assez partagé que les robots les plus sophistiqués n’en étaient pas moins dépourvus d’intelligence et que le qualificatif « artificiel » accolé à « intelligence » s’avérait trompeur ou, à tout le moins, mal choisi.
Pour autant, restons humble. En effet, c’est à Alan Turing, génie parmi les plus grands et bienfaiteur de l’humanité (qui lui a bien peu rendu…) que l’on doit les premiers travaux sur l’intelligence artificielle. Alan Turing croyait possible l’émergence à venir d’un robot doté d’une « conscience », donc d’une intelligence qui, selon nos critères n’aurait dès lors plus rien d’artificiel.
En d’autres termes, Alan Turing se saisit de l’intelligence artificielle pour très vite en démontrer les « limites » et se projeter au-delà d’elle, c’est-à-dire vers une forme d’intelligence se rapprochant de l’intelligence humaine.
De nos jours, des neuroscientifiques pensent que l’intelligence humaine repose sur un support biologique, donc « matériel ». Aussi, en écho à Alan Turing, peut-on imaginer une machine dotée d’une intelligence reposant elle aussi sur un support matériel, mais autre que biologique ?
Tout cela est vertigineux et la réflexion ouvre vers des chemins jamais explorés.
Quant à l’humain…
Sous nos latitudes, la liberté l’ennuie. Il ne sait plus qu’en faire. Alors il plonge avec délice dans le grand bain de la transgression en devenant sinon machine lui-même, du moins sujet de celle-ci sans, le plus souvent, parvenir à la dépasser. C’est bien là l’état de « l’homme augmenté » que l’on nous demande de vénérer, alors que par un extraordinaire effet d’illusion, cet homme augmenté n’est, en réalité, qu’un « homme diminué ».
Et hâtons-nous également d’abandonner nos livres et quitter nos proches quand bien même leur compagnie nous était tellement agréable et enrichissante car notre montre connectée nous somme d’aller accomplir nos 10 000 pas quotidiens !
Selon le philosophe Jean Baudrillard, ce qui différencie la machine de l’homme repose sur le fait que la machine n’éprouve pas de plaisir à vivre. Le risque existe bel et bien de voir l’homme se soumettre de façon excessive à son environnement technologique sacrifiant sa liberté au profit d’une illusoire tranquillité.
Sacrifier sa liberté, n’est-ce pas là un bien mauvais coup porté au plaisir à vivre ? Donc de faire de l’humain à son tour une sorte de machine ?
*Droit des robots : de la fiction à la réalité et de la réalité à l’impasse ?
Cet article a été rédigé par Jean Vilanova, extrait de la Newsletter La Médicale – Juin 2017.