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Le MEOPA : une technique de prise en charge de la douleur et de l’anxiété

Anatomie - Anesthésie Par Marie DACQUIN RABANY le 30-08-2021

Introduction

La distinction entre anesthésie et sédation est purement théorique mais à connaître.
L’anesthésie générale est une dépression volontaire et contrôlée du système nerveux central par des moyens médicamenteux. Elle induit une perte des réflexes de protection et donc une perméabilité des Voies Aériennes Supérieures (VAS). Les signes vitaux sont donc monitorés et les mécanismes maintenus par des manœuvres spécifiques.

 

La sédation consciente est l’ensemble des moyens, médicamenteux ou non, qui permettent d’assurer un confort physique et/ou psychique au patient afin de faciliter ou permettre les soins. Le patient reste conscient de son entourage et peut interagir avec lui de manière physique ou verbale. Les réflexes de protection des VAS sont ainsi maintenus.

 

Explication

Le MEOPA est une technique utilisant l’inhalation d’un mélange équimolaire de protoxyde d’azote et d’oxygène disponible en bouteille prête à l’emploi. Il est une alternative sédative efficace pour la prise en charge des enfants dont la coopération à l’état vigile est insuffisante pour permettre le diagnostic et/ou le traitement malgré les techniques cognitivo–comportementales d’accompagnement.

 

Il est ainsi indiqué face à une anxiété modérée voir sévère, aux échecs de soins suspectés ou avérés, aux enfants très jeunes, aux urgences traumatiques ou douloureuses, aux patients présentant un déficit mental ou cognitif et aux patients à risque sur le plan médical dont les soins doivent être réalisés sous sédation pour prévenir toute exacerbation de leur pathologie et des soins dans les meilleures des conditions (pathologies cardiovasculaires par exemple).

 

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Fig. 01 : kit d’administration du MEOPA.

 

Cette sédation par inhalation est efficace dans les situations d’anxiété ou dans les situations de gestes anxiogènes et non dans les autres troubles du comportement !
L’anxiété doit donc être reconnue et évaluée par le praticien par exemple grâce à l’échelle de VENHAM. Chez le tout petit, l’anxiété se présente souvent à travers des mouvements constants des pieds de la tête ou des mains, des cris et/ou pleurs, des manifestations gestuelles de fuite et de régression mais aussi des réactions d’hyperémotivité.
Chez les plus grands on retrouvera plutôt un comportement timide (mutisme), d’impatience, provoquant voir agressif. Même si peu nombreuses, on fera attention aussi d’éviter toutes situations contre indiquées.

 

Le taux de succès global du MEOPA chez les patients est de 93 %. Il n’y a pas de différence de taux de succès entre les anxieux-phobiques et les déficients mentaux. La coopération du patient est améliorée de manière significative au cours des soins, l’anticipation du danger aussi ce qui permet d’éviter la confrontation continuelle avec le dentiste.

 

Le protoxyde d’azote étant un gaz très peu soluble dans le sang, il entraine un effet rapide (3 minutes) et réversible (5 minutes) après l’arrêt de l’inhalation. La durée d’action ne dépasse donc pas le temps de l’acte.
En mélange équimolaire, le protoxyde d’azote n’induit pas d’effet anesthésique réel, mais seulement un effet sédatif avec une légère somnolence et une relaxation musculaire entrainant une sensation de bien-être, un effet analgésique par une dépression du Système Nerveux Central et un effet amnésique évitant tout souvenir d’angoisse et douleur. Le peu d’effets indésirables en font un agent thérapeutique de choix !

 

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L’utilisation pour les soins dentaires dans les cabinets privés est très courante dans les pays d’Europe du Nord et aux États-Unis, mais encore presque inexistante jusqu’à peu en France. Il connaît actuellement un réel gain d’intérêt et de nombreux praticiens s’intéressent à cette technique.

 

Les formations théoriques et cliniques diplômantes agréées par le Conseil de l’Ordre ont été développées avec l’aide d’anesthésistes et de médecins spécialistes de la douleur. Celles-ci permettent, avec une AGFSU de niveau 2 à jour, de prétendre à l’inscription du tableau national des praticiens prescripteurs auprès de l’Ordre.
Le praticien ayant le droit d’exercer doit signer un contrat de location de bouteille de MEOPA avec un laboratoire dédié. Il faut également qu’il dispose du matériel nécessaire pour l’administration du gaz et d’une salle adaptée.

 

En revanche, la sédation consciente par inhalation de MEOPA ne requiert pas seulement une aide pharmacologique, elle doit toujours être accompagnée par une aide comportementale. Cette complémentarité implique que l’on prenne le temps de mettre en place l’accompagnement psycho-comportemental sans lequel les soins sont voués à l’échec. L’équipe soignante formée aide le patient à coopérer et à adhérer à la situation de soins en comprenant sa douleur et/ou sa peur et en s’adaptant, c’est ainsi que l’on crée une réelle alliance thérapeutique. La première séance, hors situation d’urgence, est ainsi consacrée à la rencontre de celui-ci, de son histoire… Le praticien, une fois l’intérêt établit, présente le système d’inhalation et les effets ressentis lors de la séance de soins (comme la distorsion des sons, l’euphorie…) afin de familiariser l’enfant et son entourage à cette sédation.

 

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La deuxième séance, le masque sélectionné est mis en place et doit être souvent maintenu pour assurer son étanchéité. Un masque nasal ou naso-buccal peut être utilisé, selon le mode de ventilation choisi. L’induction du MEOPA est rapide. Les soins peuvent commencer 3 à 5 minutes après le début de l’inhalation. La référence est le ballon qui se gonfle et se dégonfle régulièrement. Le ballon ne doit jamais être aplati à la fin d’une inspiration. En effet cela signifierait que le volume inhalé n’est pas suffisant. L’efficacité se traduit par une détente objectivable du patient, l’arrivée de fourmillements dans les mains et les pieds, une paresthésie péri-buccale. L’anesthésie locale est alors possible et facilitée. Lors de la poursuite de l’inhalation pendant les soins il faut maintenir une surveillance continue par un contact verbal et visuel avec l’enfant afin de vérifier son niveau de conscience, sa sudation, sa couleur de peau et surtout sa fréquence ventilatoire. À la fin de la séance on doit s’assurer que l’enfant recouvre son comportement initial.

 

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La sédation consciente par inhalation du MEOPA est souvent l’ultime recours avant l’anesthésie générale. Cette technique simple à la manipulation facile est sûre et efficace. Elle ne nécessite pas d’être à jeun et peut être potentialisée par l’utilisation d’une prémédication de type Valium ou Atarax. Son action est rapide (3 minutes) et réversible (5 minutes). Le produit n’engendre donc pas de lourdeur post-opératoire ce qui autorise le retour immédiat à sa journée en toute sécurité.

 

La réduction de l’anxiété est significative dès la première séance. La réussite de la séance est liée aussi à l’accompagnement psycho-comportementale mise en place en parallèle.
Cette prise en charge facilite l’accès aux soins dentaires pour un grand nombre de patients initialement réfractaires ou présentant une défiance. Le bénéfice est encore plus important lors de soins répétés, car il est possible d’attribuer un effet rémanent, thérapeutique de l’anxiété situationnelle. Cela donne la possibilité à ces patients de devenir acteurs de leurs propres soins en se réconciliant avec les soins dentaires. Ce qui ne se produit pas après une anesthésie générale, où la peur reste malheureusement intacte…
Les actes thérapeutiques réalisés dans ce cadre doivent toujours être prolongés par un programme personnalisé de prévention et un suivi régulier.

 


 

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