
Baromètre 2025 de la santé bucco-dentaire : les maladies parodontales
Santé parodontale Par Dentalespace le 21-07-2025Entretien croisé avec Céline Camilleri, Présidente de Haleon France et le Dr Ryma Chaouche, chirurgien-dentiste, Directrice des Relations avec les Professionnels de Santé chez Haleon France.
Le groupe Haleon a un portefeuille de produits de santé, principalement axés sur la santé bucco-dentaire, en particulier sur la sensibilité dentaire et les problèmes parodontaux. Haleon a contacté l’Union Française de la Santé Bucco-Dentaire (UFSBD) pour réaliser ensemble un baromètre axé sur les maladies parodontales.
Alors que la santé bucco-dentaire est de plus en plus reconnue comme un pilier de la santé générale, le Baromètre 2025 dresse un état des lieux préoccupant sur la prévalence et la méconnaissance des maladies parodontales en France. Basé sur deux enquêtes menées par l’Institut Ipsos, ce baromètre met en lumière un enjeu de santé publique majeur encore trop peu intégré dans les politiques de prévention.
La santé bucco-dentaire des Français
Dentalespace : Le baromètre Haleon-UFSBD dresse un état des lieux inédit de la santé bucco-dentaire des Français. Quels en sont, selon vous, les principaux enseignements ?
Céline Camilleri (C.C.) : Les maladies parodontales sont des affections bucco-dentaires qui touchent près d’un milliard de personnes dans le monde selon l’OMS. Pourtant, elles restent très mal connues en France.
Parmi les premiers constats du baromètre Haleon-UFSBD, deux chiffres interpellent :
• 85 % des Français interrogés méconnaissent les maladies parodontales, alors qu’elles sont fortement liées à des pathologies chroniques comme le diabète, l’hypertension ou les maladies cardiovasculaires.
• Les chirurgiens-dentistes, eux, sont unanimes : il est urgent d’instaurer une politique de santé publique dédiée à la prévention et à la prise en charge de ces maladies, en lien avec l’ensemble des professionnels de santé.
Les maladies parodontales
Dentalespace : Le constat que vous dressez sur les maladies parodontales est préoccupant. Comment expliquez-vous que ces maladies soient aussi méconnues des Français ?
Vous y voyez un enjeu de santé publique majeur et le principal sujet de santé bucco-dentaire chez l’adulte. Pourquoi est-ce aussi important ?
C.C. : Seulement un français sur cinq est correctement informé sur les maladies parodontales. Ce chiffre n’est pas très surprenant et s’explique en partie par les campagnes historiques de prévention, centrées sur la carie dès le plus jeune âge (l’initiative Génération Sans Carie et le programme M’T Dents).
Pendant longtemps, la prévention s’est concentrée sur la carie. Mais aujourd’hui, les adultes vieillissent avec leurs dents et les gardent plus longtemps, ce qui rend les maladies parodontales plus fréquentes.
Dr Ryma Chaouche (R.C.) : Les maladies parodontales sont aujourd’hui en forte progression et constituent un enjeu croissant de santé publique. Leur cause principale reste la mauvaise hygiène bucco-dentaire, favorisant l’accumulation de plaque dentaire, véritable facteur déclencheur de l’inflammation gingivale.
D’après le baromètre, 2 Français sur 3 rencontrent régulièrement des symptômes évocateurs de maladie parodontale : saignement des gencives, sensibilité dentinaire liée à la récession des gencives ou sensibilité des gencives.
Les patients souffrant de sensibilité gingivale ont souvent tendance à réduire, voire à éviter le brossage, par crainte de la douleur. Ce comportement aggrave progressivement leur état de santé bucco-dentaire, installant un cercle vicieux. À terme, cela peut conduire à une inflammation chronique, à une mobilité dentaire accrue, puis à un édentement partiel ou total.
Les conséquences dépassent alors le simple cadre buccal : troubles nutritionnels, altération de la qualité de vie, isolement social et impact direct sur l’état de santé général.
Les chirurgiens-dentistes observent un constat préoccupant : 82 % rencontrent souvent des patients qui saignent des gencives lorsqu’ils se brossent les dents. Ce symptôme, pourtant révélateur d’un déséquilibre inflammatoire, est généralement minimisé, voire ignoré par les patients. Or, il constitue un signal d’alerte essentiel. Il devient donc impératif de renforcer les messages de prévention, non seulement autour de la carie dentaire, mais également sur la santé du parodonte.
Au-delà de leurs répercussions esthétiques et de l’impact sur les interactions sociales, les maladies parodontales soulignent surtout le lien étroit entre santé bucco-dentaire et santé générale. De nombreuses affections chroniques, reconnues en tant qu’Affections de Longue Durée (ALD), entretiennent un lien bidirectionnel avec les pathologies parodontales.
C’est notamment le cas du diabète : une parodontite non traitée peut déséquilibrer le contrôle glycémique, tandis qu’un diabète mal contrôlé aggrave les atteintes parodontales. Ce lien s’étend aussi à d’autres pathologies systémiques telles que certaines cardiopathies, les maladies auto-immunes, le VIH ou encore les polyarthrites.
Les maladies parodontales touchent une part importante de la population, et certains profils sont particulièrement exposés : les fumeurs, les porteurs de prothèses dentaires et les femmes enceintes, particulièrement en raison des modifications hormonales.
Parmi ces trois groupes à risque, seules les femmes enceintes bénéficient actuellement d’un suivi médical renforcé, ce qui souligne l’urgence d’élargir les dispositifs de prévention et de repérage à l’ensemble des populations vulnérables. Il est donc nécessaire de sensibiliser l’ensemble de la population !
Les recommandations pour lutter contre ces maladies
Dentalespace : Vous formulez avec l’UFSBD cinq recommandations pour mieux lutter contre ces maladies. Le renforcement de la prévention apparaît au cœur des enjeux ?
Les chirurgiens-dentistes s’expriment aussi unanimement pour un renforcement de l’interdisciplinarité entre professionnels de santé. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C.C. : Haleon et l’UFSBD proposent un plan d’action articulé autour de trois axes : prévenir, collaborer, prendre en charge.
Mieux prévenir
Lancer une campagne nationale de sensibilisation grand public sur les maladies parodontales et leur lien avec les ALD, avec un focus sur les populations à risque.
L’UFSBD, soutenu par Haleon et le Ministère de la Santé, des Solidarités et des Familles, a déjà lancé un premier volet « On a tous une bonne raison de l’ouvrir ! », visant à encourager le rendez-vous annuel chez le chirurgien-dentiste.
Mieux collaborer
Former les professionnels de santé de proximité, notamment médecins généralistes et pharmaciens, pour améliorer le repérage des signes d’alerte et le conseil aux patients. Le rôle du pharmacien ou du médecin généraliste est sous-exploité dans la détection des pathologies bucco-dentaires.
Seuls 33 % des chirurgiens-dentistes reçoivent régulièrement des patients adressés par d’autres professionnels de santé. Le renforcement de l’interdisciplinarité pourrait passer par :
• Un renforcement de la formation continue via le DPC, avec l’intégration de modules d’hygiène bucco-dentaires élargis et approfondis ;
• L’intégration des chirurgiens-dentistes dans les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) ;
• L’amélioration des guides de bonnes pratiques destinés aux autres professionnels de santé, particulièrement les bilans préventifs en pharmacie.
Mieux prendre en charge
Proposer la mise en place de deux bilans parodontaux remboursés à 30 et 50 ans, d’abord via les complémentaires santé, puis à intégrer dans le panier de soins de l’Assurance Maladie.
Haleon au contact des chirurgiens-dentistes
Dentalespace : Quelles seront les prochaines étapes de ce projet ? En tant qu’acteur de la santé bucco-dentaire, quelles sont vos relations aujourd’hui avec les praticiens ?
R.C. : Acteur historique de la santé bucco-dentaire, Haleon s’est imposé comme pionnier dans la sensibilisation à l’hypersensibilité dentinaire, avec le lancement il y a plus de soixante ans de la première molécule destinée à soulager cette pathologie encore méconnue à l’époque.
L’entreprise s’est appuyée dès ses débuts sur les universités dentaires pour ancrer cette problématique dans l’enseignement, aux côtés des futurs professionnels de santé.
Aujourd’hui, un réseau de visiteurs médicaux couvre l’ensemble du territoire, en lien direct avec les cabinets dentaires, afin d’accompagner les praticiens dans leurs recommandations au fauteuil.
Présente dans les centres universitaires où les étudiants sont en contact direct avec les patients, la marque met à disposition des produits et des supports pédagogiques pour les initier à l’éducation à l’hygiène bucco-dentaire. Un enjeu majeur, lorsqu’on sait qu’à peine un tiers des Français respecte les deux minutes de brossage avec une méthode adéquate.
La proximité avec la profession s’illustre également lors des grands rendez-vous nationaux, tels que les congrès professionnels, qui permettent des échanges riches pour mieux comprendre les attentes des praticiens. Cette démarche s’inscrit dans une collaboration active avec les collèges d’enseignants en parodontologie et en odontologie conservatrice, en vue de développer des outils pédagogiques adaptés aux besoins du terrain.
Haleon est par ailleurs engagé aux côtés de sociétés savantes, comme l’UFSBD, et travaille depuis peu avec la SFPIO dans le prolongement du baromètre, afin de faire émerger un second axe de réflexion centré sur des propositions concrètes à destination des chirurgiens-dentistes.
Toutes ces initiatives seront détaillées lors du prochain congrès de l’ADF. Haleon y présentera ses innovations produits, ses actions de prévention et organisera une table ronde en partenariat avec l’UFSBD et la SFPIO, le jeudi 27 novembre à 12h30.
Retrouvez Haleon sur le stand ADF n°4M15, 4e étage du Palais des Congrès de Paris.
Pour découvrir l’intégralité du Baromètre de la santé bucco-dentaire établi par Haleon et l’UFSBD, cliquez ici !