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Urgences au cabinet : quelles recommandations appliquer ?

Actualité Par Inès Meisels le 24-03-2020

 

 

Extrait des recommandations du Collège National des Chirurgiens-Dentistes Universitaires en Santé Publique, disponibles en version complète ici.

 

Spécificités des soins dentaires

Compte tenu des caractéristiques propres aux soins dentaires, le risque de contamination au SARS-CoV-2 (dit Covid-19) entre praticiens et patients peut être élevé(8,9), d’autant plus que les contaminations par divers virus au cabinet dentaire sont généralement sous-évaluées car les périodes d’incubation peuvent être longues et le pathogène peut ne pas déclencher de symptômes(10). Ceci n’est pas le cas pour le Covid-19, pour lequel les données épidémiologiques, les symptômes et les conséquences en termes de santé publique ont été présentés.

En effet, pour une grande majorité des patients pris en charge, le chirurgien-dentiste pratique des gestes chirurgicaux invasifs avec un risque de contamination important, dû à la nature même de son activité. Les porte-instruments dynamiques génèrent des aérosols (air comprimé + eau à haute pression : 5 bars) pour refroidir les outils de coupe qui peuvent aller jusqu’à 800.000 tours/minute(11). Sous l’effet de la pression, les aérosols projetés dans la cavité buccale se contaminent au contact de la flore présente sur les surfaces dentaires et les muqueuses ainsi que par du sang, du pus, de la salive associés aux aérosols pulmonaires. Ainsi, même des pathogènes à diffusion hématogène (« bloodborne pathogens ») peuvent devenir à diffusion aéroportée (« airborne ») quand ils entrent en contact avec le spray généré par les instruments à haute vélocité du chirurgien-dentiste(8,12-14). De nombreux gestes de soins dentaires produisent des aérosols contaminés par divers virus(15).

On appelle classiquement « aérosols » des particules en suspension dans un gaz, comme par exemple des gouttelettes dans l’air(12). Ces gouttelettes dans les aérosols peuvent avoir des tailles variables, de moins de 5 µm (on les appelle alors droplet nuclei) jusqu’à 10 ou 20 µm. Au-delà, ce sont des gouttelettes qui ne restent en général pas en suspension dans l’air mais qui sont tout de même produites par les instruments dynamiques du chirurgien-dentiste. Les particules de moins de 5µm pénètrent directement les voies aériennes supérieures et progressent jusqu’aux espace alvéolaires pulmonaires(12).

Les voies de transmission du Covid-19 sont la transmission directe (toux, éternuements et inhalation de gouttelettes) et la transmission par contact des muqueuses nasales, buccales et oculaires. Des études ont montré que les virus respiratoires peuvent être transmis de personne à personne par contact direct ou indirect, à travers des gouttelettes de grande ou petite taille, et directement ou indirectement à travers la salive(9).

Pour des coronavirus (SARS-CoV et MERS-CoV par exemple), des voies de transmission aéroportées ont déjà été décrites, par le biais d’aérosols contenant des particules droplet nuclei-like(12,16), donc d’une taille inférieure à 5 µm. Ces voies, notamment lors de procédures médicales, ont été décrites également pour le Covid-19, dont la présence a été montrée dans la salive(9,17,18). Les masques chirurgicaux quant à eux ne protègent pas contre les agents infectieux transmissibles par voie aérienne de moins de 20 µm(12), voire même de moins de 5 µm(19). Les aérosols produits lors des soins dentaires sont projetés en dehors de la cavité buccale dans un rayon de 1,5m. De par la nature de ses soins, le visage du chirurgien-dentiste est souvent très proche (20 à 30 cm) de la source des projections et des voies respiratoires des patients, étant alors en contact très étroit avec ces particules aérosolisées pendant des périodes pouvant aller jusqu’à 30min pour la gestion d’une urgence.

Kampf et collaborateurs décrivent la survie du Coronavirus sur différents types de matériaux, où il peut rester infectieux de 2 heures à 9 jours(20).

 

Une estimation des professionnels ayant le plus de risques de contracter le Covid-19 place les chirurgiens-dentistes dans les 5 professions les plus exposées, avec les assistantes dentaires et les hygiénistes dentaires.

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