Cet article fait suite aux deux articles « Cancers de la cavité buccale et leurs traitements – Généralités et rappels » et « Les différents types de cancers de la cavité buccale et leurs traitements » réalisées par le Dr Stéphane Simart.
Les traitements des cancers de la cavité buccale font appel à 3 moyens thérapeutiques : la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. Ce chapitre a pour but d’exposer les principes et les modes d’action de chaque traitement, expliquant ainsi les effets secondaires et les séquelles, face auxquelles le chirurgien-dentiste peut être confronté.

Fig. 01.
La chirurgie
Avec la radiothérapie, la chirurgie est la méthode de choix, car elle consiste en l’exérèse totale de la tumeur. Elle est « l’arme de référence » et est indiquée pour des tumeurs bien circonscrites et techniquement abordables.
Cette chirurgie tumorale est presque toujours associée à une chirurgie ganglionnaire visant à s’assurer où éliminer une éventuelle extension lymphatique. Elle concernera des tissus mous (muqueuses, muscles, ganglions, peau) ou les tissus durs (mandibule, maxillaire) ou les deux associées.
Les indications
Indications tissus mous :
• Glossectomie.
• Exérèse d’une tumeur du plancher sans atteinte osseuse.
• Curage ganglionnaire.
Indications tissus durs associés aux tissus mous à la mandibule :
• Pelvi mandibulectomie non interruptrice : exérèse de la tumeur du plancher buccal avec une partie de la mandibule et avec conservation de la baguette basilaie de l’os.
• Pelvi mandibulectomie antérieure interruptrice : avec la tumeur du plancher, dans ce cas, on réalise l’exérèse totale du corps mandibulaire antérieur.
• Bucco-Pharyngectomie Trans-Maxillaire (BPTM) : à la suite d’une tumeur du RBMI (muqueuse de recouvrement de la branche montante du maxillaire inférieur), de la zone rétro molaire où de la commissure intermaxillaire, on réalise une hémimandibulectomie interruprice accompagnée de tissus mous atteints.
Fig. 02.
Indications tissus durs associés aux tissus mous au maxillaire :
Cette chirurgie s’adresse aux tumeurs du sinus maxillaire et aux carcinomes épidermoïdes nés de l’infrastructure. Cette exérèse concerne en général l’hémi section ou la section totale du maxillaire avec une partie plus ou moins importante du voile mou. Elle met en relation directe le rhinopharynx et le plancher de l’orbite avec la cavité buccale.
Fig. 03 : reconstruction mandibulaire par greffe libre de péroné.
Les séquelles
Les séquelles sont proportionnelles à l’étendue de l’exérèse.
La chirurgie aboutit à des pertes de substances nécessitant des réparations plus ou moins importantes. Les petites pertes de substance, comme pour une tumeur T1, ne nécessiteront pas d’apport tissulaire. A contrario, les grandes pertes feront appel à des lambeaux pédiculés comme le grand pectoral, le grand dorsal ou des lambeaux libres tels que des greffes de péroné pour la reconstruction mandibulaire. Ces lambeaux assurant la survie du patient, la restauration des fonctions et l’esthétique.
Certaines pertes de substance, comme la voûte palatine, feront appel à la prothèse maxillo-faciale. Dans ce cas, la chirurgie ne peut reconstruire cette perte de substance d’une manière satisfaisante. Les lambeaux assurent étalement la protection de la carotide si une radiothérapie complémentaire est indiquée.
Fig. 04.
La radiothérapie
La radiothérapie est l’utilisation des rayonnements ionisants dans un but thérapeutique. Avec la chirurgie, c’est la deuxième méthode locale de traitement des cancers de la cavité buccale.
L’endocuriethérapie
L’endocuriethérapie est une irradiation in situ : des aiguilles de césium 132 ou d’irridium (IR 192) radioactifs sont mis en place dans la tumeur. Ces aiguilles sont laissées en place 8 à 10 jours, délivrant environ 70 Grays. Les mucites peuvent être très invalidantes.
Fig. 05.
Fig. 06.
L’immunothérapie et la thérapie génie
À côté de la chimiothérapie « classique » s’est développée l’immunothérapie et la thérapie génie. Ces traitements pouvant s’associer à la chimiothérapie.
L’immunothérapie
L’immunothérapie est la stimulation du système immunitaire favorisant l’action de certains lymphocytes comme les LAK (Lymphocytes Activated Killer) et le TIL (Tumor Infiltrated Lymphocytes) contre la tumeur maligne.
On utilise l’interféron X et l’interleukine 2 qui sont des protéines appartenant à la classe des cytokines.
La thérapie génie
La thérapie génie consiste en une action sur le génome de la cellule tumorale, en introduisant soit un gène rendant la cellule sensible à des produits létaux, soit en introduisant des « gênes suicides » altérant le code génétique de la cellule.
Cet article vous est proposé par le Dr Stéphane Simart.
La première publication date de 2002.


















