Réinventer le collectif au cabinet dentaire

Règlement intérieur : piloter le cabinet dentaire à l’ère du collectif

Travailler à plusieurs, c’est conjuguer les talents… mais aussi harmoniser les fonctionnements.
Dans les cabinets dentaires modernes, le règlement intérieur n’est plus un simple outil administratif : c’est un instrument de gouvernance.
Face à la montée des structures pluridisciplinaires, à l’arrivée de jeunes associés et à la complexification de l’exercice libéral, il constitue un repère indispensable pour préserver la cohésion, la transparence et la performance collective.

Un document vivant au cœur du fonctionnement du cabinet

S’il reste facultatif sur le plan légal, le règlement intérieur complète les statuts en décrivant le fonctionnement quotidien du cabinet.
Là où les statuts fixent le cadre juridique, le règlement intérieur précise les règles de vie professionnelle :

• répartition des rôles,
• modalités de décision,
• gestion des absences,
• politique d’investissement,
• ou encore communication interne.

C’est un document vivant, évolutif, qui traduit la culture du cabinet et formalise les engagements de chacun.
De plus en plus d’Ordres départementaux exigent d’ailleurs de le présenter lors de la création d’une SEL, afin d’assurer la cohérence entre la structure juridique et le mode de fonctionnement réel.

Du praticien isolé à l’entreprise de soins

Le cabinet dentaire n’est plus seulement un lieu d’exercice libéral : c’est une entreprise de santé, avec ses enjeux humains, financiers et organisationnels.
Le règlement intérieur aide à en définir les fondations :

• règles de gouvernance et délégations,
• processus de décision (investissements, embauches, gestion du personnel),
• communication interne entre praticiens, assistantes et personnel administratif.

Cette mise au clair évite bien des incompréhensions et garantit une cohérence dans la prise de décision au quotidien.

Le collectif au service de la pluridisciplinarité

L’évolution vers des cabinets intégrant plusieurs spécialités (omnipratique, implantologie, orthodontie, pédodontie) impose d’organiser la mutualisation des moyens :

• la répartition des espaces et des fauteuils,
• l’utilisation du matériel commun,
• la répartition des charges et dépenses,
• et les protocoles de coordination (renvois de patients, dossiers partagés, communication entre spécialités).

En intégrant ces règles dès le départ, le cabinet évite les malentendus et fluidifie le parcours patient — un atout majeur pour la qualité du service rendu.

Intégrer la transition générationnelle

L’arrivée de jeunes praticiens, souvent issus des générations Y et Z, transforme la culture du travail au sein des cabinets.
Ces nouvelles générations recherchent plus de transparence, de flexibilité et de participation aux décisions.
Le règlement intérieur peut intégrer ces attentes en prévoyant :

• des règles claires de planification et de disponibilité,
• un accès équitable à la formation continue,
• et des engagements concrets sur la qualité de vie au travail.

C’est un outil de management positif, qui structure les relations tout en favorisant la motivation et la fidélisation des équipes.

L’équilibre entre confiance et contrôle

La confiance est le ciment de toute association, mais elle suppose des règles partagées.
Le règlement intérieur fixe les garde-fous :

• montants maximum des dépenses autorisées,
• procédures de recrutement et de départ,
• critères de rémunération,
• conditions de révision du document.

Ce cadre clair évite que les tensions ne naissent de malentendus et contribue à une gestion équitable pour tous les associés.

Un outil évolutif au service de la pérennité

Parce qu’un cabinet évolue, le règlement intérieur doit lui aussi s’adapter dans le temps.
Il peut préciser :

• sa durée de validité,
• les modalités de révision (majorité simple ou renforcée),
• et les procédures de départ ou d’intégration d’un associé (préavis, valorisation des parts, clauses d’agrément).

Actualisé régulièrement, il devient un outil de stabilité, garantissant la continuité du fonctionnement du cabinet malgré les évolutions de l’équipe.

Conclusion

Dans un environnement où les cabinets dentaires se professionnalisent, le règlement intérieur s’impose comme un pilier de cohésion et de performance.
Bien plus qu’un garde-fou, il incarne la maturité du cabinet, traduit ses valeurs et prévient les tensions futures.
Rédigé avec soin, partagé et mis à jour, il permet d’assurer une pratique collective efficace, sereine et tournée vers l’avenir.

Cet article vous est proposé par Julien Fraysse.