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Diagnostic en orthodontie : coordination des professionnels de santé

le 16-06-2025

Le diagnostic en orthodontie

Le diagnostic en orthodontie ne doit pas se limiter aux observations squelettiques et dento-alvéolaires. La dimension médicale du traitement implique une prise en charge globale du patient.

Les causes des dysfonctions doivent être prises en compte au moins autant que les conséquences. Dès lors, il faut évoquer les diagnostics qui vont amener au plan de traitement du patient en tenant compte de l’âge de ce dernier. Il faut alors évoquer la notion de différents diagnostics servant à établir un diagnostic global.

 

Le diagnostic squelettique

Le diagnostic squelettique est effectué à l’aide d’un orthopantomogramme, appelé plus communément panoramique dentaire, et d’une téléradiographie de profil. L’analyse céphalométrique permet de mesurer avec précision les différents paramètres de la face tant au niveau des dents que des os. Ainsi, il est possible de quantifier les malocclusions et d’établir un plan de traitement individualisé, adapté à chaque patient.

 

diagnostic squelettique
Fig. 01 : exemple de téléradiographie de profil.

 

Des mesures d’angles anatomiques selon les différentes écoles sont réalisées sur chaque patient, ainsi, nous possédons une connaissance parfaite de la morphologie propre de chacun de nos patients.

On peut ajouter à ces deux clichés une radiographie du poignet permettant de préciser l’âge osseux du patient, intéressant lorsque l’on souhaite déterminer le moment le plus fort de la croissance du patient. Ce diagnostic squelettique permettra de déterminer le ou les décalages des bases osseuses par rapport au reste du crâne ou des bases entre elles.

 

Le diagnostic alvéolaire et dentaire

Le diagnostic alvéolaire et dentaire permet de déterminer les décalages des organes dentaires entre eux (DDD : Dysharmonies Dento-Dentaires) mais aussi des manques ou excès de l’os alvéolaire dans les trois plans de l’espace (DDM : Dysharmonies Dento-Maxillaire).
Ces mesures permettront notamment de déterminer les besoins potentiels d’extraction ou de réduction amélaire interproximale pour présenter un plan de traitement éclairé au patient.

 

Le diagnostic fonctionnel

Le diagnostic fonctionnel a souvent été délaissé ou effectué de façon succincte et mal exploitée par le passé mais il est d’une importance considérable ! Par l’analyse des fonctions de respiration, de déglutition, de phonation… on va permettre de comprendre les différents manques ou excès rencontrés dans l’analyse des diagnostics précédents.

 

La grande notion de la respiration

La fonction de respiration ou plutôt de ventilation est une des fonctions fondatrices de la construction du développement de la face et du reste du crâne.

Sans une ventilation nasale correcte, c’est-à-dire efficiente, permettant à un air frais de bonne qualité de parcourir les conduits nasaux et d’amener aux cellules, l’oxygène dont elles ont besoin, le développement du patient ne se fait pas de façon optimum. Les travaux du Dr Jean-Claude Talmant et du Pr Jean Delaire ont mis en évidence son importance.

 

Chez les patients dont la fonction respiratoire est déficitaire, le volume d’air de la ventilation nasale est faible, voire quasi nul. Ces patients présentent des narines minces, des cernes sous les yeux, une face souvent plus allongée, c’est-à-dire un manque de développement transversal.

 

diagnostic en orthodontie, faiblesse respiratoire nasale
Fig. 02 : visage très allongé d’une patiente en faiblesse respiratoire nasale et phonatoire.

 

Ces patients présentent le plus souvent sur le plan alvéolaire et dentaire une endoalvéolie ou parfois même d’une endognathie du ou des maxillaires. De même, ces profils de patients présentent le plus souvent une béance. Cette béance antérieure est due au fait que le patient ne respirant que très faiblement par le nez, il recherche une arrivée d’air par l’orifice buccal.

 

Lors des phases de déglutition, la langue s’interpose dans cet espace antérieur et entretient le phénomène d’ouverture. Les organes dentaires pourtant en développement chez le jeune enfant ne peuvent entrer en occlusion par les interpositions journalières linguales. Nous déglutissons entre 2500 et 3000 fois par jour !

 

béance antérieure due à la présence de la langue
Fig. 03 : patiente n°1, béance antérieure due à la présence de la langue en interposition lors de la déglutition.

 

béance antérieure très marquée
Fig. 04 : patiente n°2, béance antérieure très marquée chez une autre patiente avec déficience phonatoire et respiratoire.

 

Une des solutions thérapeutiques en orthodontie pour le rétablissement d’une occlusion dentaire physiologique est la prise en charge fonctionnelle du patient en amont ou en alternance avec des phases de traitement fixe.

Le port d’un Éducateur Fonctionnel (EF) associé à des exercices pour mémoriser la bonne position, permet le replacement de la langue dans les phases de déglutition mais également au repos. Cet appareillage léger permet également un centrage des milieux dentaires, une symétrisation des ATM. Il sera porté à la maison, pendant plusieurs heures et la nuit.

 

Educateur fonctionnel
Fig. 05 : port d’un éducateur fonctionnel (Orthoplus).

 

résultat après port d’un EFT sur un an
Fig. 06 : patiente n°1, résultat après port d’un EF T sur un an. La fermeture de la béance est obtenue. Il subsiste un décalage de milieux et l’occlusion latérale gauche est encore à améliorer.

 

résultat après un an de port d’EF
Fig. 07 : patient 2, résultat après un an de port d’EF. Le travail de coordination est ici primordial, la dyspraxie linguale n’est pas entièrement corrigée et la béance antérieure même réduite subsiste encore.

 

La coordination entre praticiens dans le cadre du traitement orthodontique

La coordination entre praticiens est primordiale dans tous les cas où les fonctions sont manquantes ou détériorées.
Pour l’éducation de la langue en déglutition, le travail de l’orthophoniste ou du kinésithérapeute est déterminant, amenant le patient à prendre « conscience » de la position linguale au repos comme en action.
L’éducateur fonctionnel étant un « positionneur » de la langue, il convient de compléter ces exercices de positionnement avec l’amélioration des réflexes de proprioception ou encore des perceptions en mastication par exemple.

 

La prise en charge du kinésithérapeute ou de l’orthophoniste

Comme il vient d’être dit, la béance traduit immanquablement une DDM associée avec une dysmorphose, mais surtout une dysfonction linguale par pulsion associée le plus souvent à une dysfonction ventilatoire par respiration buccale exclusive, particulièrement la nuit. Qu’elle soit générée ou non par une succion de tétine, de doigts, etc. elle sera toujours aggravée ou auto entretenue par la dysfonction linguale qui est soit causative, soit réactive.

 

béance dentaire, enfant suce son pouce
Fig. 08 : succion du pouce pouvant entrainer une dysharmonie dento-maxillaire.

 

Les dysmorphoses par aggravation des classes d’angle ne faisant qu’aggraver le tableau clinique. Elles peuvent être antérieures, latérales ou totales. Elles sont compliquées, non pas à traiter, mais surtout à stabiliser, car les béances récidivent dans 25 % des cas(1, 2).
Et lors de la prise en charge, un dilemme se révèle : l’orthodontiste a besoin d’une bonne maitrise fonctionnelle pour espérer stabiliser son traitement et le rééducateur a besoin d’avoir une fermeture des espaces pour espérer stabiliser ses fonctions.

 

La langue est la grande curieuse et tout espace sera comblé par elle, particulièrement la nuit, mais cela peut être aussi par l’interposition des lèvres ou du pouce. D’où le grand intérêt des EF (Éducation Fonctionnelle) pour favoriser cette obturation et cette mise à distance des dents de ces fonctions parasites.

 

Ces béances ont aussi et surtout des répercutions sur les capacités des patients à développer une mastication physiologique, ce qui peut affecter leur qualité de vie à court, moyen et long terme (Guedes et al. 2014).
Le traitement de la béance est donc un défi pour les praticiens en orthodontie(3).

 

La récidive des traitements actuels

Près de 25 % des traitements actuels récidivent parfois quelques jours après la fin du traitement(1, 2).
Mais pourquoi ?

 

Comme nous venons de le dire, la béance antérieure est généralement associée à une poussée de la langue et à une déglutition atypique(4). De nombreux auteurs ont étudié l’effet de la rééducation de la langue dans le traitement de la béance antérieure et ont montré son effet positif avec des récidives limitées(3, 5).

La rééducation de la langue est en effet un moyen reconnu de fermer la béance. Cependant, elle est profondément dépendante des compétences du praticien et du développement des nouvelles compétences fonctionnelles du patient dans des conditions anotomo-physiologiques très défavorables.

 

Béance, séance thérapie
Fig. 09 : rééducation de la langue dans le traitement de la béance antérieure.

 

Les écueils sont nombreux :
• L’assiduité quotidienne des patients,
• La rééducation diurne alors que le problème est nocturne,
• La rééducation en conscience pour des comportements automatiques et reflexes,
• La rééducation le plus souvent en position verticalisée, le plus souvent assis, alors que le comportement à éduquer est celui de d’un patient allongé…

Pour ces raisons non exhaustives, les EF sont des dispositifs de contention des fonctions dont l’efficacité est prouvée et sont à juste titre, une aide éducationnelle tout en étant une contention passive mais qui peut être aussi active comme nous allons le voir.
Mais il faut être prudent sur des aspects peu connus qui peuvent rendre caduque rapidement le résultat obtenu.

Education Fonctionnelle
Fig. 10 : exemple d’éducateur fonctionnel (Orthoplus).

 

Les raisons de la récidive et les précautions à prendre

L’Éducateur Fonctionnel (EF) permet de générer un guidage lingual mais pour autant pas forcément une déglutition mature et si celle-ci n’est pas contrôlée ou si elle est amplifiée par la crispation dentaire sous EF, elle peut augmenter la poussée de la langue d’où des récidives rapides après l’arrêt du traitement du fait du renforcement de ces pulsions sous EF.
D’ailleurs, il est à noter que cela arrive sur la mise en place d’EF en fin de traitement orthodontique sans béance, et de s’apercevoir de l’apparition d’une béance parés cette phase pour la raison que nous venons de décrire.

 

Pour cela une bonne éducation est nécessaire pour favoriser un comportement correct ou l’EF est bien utilisé comme un guide de la langue mais ou le patient va être éduqué pour ne surtout pas pousser la langue dans l’EF mais plutôt a utiliser celui-ci comme une stimulation sensorielle dont le but de réussir à déglutir, de préférence en position allongé, sans pulsion.

 

Ce dispositif buccal amovible doit être porté toute la nuit chez des jeunes patients en traitement orthodontique en veillant à l’établissement d’une déglutition mature dont il doit être pleinement conscient et pour cela il faut développer des aides qui se feront par un apprentissage avec EF sur un plan cognitif et comportemental.

Empêcher la langue de réaliser des pulsions sur l’EF est une bonne indication mais pour autant, il ne faut pas que le recul de langue vienne obstruer le carrefour aéro digestif et générer des TROS. Il faut chercher à développer un comportement basilingual à action verticale en favorisant la stabilisation tripodique antérieure et en recherchant une déglutition molarisée c’est-à-dire qui va se faire et se vivre au niveau des dernières molaires (comme si le patient cherchait à « rengorger la base de langue », comme quand on avale un gros morceau).

 

La présence de l’EF peut aider à cela à condition de le révéler au patient et à le conduire dans cette sensation et cette action et ne pas se contenter du simple effet guidant du dispositif, c’est un éducateur fonctionnel, certes, mais qui demande d’avoir une vision fonctionnaliste et comportementaliste. Ce qu’il faut chercher à obtenir c’est un comportement stable et verticalisé de la partie antérieure de la langue tout en ayant une augmentation de la perméabilité nasale, ce qui le but essentiel de nos traitements. Cela peut demander une prise en charge spécifique préliminaire au traitement par EF.

 

L’EF, dans le cas des béances antérieures, est une aide fonctionnelle précieuse car il modifie les caractéristiques fonctionnelles oropharyngées et les caractéristiques structurelles en empêchant la poussée de la langue tout en permettant aux arcades dentaires de se refermer. Ils améliorent probablement le tonus des muscles vélo-pharyngo-linguaux à condition de veiller à ce que cela ne produise pas d’effet iatrogène comme nous venons de l’expliquer.

 

Pose Education Fonctionnelle
Fig. 11 : mis en place d’un Éducateur Fonctionnel à un patient par un orthodontiste.

 

L’EF est mis en place par des orthodontistes pour l’indication des traitements de béance avec déglutition atypique et poussée de la langue. Le rééducateur complète cette indication par un bilan fonctionnel complet et global et renforce l’indication de ce traitement en donnant de nouvelles clefs de motivation, en facilitant son intégration, en surveillant la non iatrogénicité du dispositif.

Pour cela, les patients sont suivis, en début de prise en charge, à raison d’une séance par semaine et assez rapidement chaque mois avec, si possible, des photographies des dents intégrées dans le dossier du patient.
Le traitement par EF est de plus en plus associé à une fermeture de la béance antérieure. Cette fermeture peut être rapide mais encore faut-il qu’elle soit stable, d’où l’intérêt d’utiliser l’EF comme guide fonctionnel actif et de poursuivre le contrôle après la dépose.

 

Il nous semble essentiel de chercher à déléguer au patient ce contrôle si l’on a développé chez lui une capacité d’être fonctionnellement conscient de ses comportement bucco-linguaux et alors, dans ces conditions, le traitement est relativement rapide avec une fermeture complète qui peut être obtenue en quelques mois mais surtout avec une plus grande garantie de stabilité dans le temps.

 

Adolescent après béance
Fig. 12 : patient souriant après une correction des fonctions de la langue par l’EF.

 

L’EF guide la langue mais peut aussi être, dans les conditions décrites, un activateur fonctionnel empêchant passivement et activement les pulsions antérieures et pouvant, potentiellement, favoriser l’ouverture des voies aériennes supérieures et le développement d’une ventilation nasale nocturne.

En ce sens, l’EF est une aide précieuse pour le rééducateur fonctionnel mais est également un allié thérapeutique car il favorise la correction de la déglutition atypique tout en pouvant stimuler le contrôle de la langue au repos vers le palais. Cette nouvelle position empêche la langue de pousser et de s’interposer entre les dents antérieures tout d’abord passivement mais avec comme objectif un contrôle actif puis reflexe et automatique.
L’absence de poussée de la langue, d’avalement des lèvres, des para fonctions… sont les éléments essentiels favorisant la fermeture de la béance comme montré précédemment(2).

 

On peut considérer que la correction des fonctions de la langue par l’EF avec un appui des rééducateurs et la redirection des forces de la langue appliquées à l’intérieur de la bouche avec le dispositif, modifie rapidement la position des dents et la stabilisation du traitement pour éviter la récidive mais cela devra se faire avec un contrôle des acquis par le patient ainsi que par sa capacité à intégrer ses nouvelles fonctions et à observer toutes déviations, c’est à nous à lui remettre les clefs d’une autonomie possible, souhaitable et nécessaire.

 

Conclusion

La prise en charge des dysfonctions rencontrées en orthodontie doit être diagnostiquée et commencée le plus tôt possible. Ces dysfonctions peuvent alors être corrigées et permettre un développement plus physiologique de la face, du crâne, des maxillaires et organes dentaires.

 

Cette prise en charge précoce peut se faire à l’aide d’un éducateur fonctionnel (EF) comme nous l’avons montré. Les éducateurs fonctionnels de la marque Orthoplus sont aujourd’hui très aboutis. Les nombreux produits de la gamme permettent ainsi de répondre au plus grand nombre des dysfonctionnements rencontrés.

 

Les traitements chez les enfants et les adultes également montrent qu’en orthodontie, les notions posturales, repiratoires ou de déglutition prennent maintenant une place de plus en plus importante pour la réussite des traitements et le maintien de leur résultats dans le temps.

 

La notion de coordination entre plusieurs praticiens de la santé est indispensable et recommandée car elle permet des résultats plus rapides dans le temps mais également plus pérennes.
Les relations entre plusieurs praticiens montrent une prise en charge globale des problèmes rencontrés par les patients qui ne se cantonnent le plus souvent pas à un seul domaine et à une seule expérience professionnelle.

 

La corrélation entre la qualité, le succès et la pérennité de nos traitements est dépendante de cette relation étroite entre plusieurs compétences.
L’EF est un dispositif efficace pour fermer rapidement les béances antérieures mais nous n’avons, actuellement, aucune donnée concernant la stabilité de la fermeture.

 

Références bibliographiques

(1) G M. Greenlee, G J. Huang, S. Shih-Hsuan Chen, J. Chen, T. Koepsell, P. Hujoel – Stability of treatment for anterior open-bite malocclusion: a meta-analysis.
Am J Orthod Dentofacial Orthop. 2011 Feb;139(2):154-69.

(2) J-M. Foletti, G S. Antonarakis, C. Galant, D S. Courvoisier, P. Scolozzi – Is Atypical Swallowing Associated With Relapse in Orthognathic Patients? A Retrospective Study of 256 Patients.
Publication History:Received June 29, 2017;Published online September 15, 2017.

(3) J. Smithpeter, D. Covell – Relapse of anterior open bites treated with orthodontic appliances with and without orofacial myofunctional therapy.
Am J Orthod Dentofacial Orthop. 2010;137(5):60514.

(4) D. Burford, J H. NoarThe causes, diagnosis and treatment of anterior open bite.
Dent Update. 2003 Jun;30(5):235-41. doi: 10.12968/denu.2003.30.5.235.

(5) C. Van Dyck, A. Dekeyser, E. Vantricht, E. Manders, A. Goeleven, S. Fieuws, G. Willems – The effect of orofacial myofunctional treatment in children with anterior open bite and tongue dysfunction: a pilot study.
European Journal of Orthodontics, Volume 38, Issue 3, June 2016, Pages 227–234.

 


 

Cet article a été rédigé par le Dr Christophe KAZEK orthodontiste, en collaboration avec M. Frédéric VANPOULLE et Mme Marion GIRARD, tous deux kinésithérapeutes spécialisés en rééducation maxillo-faciale.
Cet article vous est proposé par Orthoplus.

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Le Carriere Motion® : une stratégie efficace pour la correction des classes 2

le 10-02-2025

La correction du sens antéro-postérieur a toujours été un challenge pour les orthodontistes soucieux de rétablir une occlusion fonctionnelle et stable. Cette correction intervient classiquement à un stade plus ou moins avancé dans le traitement et nécessite une forte coopération du patient à un moment qui n’est pas toujours propice. En effet, la motivation et la coopération diminuent au fur et à mesure que le traitement se déroule. Lorsque l’on sollicite le patient en fin de traitement pour le port d’élastiques intermaxillaires en vue de la correction de la classe 2, celui-ci est beaucoup moins perméable à juste titre (fig.01). La finition en bonne occlusion de classe 1 peut être alors compromise.

 

La philosophie du « Sagittal First » constitue un atout stratégique majeur. Elle est basée sur la transformation des classes 2 ou classes 3 en classe 1, en début du traitement, avant même la pose du multi-attaches ou de gouttières d’alignement. Une fois la classe 1 obtenue, le praticien poursuit le traitement avec tout type de dispositifs orthodontiques.

 

Carriere Motion®, tableau
Fig. 01 : comparaison des protocoles de traitement.

 

Le Carriere Motion® s’inscrit dans cette nouvelle approche avec une mise en place et des conditions d’utilisation simples.
Ce dispositif a une spécificité : l’utilisation d’une mécanique segmentée couplée à des élastiques intermaxillaires dès le jour de la pose sans que les arcades dentaires aient été préparées au préalable.

Le cas clinique présenté illustre l’efficacité du Carriere Motion® dans le cadre d’un traitement par gouttières d’alignement.

 

Cas clinique

Solenne, 14 ans.

Carriere Motion®, Cas clinique
Fig. 02 : à l’examen exobuccal, on note un profil rétrusif avec un étage inférieur diminué.

 

Carriere Motion®, Cas cliniqueCarriere Motion®,
Fig. 03 : au niveau endobucale, une malocclusion de classe 2 division 1 avec supraclusion marquée, un surplomb de 4 mm et une dysharmonie dento-maxillaire.

 

Fig 3 Carriere Motion® téléradiographie
Fig. 04 : la téléradiographie de profil confirme la classe 2 squelettique associée à une rétro-mandibulie.

 

Étape 1 : phase de Carriere Motion®

Le Carriere Motion® est installé à l’arcade maxillaire, la taille étant été choisie au préalable à l’aide de la réglette fournie avec le dispositif. Il est collé directement sur les faces vestibulaires des canines et premières molaires. Une gouttière thermoformée à l’arcade mandibulaire sera réalisée avec découpe bouton sur 36 et 46 et servira d’ancrage pour des élastiques intermaxillaires.

 

Carriere Motion®, pose
Fig. 05 : pose du Carriere Motion®.

 

Les tractions intermaxillaires s’étendent du crochet antérieur du Carriere Motion® positionné sur les canines aux boutons collés sur les premières molaires mandibulaires. La force utilisée sera de 6 oz (force 1) le premier mois et de 8 oz (force 2) les mois suivants jusqu’à l’obtention de la superclasse 1. L’hypercorrection est recherchée.

 

Étape 2 : phase de temporisation

La classe 1 est obtenue en 5 mois.

 

Carriere Motion®, correction de la classe 2Carriere Motion®, correction de la classe 2Carriere Motion®, amélioration du profilFig. 06 : correction de la classe 2 au bout de 5 mois, apparition de diastèmes antérieurs. Sur les radiographies, on note une amélioration du profil et une réduction du surplomb antérieur.

 

Carriere Motion®, élaboration du ClincheckCarriere Motion®, élaboration du ClincheckFig. 07 : la dépose du dispositif et la prise d’empreinte optique est réalisée pour la phase de traitement par gouttières d’alignement.

 

La phase de temporisation est réalisée au niveau de l’arcade maxillaire par une gouttière thermoformée réalisée le jour même de la dépose. Cette gouttière sera en port continu 22h sur 24 jusqu’à la reprise du traitement par les gouttières d’alignement de correction.

 

 

Étape 3 : phase de traitement par gouttières d’alignement

Le traitement est réalisé avec le système Invisalign® lite Package (14 aligneurs seulement) et sera suivi d’une phase de finition. L’utilisation de tractions intermaxillaire se poursuit dans les premières semaines pour éviter la perte d’ancrage et sera modulée en fonction des différentes étapes.

 

Carriere Motion®, étape de finitionEtape de finitionEtape de finitionFig. 08 : étape de finition.

 

La contention a été réalisée en fin de traitement à l’aide d’un fil collé aux deux arcades.

 

Carriere Motion®, vues endobuccales de fin de traitementCarriere Motion®, vues endobuccales de fin de traitementFig. 09 : vues endobuccales de fin de traitement.

 

On note une amélioration significative du profil et un sourire harmonieux.

 

amélioration significative du profilsourire harmonieuxsourire harmonieux
Fig. 10 : situation finale.

 

Conclusion

La correction précoce de la classe 2 sera plus rapide et plus prédictible avec le Carriere Motion®.
La correction des classes 2 peut se faire par gouttières d’alignement seules, mais nécessite alors un nombre conséquent de gouttières pour y parvenir.
Si nous cherchons à simplifier la difficulté de nos cas, avant même la phase multi-attaches ou gouttières d’alignement le Carriere Motion® est le dispositif de choix.
La remise en classe 1 précoce contribuerait vraisemblablement à une meilleure stabilité du sens sagittal, mais encore faut-il savoir la conserver ?

 


 

Cet article vous est proposé par le Dr Jacques-Yves ASSOR et Orthoplus.

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Analyse céphalométrique : points, lignes, plans et angles

le 07-10-2024

L’analyse céphalométrique est un examen permettant de mesurer avec précision les différents paramètres de la face, tant au niveau des dents que des os (basales et alvéolaires). Elle permet de quantifier les malocclusions et d’établir un diagnostic et un plan de traitement individualisé, adapté à chaque patient.

Le repérage des points anatomiques, des lignes, des plans et des mesures d’angles anatomiques sont réalisés sur chaque patient. Ainsi, nous possédons une connaissance parfaite de la morphologie propre de chacun de nos patients.

 

Les points médians

Fig. 01 : points céphalométriques réalisés avec le logiciel Cephio.

 

Ces points sont uniques et ont des dénominations bien précises :

 

• S : indique de l’image de la selle turcique.
• Na (qui signifie Nasion) : indique le point le plus antérieur de l’image de la suture fronto-nasale.
• ANS (aussi nommé ENA pour point Epine Nasale Antérieure) : indique le point le plus antérieur du prémaxillaire.
• PNS (aussi nommé ENP pour point Epine Nasale Postérieure) : indique le point le plus postérieur de l’image du palais secondaire.
• A (de DOWNS) : indique le point le plus postérieur de l’image de la concavité antérieur du prémaxillaire.
• Pr (qui signifie Prosthion) : indique le point le plus antérieur de l’image des procès alvéolaires supérieurs, entre les deux incisives centrales.
• I (point incisif supérieur) : indique le point le plus occlusal de l’image de l’incisive centrale supérieure.
• i (point incisif inférieur) : indique le point le plus occlusal de l’image des incisives inférieures
• id (point infradental ou point alvéolaire inférieur) : indique le point le plus antérieur de l’image des procès alvéolaires inférieurs entre les incisives centrales inférieures.
• B (de DOWNS) : indique le point le plus postérieur de l’image de la concavité antérieure de la symphyse mentonnière.
• Pog (qui signifie Pogonion) : indique le point le plus antérieur de l’image de la symphyse mentonnière.
• Me (qui signifie Menton) : indique le point le plus inférieur de l’image de la symphyse mentonnière.
• Gn (qui signifie Gnathion) : indique le point situé à mi-chemin entre Me-Pog.
• Ba (qui signifie Basion) : indique le point le plus inférieur de l’image du basi-occipital (ou point le plus antérieur du foramen magnum).
• P (aussi nommé PO pour Porion) : indique le point le plus supérieur de l’image du conduit auditif externe.
• GnCC (Gnathion Céphalométrique Construit) : indique le point situé à l’intersection du plan facial et du plan mandibulaire de DOWNS.

 


Fig. 02 :
le point Na, le plus antérieur de l’image de la suture fronto-nasale.


Fig. 03 :
le point ANS, le plus antérieur du prémaxillaire.


Fig. 04 :
le point PNS, le plus postérieur de l’image du palais secondaire.


Fig. 05 :
le point A, le plus postérieur de l’image de la concavité antérieur du prémaxillaire.


Fig. 06 :
le point I, le plus occlusal de l’image de l’incisive centrale supérieure.


Fig. 07 :
le point i, le plus occlusal de l’image des incisives inférieures.


Fig. 08 :
le point B, le plus postérieur de l’image de la concavité antérieure de la symphyse mentonnière.


Fig. 09 :
le point Pog, le plus antérieur de l’image de la symphyse mentonnière.


Fig. 10 :
le point Me, le plus inférieur de l’image de la symphyse mentonnière.


Fig. 11 :
le point Gn est situé à mi-chemin entre Me-Pog.


Fig. 12 :
le point Ba, le plus inférieur de l’image du basi-occipital.


Fig. 13 :
le point P, le plus supérieur de l’image du conduit auditif externe.


Fig. 14 :
le point GnCC est situé à l’intersection du plan facial et du plan mandibulaire de DOWNS.

 

Les points bilatéraux

Ces points sont doubles :
• Or (qui signifie Orbital) : indique le point le plus inférieur de l’image du rebord externe de l’orbite.
• Pt (qui signifie Point ptérygoïdien) : indique le point d’entrée du canal grand rond dans l’arrière-fond de la fosse ptérygo-maxillaire ou le point à mi-chemin entre le point le plus supérieur et le point le plus postérieur de l’image de la fente ptérygo-maxillaire.
• Co (qui signifie Condylien) : indique le point le plus supérieur de l’image du condyle mandibulaire.
• Go (qui signifie Gonion) : point situé à mi-chemin entre la partie postérieure et la partie inférieure de l’angle mandibulaire.


Fig. 15 :
le point Or, le plus inférieur de l’image du rebord externe de l’orbite.


Fig. 16 :
le point Pt, point d’entrée du canal grand rond dans l’arrière-fond de la fosse ptérygo-maxillaire ou point à mi-chemin entre le point le plus supérieur et le point le plus postérieur de l’image de la fente ptérygo-maxillaire.


Fig. 17 :
le point Go, point situé à mi-chemin entre la partie postérieure et la partie inférieure de l’angle mandibulaire.

 

Les plans horizontaux

Il existe 4 plans horizontaux lors d’une analyse céphalométrique :
• PHF (qui signifie Plan Horizontal de Francfort) : indique le plan qui passe par les deux porions et l’orbital gauche.
• Bispinal : indique le plan qui relie ENA à ENP. Ce plan est à peu près parallèle au PHF.
• Mandibulaire (de DOWNS) : indique le plan qui passe par Me et tangent dans la région de l’angle mandibulaire.
• Occlusal :
Steiner : indique le plan bissectant les recouvrements molaires et incisifs.
Ricketts : indique le plan bissectant les recouvrements molaires et canines ou molaires-prémolaires ou molaires-molaires temporaires. Ce plan permet de préciser où se situe la supraclusion (ou l’infraclusion) au niveau incisif.

 

Les lignes horizontales

En plus des 4 plans horizontaux présentés ci-dessus, on retrouve 2 lignes horizontales :
• S-Na : indique la ligne joignant S à Na.
• De la base du crâne : indique la ligne joignant Ba à Na.


Fig. 18 :
exemple de lignes horizontales.

 

Les plans verticaux

Facial : indique le plan qui passe par Pog et Na.
• Ramal : indique le plan tangent au rebord postérieur du ramus (branche montante de la mandibule).

 

Les lignes verticales

• De Mac Namara : cette ligne est perpendiculaire au PHF passant par Na.
• De la denture : cette ligne joint Pog à A.
• E (ligne d’esthétique) : cette ligne joint la pointe du nez cutané au pogonion cutané.
• PtV (axe ptérygoïdien vertical) : cette ligne est perpendiculaire au PHF et passant par le point le plus postérieur de l’image de la fente ptérygo-maxillaire.
• Y (axe Y de Brodie) : cette ligne joint S à Gn.
• Axe facial (de Ricketts) : cette ligne joint Pt à GnCC ; cette ligne représente, comme l’axe Y, l’axe général de la croissance de la face.


Fig. 19 :
lignes verticales.

 

Vous pouvez voir la présentation complète du Dr Olivier Sandid au format numérique.

 

Références bibliographiques

O. BouryL’analyse céphalométrique.
Site du cabinet d’orthodontie de Laon.

A. Lambert, O. Setbon, B. Salmon, V. Sebban – L’analyse céphalométrique.
[23-455-D-10] – Doi : 10.1016/S1283-0860(10)57179-3.

Points – Lignes – Plans.
Cecsmo, cours 6, traitement.

M. Rtibi, M. Nasfi, I. Medhioub, H. Gmati, A. Boughzela, A. ZinelabidineParticularité céphalométrique des enfants ou jeunes patients avec hypertrophie des tonsilles palatines.
Le courrier du dentiste, 2022.

Demande esthétique orthodontique du patient vieillissant

le 28-04-2024

Demande esthétique orthodontique du patient vieillissant.

Le sourire évolue avec l’âge. Les études sur le long terme le montrent.
Les dents vont tout d’abord changer de couleur et de forme. Elles sont moins lumineuses, leur couleur apparaît plus jaune. En ce qui concerne leur forme, l’émail va présenter une érosion variable. Et en fonction de la présence d’un guide antérieur agressif associé ou non à une parafonction type bruxisme, les signes d’attrition seront plus ou moins marqués.
Mais les dents vont également se déplacer. Ce phénomène est déjà connu des implantologistes qui se trouvent confrontés à la « croissance alvéolaire continue » des dents adjacentes à l’implant sur le long terme, avec pour conséquence une dégradation du sourire quand le secteur antérieur est concerné.

Ainsi, on observe fréquemment, en corrélation avec le vieillissement du visage, des mouvements dentoalvéolaires variables selon l’individu. Cela correspond à une contraction du périmètre d’arcade. Ce mouvement initié par une dérive mésiale des molaires se manifeste cliniquement par une réduction de la largeur intercanine par linguoversion. Et, il n’est pas rare de voir des adultes « âgés » pousser la porte des cabinets d’orthodontie pour des malpositions incisives. Le caractère évolutif du phénomène les inquiète.

En ce qui concerne le bas du visage, les lèvres se pincent et la lèvre supérieure s’allonge avec l’âge. Les incisives maxillaires deviennent de ce fait de moins en moins visibles contrairement aux mandibulaires, surtout au moment de l’élocution. Ces adultes vont voir apparaître, avec le temps, des irrégularités dans l’alignement avec des dents qui « sortent » en vestibulaire ou lingual du périmètre d’arcade, une égression relative des incisives mandibulaires. Dans certains cas, cette égression pourra entraîner un traumatisme incisif occlusal et ainsi créer l’apparition d’espaces antérieurs maxillaires.

Cette demande de l’adulte dit « âgé » s’inscrit dans le cadre d’une démarche esthétique croissante de la société actuelle ou correspond tout simplement à une démarche personnelle avec le désir de « s’entretenir ». Il est vrai que l’orthodontie de l’adulte a considérablement évolué. La prise en charge presque toujours inter-disciplinaire diffère de celle de l’enfant et de l’adolescent. La proposition de dispositifs orthodontiques invisibles, sur mesure et fiables, est aujourd’hui possible.


Nous allons illustrer ces propos avec le cas de Madame L., 62 ans. 

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Photo 1 : Madame L., 62 ans, dont le sourire s’est modifié avec l’âge
Photo 2 : Visibilité forte des incisives mandibulaires lors de l’élocution

A l’examen clinique, elle présente un encombrement incisivo-canin sévère à la mandibule et des malpositions antérieures maxillaires associés à des formes d’arcade en « V ».
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Photo 3 : Encombrement incisif mandibulaire sévère avec vestibuloposition de 31

Sur les vues intra-buccales occlusales et celles du sourire, on peut noter l’inclinaison linguale ou palatine des canines et de l’ensemble des incisives qui ont poussé à « sortir du cadre » les incisives centrales et particulièrement 31, que son praticien traitant pensait devoir extraire.

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Photo 4 à 6 : Les vues endobuccales avant traitement montrent une contraction antérieure des arcades dentaires avec une forme très en « V »

36 a dû être extraite pour des raisons endodontiques et doit être remplacée par une prothèse implanto-portée. Les molaires montrent des restaurations anciennes à l’amalgame, une couronne sur 46 dévitalisée et surtout des poches parodontales concernant le premier tiers (confirmé par un sondage parodontal). L’hygiène buccale est perfectible.

Elle ne présente cependant pas de problème fonctionnel. 28, en l’absence d’antagoniste, s’égresse.

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Photo 7 : Cliché panoramique avant traitement où l’on note l’absence de 36 qui doit être remplacée par une prothèse sur implant et l’égression de 28 qui n’a pas d’antagoniste.

Cette patiente, dont l’encombrement mandibulaire ne date pas d’hier, a par le passé refusé un traitement d’orthodontie par peur de la visibilité de l’appareil et de l’extraction de 31.

La dégradation de son état général dentaire avec la perte de 36 et sa prise de conscience de l’évolution physiologique lié à l’âge l’ont poussée à consulter à nouveau.

La décision a été prise de réaliser un assainissement parodontal préalablement à l’orthodontie, suivi d’une maintenance tous les 3-4 mois. Le choix de ne pas inclure les molaires a été fait compte tenu de l’absence de défaut de calage postérieur et de problème fonctionnel.

L’option thérapeutique d’extraction de 31 n’a pas été retenue. Il nous a paru plus judicieux de motiver notre patiente pour un traitement bimaxillaire afin de « déplier » les formes d’arcade antérieurement. Le gain d’espace est ainsi obtenu en grande partie par vestibulo-version, ou plutôt redressement des organes dentaires, corrigeant ainsi la contraction relative des périmètres d’arcade.

Un « stripping », ou réduction amélaire interproximale des espaces interdentaires incisivocanins de 0,5 mm, a également été réalisé dans la zone antérieure afin de minimiser l’apparition de triangles noirs papillaires, souvent de mise dans les situations de fort encombrement chez l’adulte.

La patiente a été appareillée aux deux arcades avec un dispositif lingual totalement individualisé à partir des prémolaires. Le traitement actif a duré 15 mois.

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Photo 8

Des contentions permanentes type fil collé sur les incisives et canines ont, ensuite, été posées aux deux arcades pour contenir le déplacement physiologique de la denture.

L’implant pour 36 a été posé conjointement au traitement d’orthodontie, cette zone n’ayant pas été modifiée.

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Figure 10bis Figure 11bis
Photos  9 à 11 : Les vues endobuccales après traitement montrent l’obtention d’un alignement par arrondissement des formes d’arcades sans extraction.

Les objectifs esthétique et fonctionnel définis préalablement avec l’équipe soignante et la patiente ont été atteints. Le résultat esthétique pourra toujours être amélioré avec un blanchiment et pourquoi pas, le remplacement de la prothèse sur 25.

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Photo 12 : Cliché panoramique après traitement

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Photos 13 à 15  : Photographies témoignant de l’amélioration esthétique du sourire de la patiente après traitement. L’alignement et le nivellement de la courbe de Spee à la mandibule rendent la visibilité des incisives mandibulaires lors de l’élocution plus agréable

CONCLUSION

La demande esthétique du patient vieillissant est une réalité que tout praticien traitant se doit de considérer. Elle correspond à une démarche personnelle et s’inscrit dans un contexte pluri-disciplinaire. Des options thérapeutiques pourront être ainsi proposées, alliant différentes disciplines dentaires. L’orthodontie de l’adulte a, en ce sens, évolué, rendant possible des objectifs individualisés, quelques fois même, sectorisés.

BIBLIOGRAPHIE

1 – Dager MM, McNamara JA, Baccetti T, Franchi L. Aging in the craniofacial complex. Angle Orthod. 2008;78:440-444.
2 – Harris EF. A longitudinal study of arch size and form in untreated adults. Am J Orthod Dentofacial Orthop. 1997;111:419-427.
3 – Muller C. Orthodontie linguale après 50 ans : enjeux et perspectives. In Orthodontie Linguale éd. Elsevier Masson, 2016, p.220-243.
4 – Pelosse JJ, Pernier C. Bases physiologiques propres à l’adulte Orthod Fr 2011;82(1):5-22. Epub 2011 Apr 4.
5 – Tsiopas N, Nilner M, Bondemark L, Bjerklin K. A 40 years follow-up of dental arch dimensions and incisor irregularity in adults. Eur J Orthod. 2013;35:230-235.

 


 

La 1ère publication de ce cas a été effectué en octobre 2018.

La surveillance à distance grâce à l’intelligence artificielle

le 21-06-2023

La surveillance à distance alimentée, par l’intelligence artificielle, présente des avantages indéniables. En effet, cela permet de gérer de manière proactive les traitements par aligneurs en conservant une vision claire de leur évolution, du début à la fin, plutôt que de se reposer uniquement sur les visites au cabinet.
Cette approche garantit que le traitement suit une trajectoire optimale et permet d’être instantanément alerté en cas de problèmes, afin d’agir rapidement et d’éviter toute détérioration.

Cette étude de cas illustre les avantages de l’utilisation de DentalMonitoring (DM) pour la surveillance à distance, en particulier pour favoriser une communication efficace et répondre aux préoccupations.
Dans ce cas précis, DM a pu établir une communication transparente avec une mère préoccupée par l’évolution du traitement de sa fille. Il a permis d’apaiser ses inquiétudes, de fournir à la patiente des instructions et des conseils appropriés pour relever les défis en toute sécurité. Mais également d’offrir un accompagnement positif pour maintenir la motivation et de réagir rapidement face à des situations urgentes.

 

Situation initiale 

 

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Fig. 01 : photos extra-orales et téléradiographie, début de traitement.

 

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Fig. 02 : photos intra-orales, début de traitement.

 

La jeune patiente enthousiaste, a été reçue en consultation à l’âge de 8 ans, sur recommandation de son praticien. Elle réside dans une zone géographique éloignée, nichée au cœur d’une région montagneuse, ce qui rend les déplacements vers le cabinet médical particulièrement contraignants.

Diagnostique squelettique : 
classe II
typologie normo-divergente

Diagnostic alvéolaire :
une endoalvéolie maxillaire
une Classe II molaire stade 3 en denture mixte
un surplomb de 3mm
un recouvrement de 4mm
un parodonte fin

Diagnostic fonctionnel :
une déglutition atypique avec projection linguale antérieure
présence une morsure palatine

Le traitement a été fait avec Invisalign First.

 

Fin de traitement 

 

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Fig. 03 : photos extra-orales et téléradiographie, fin de traitement.

 

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Fig. 04 : photos intra-orales, fin de traitement.

 

Résumé du traitement :
• 9 mois de traitement
• 6 rendez-vous au total
• 1 rendez-vous de suivi
• 1 rendez-vous d’urgence
33 scans DM
10 situations gérées à distance via l’application DM

 

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Fig. 05 : exemple d’une situation traitée à distance via DentalMonitoring.

 

Lors de son traitement, la patiente a fait part de ses préoccupations concernant les aligneurs qui ne tiennent plus correctement en place et une tendance à mâcher avec un articulé croisé antérieur.
En réponse, des instructions ont été fournies et un rendez-vous d’urgence a été fixé dans les 48h, la patiente  commençait à développer une occlusion bout à bout.

 

Conclusion

En tirant parti des capacités de DM, les divers problèmes ont été traités efficacement et en surveillance à distance, ne nécessitant qu’une seule visite d’urgence. La perte des dents de lait, qui a entraîné une inadaptation et une rupture de certains aligneurs, a été gérée avec succès grâce à des changements adaptés et à des ajustements de programmation de finition.

L’identification opportune et l’intervention proactive dans la progression vers une occlusion antérieure en quasi bout à bout ont permis d’interrompre le port d’élastiques au bon moment, évitant ainsi des complications.

La satisfaction exprimée par la patiente et sa mère souligne l’impact remarquable de DM dans leur parcours orthodontique. L’utilisation de cette technologie a non seulement facilité la prise en charge globale, mais elle a également permis d’obtenir un résultat optimal.

Cette étude de cas souligne les avantages significatifs de l’intégration de DentalMonitoring dans les traitements orthodontiques, favorisant la satisfaction des patients, une gestion efficace des traitements et des résultats positifs.

 

Vous voulez en savoir plus ? Cliquez ici.


 

Cet article vous est proposé par DentalMonitoring.

Traitement d’une dysharmonie dento-dentaire

le 31-05-2023

La demande esthétique de nos patients est de plus en plus importante, notamment à cause de l’image véhiculée par les réseaux sociaux. Certaines situations cliniques peuvent s’avérer plus complexes que celles habituellement présentées en formation ou sur des articles case reports. Il convient dans ce cadre au praticien d’avoir une transversalité de sa vision clinique afin d’allier l’ensemble de ses connaissance et de les mettre au service du patient.

 

Dans le cas que nous détaillons par la suite 4 disciplines vont être impliquées. Les trois premières seront purement dentaires, la quatrième, et non la moindre, sera paramédicale en faisant appel à des kinésithérapeutes maxillo-faciaux :
1 – L’orthodontie
2 – L’occlusodontologie
3 – L’odontologie conservatrice
4 – La rééducation maxillo-faciale

 

Présentation du cas clinique

Un patient d’une trentaine d’années se présente à notre consultation pour réaliser un alignement de ses dents. Il ne fume pas, ne révèle aucune contre-indication à l’orthodontie, ne prend pas de médicaments et ne présente pas de pathologie générale.

 

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Fig. 01 : situation initiale.

 

À l’examen clinique exobuccal, nous pouvons voir que le patient présente une lèvre inférieure pro éminente et un étage inférieur légèrement augmenté. Les muscles péri-orbiculaires sont toniques au niveau du sillon labio-mentonnier. À l’examen endobuccal, le patient présente une proalvéolie combinée à une classe III molaire. Les dents antérieures sont placées en articulé inversé.

 

Nous notons également une Dysharmonie Dento-Dentaire (DDD). Des espaces interdentaires sont présents et les dents mandibulaires présentent une vestibulo version modérée.
La langue est tonique et s’interpose entre les deux arcades lors de la déglutition.

Les faces linguales des dents ne présentent pas ou peu de tarte et l’hygiène du patient est bonne.
Aucune facette d’usure occlusale n’est à noter chez ce patient.
À son entretien semi-directif, il n’est pas diagnostiqué de respiration buccale nocturne, mais il reconnaît avoir plus de facilité à respirer par la bouche.

 

Le plan de traitement

Le plan de traitement proposé au patient sera décomposé comme suit :
Mise en place d’un traitement orthodontique par aligneurs afin de réduire les espaces interdentaires.
Rééducation maxillo-faciale à réaliser pendant toute la durée du traitement d’alignement afin de faire progresser la position de la langue et de donner plus facilement au patient un repère de positionnement avec sa gouttière.
Préparation de la phase de restauration afin d’harmoniser les volumes des dents à l’aide de restaurations adhésives collées de type facette.
Stabilisation à l’aide de contention collée mandibulaire et de contention amovible maxillaire et mandibulaire. Maintien régulier d’un suivi par un kinésithérapeute maxillo-facial afin d’anticiper une récidive de la position linguale.

 

Nous mettons en avant ici la proposition de Clincheck afin de répartir les espaces de manière harmonieuses dans le plan de traitement prothétique envisagé.

 

 
    
Fig. 02 : proposition de traitement Clincheck afin de répartir les espaces de manière harmonieuses.

 

Un wax-up numérique est réalisé en amont de la procédure afin de connaître la taille des restaurations à venir et la forme approximative des futures dents. Il est réalisé avant la prise d’empreinte comme élément motivationnel pour le patient et comme outil pré-diagnostique pour le praticien. L’étape du wax-up est cruciale pour la réussite prothétique.

Le plan de traitement se déroule en 20 gouttières portées, à raison de 22h par jour et changées tous les 15 jours. Le praticien se doit de revoir son patient à minima toutes les 8 semaines afin de s’assurer du bon suivi du mouvement dentaire à l’intérieur des gouttières.
Un « décrochage » serait synonyme d’un retard de mouvement et donnerait lieu à un port plus long (3 semaines au lieu de 2) de la gouttière en cours. Le patient est observant tout au long de la thérapeutique tant au niveau du port de son traitement d’alignement qu’au niveau du suivi de sa rééducation linguale.

 

     
Fig. 03 : situation clinique à 10 mois de traitement.

 

Après dix mois de traitement, une équilibration occlusale est engagée afin de stabiliser les appuis prémolo-molaires, gages de stabilité postérieure. On note un léger espace entre les 31/41 qui donnera lieu à un port de 15 jours supplémentaires de la dernière gouttière.

 

Une empreinte maxillaire est prise ce même jour afin de vérifier et d’affiner le wax-up initial. La forme des dents est légèrement réajustée sur ce projet prothétique final et la situation est validée numériquement par le patient dans un premier temps puis en bouche à l’aide d’un mockup en résine.

 

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Fig. 04 : réalisation de l’empreinte maxillaire.

 

Le mockup en résine, traduction clinique de notre prévisualisation numérique, nous sert de guide de préparation des facettes afin d’être le plus minimalement invasif.

Une difficulté à anticiper lors de nos préparations est la distance importante entre les dents à préparer. Ainsi pour donner un aspect naturel du profil d’émergence des dents et il faut éviter un aspect trop « carré » des facettes au niveau de la jonction dent/prothèse. Pour cela, une préparation sous gingivale est préconisée.

Cette préparation sous gingivale permet au prothésiste de placer de la céramique plus apicalement et maîtriser plus aisément le profil d’émergence prothétique.

 


Fig. 05 : analyse du parodonte du patient.

 

Le patient présente un parodonte très épais ce qui nous permet de réaliser une préparation sous-gingivale tout en préservant une qualité d’isolation et de préservation gingivale optimale.

 

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Fig. 06 : collage des facettes.

 

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Fig. 07 : résultat post-collage.

 

Une équilibration secondaire à la pose des facettes est également réalisée, afin d’ajuster au mieux le guide antérieur du patient.

 

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Fig. 08 : situation finale avec le creeping gingival autour des restaurations céramiques.

 

En fin de traitement prothétique et orthodontique, une contention filaire est mise en place à la mandibule et une contention amovible maxillaire et mandibulaire par gouttière est réalisée.

 


Fig. 09 : situation clinique avant et après traitement.

 

Remerciements aux prothésistes du laboratoire LE LABO et à Karine, mon assistante dentaire.

L’outil orthodontique, quel partenariat avec l’implantologie ?

le 15-05-2023

Le congrès Best of Implantology s’organise fin mars tous les ans à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de Paris. À cette occasion, des conférenciers de renom, français et internationaux, présentent pendant 15 minutes chacun leur sujet de prédilection, à la manière des conférences TEDx. Si vous avez manqué les éditions précédentes de cet événement, ne vous inquiétez pas, vous pourrez retrouver chaque mois une vidéo en replay dans notre rubrique Best of Implantology. Nous continuons cette série de conférences instructives avec cette vidéo du Dr Camille Melki, à propos du partenariat entre l’orthodontie et l’implantologie.

 

 

Au cours de sa présentation, le Dr Camille Melki a exposé plusieurs cas cliniques alliant l’orthodontie et l’implantologie, classés de façon croissante selon leur niveau de difficulté. Après avoir fait un état des lieux de l’évolution de l’orthodontie ces dernières années, elle met l’accent sur les éléments suivants :
• Les aligneurs transparents : des moyens de traitement efficaces sous certaines conditions.
• Les demandes de patients adultes (surtout les anciens porteurs de traitement multi-attaches à l’adolescence) pour des traitements par aligneurs.
• La prise en charge orthodontique de patients par les omnipraticiens.

 

L’optimisation des résultats esthétiques et fonctionnels des traitements dentaires est rendue possible grâce à une approche pluridisciplinaire de complémentarité, où les besoins et les demandes de chaque patient sont au cœur de la prise en charge. L’interaction entre les différentes spécialités en odontologie à savoir l’orthodontie, l’implantologie et l’omnipratique permet d’implémenter une approche centrée sur le patient, offrant une réponse personnalisée et adaptée à ses attentes.

 

Dans les cas cliniques visionnés au cours de la conférence, le recours à l’orthodontie pour ouvrir/fermer des espaces, redresser les axes dentaires et/ou corriger une occlusion dysfonctionnelle rend possible des traitements ( pose d’implant, réhabilitation prothétique, mise en esthétique…) qui auraient été inenvisageables sans l’intervention au préalable d’un orthodontiste.

 


Cette vidéo vous est proposée par Best of Implantology.

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Comment gérer alignement dentaire et réalisation de facettes ?

le 07-02-2023

La dentisterie minimalement invasive se démocratise de plus en plus au sein des cabinets d’omnipratique. Un accès facilité à des techniques d’alignement dentaire permet de préparer les positions dentaires aux futures restaurations prothétiques et les simulations numériques des wax-up de définir, en amont de la préparation, la future réalisation des restaurations/facettes.

La symbiose entre le praticien et le prothésiste prend tout son sens dans les communications préalables à la réalisation d’un cas clinique.
Par l’avènement du numérique dans les cabinets dentaires, la prévision est réalisée en amont, validée par le patient, réfléchie par l’équipe soignante et exécutée dans le dernier temps par chaque acteur du traitement(1).

La triade patient-praticien-prothésiste est essentielle dans la discussion préalable car elle permet de fixer les objectifs, les attentes et les contraintes techniques inhérentes à chacun.

 

Cas clinique

Une patiente âgée de 30 ans se présente à la consultation, elle est complexée par la proéminence de ses deux centrales lorsqu’elle sourit.

Suite à l’examen clinique, la patiente présente un biotype parodontal moyen, un espacement des dents mandibulaires 32 à 42.
Elle est en classe II molaire et canine à droite et à gauche. Il n’y a pas de restaurations prothétiques à noter en amont de la thérapeutique ainsi qu’aucune contre indication pour réaliser un traitement d’orthodontie.

 

fig-01-facettesFig. 01 : situation initiale.

 

fig-02-facettesFig. 02 : vue maxillaire et mandibulaire.

 

L’arcade mandibulaire, de part son espacement sur la partie antérieure de l’arcade et le désordre occlusal généré, nécessite un traitement orthodontique. L’option est évoquée avec la patiente et le choix s’arrête sur une thérapeutique par aligneurs invisibles.

L’arcade maxillaire est alignée en vue occlusale, aucun espacement est à noter mais le surplomb mérite d’être corrigé, ainsi que l’axe des 12, 11, 21, 22.
En effet la proéminence des incisives centrales maxillaires notée par la patiente ne se corrige pas totalement par la réalisation d’un alignement dentaire.
Les proportions et la forme des 12 et 22 sont en inadéquation avec la forme dictée par les incisives centrales(1).
La morphologie des incisives latérales est intégralement dépendante de la forme et des proportions des incisives centrales.

Dans cette dynamique, une discussion est engagée avec la patiente sur la nécessité de réaliser des facettes sur la 12 et 22 pour répondre entièrement à sa demande.

Dans un premier temps un traitement Invisalign est proposé en 12 gouttières pour fermer les espaces mandibulaires, rétablir une occlusion et un guide antérieur idéal. Le traitement aura pour but de rétablir l’axe des 11 et 21 dans un plan saglittal et préparer les 12 et 22 à la réalisation de facettes ultérieures afin de rattraper les défauts de forme et de proportion de ces dents(2).

 

Propositions Invisalign

Une parfaite compliance de la patiente a permis au traitement de se dérouler dans le temps initialement convenu. La précision du plan de traitement numérique nous permet d’obtenir une empreinte en fin de traitement identique à la proposition initialement faite par le logiciel ClinCheck d’Invisalign®.

 

Empreinte fin de traitement et facettes

À l’issue du traitement, des empreintes ainsi que des photos sont réalisées afin d’entamer la discussion sur le mock-up. Au cours de ces discussions, la pertinence des facettes apparait comme évidente.
Nous avons discuté de la pertinence de réaliser deux facettes sur les centrales mais cette proposition a été jugée peu adaptée à la demande et trop délabrante(3).

Nous fixons donc notre choix sur la proposition initiale de réaliser deux facettes sur la 12 et la 22.

 

fig-03-facettesFig. 03 : fin traitement Invisalign.

 

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fig-05-alignementFig. 04 : empreinte du sourire.

 

Un mock-up directeur de la préparation est réalisé et nous sert à concevoir la pénétration controlée.
La préparation est réalisée à l’aide de fraises calibrées en fonction de l’épaisseur préalablement fixée avec le prothésiste lors de l’édification du mock-up directeur. Le but est d’accomplir des préparations purement amélaires.

 

La pose des facettes

Un essayage des facettes est réalisé et des modifications sont demandées à l’équipe prothésiste. La difficulté a été de rendre identique l’axe des restaurations par rapport aux incisives centrales et lors de notre essayage, l’axe de la 12 restait vestibulé par rapport à notre attente. De même, le bombé distal de la 12 était trop proéminent(4).

Après les retouches réalisées par l’équipe prothétique, nous faisons un deuxième essayage et procédons au collage.

 

fig-06-facettesFig. 05 : facettes réalisées par le prothésiste.

 

fig-08-facettesFig. 06 : digue et etching.

 

Une digue est posée de la première prémolaire à la première prémolaire contro-latérale. Nous réalisons une ligature autour des 12, 11, 21, 22. Un crampon 212 modifié est appliqué en complément pour assurer une lecture idéale de la zone de jonction entre la facette et la dent.

Le collage est réalisé à l’aide de PANAVIA™ Veneer LC, permettant un temps de travail plus long et une sérénité lors du collage.

 

fig-09-alignementfig-10-facettesFig. 07 : situation finale.

 

Conclusion

L’utilisation des aligneurs invisibles permet à l’omnipraticien de répondre plus facilement à la demande croissante des patients pour réhabiliter leur sourire. Cependant, chez l’adulte, ils sont souvent complémentaires de thérapeutiques restauratrices qui se veulent de moins en moins invasives et dont la mise en œuvre est facilitée grâce à l’avènement du numérique.

 

Remerciements aux prothésistes Geoffrey Di Bacco et Julien Chesnot du laboratoire LE LABO.

 

Références bibliographiques

(1) Dong JK., Jin TH., Cho HW., Oh SC. – The esthetics of the smile: a review of some recent studies.
Int J Prosthodont. 1999 Jan-Feb;12(1):9-19. PMID: 10196823.

(2) Garcia PP., da Costa RG., Calgaro M., Ritter AV., Correr GM., da Cunha LF., Gonzaga CC. – Digital smile design and mock-up technique for esthetic treatment planning with porcelain laminate veneers.

J Conserv Dent. 2018 Juillet Août ;21(4):455-458.

(3) Alberton SB., Alberton V., de Carvalho RV. – Providing a harmonious smile with laminate veneers for a patient with peg-shaped lateral incisors.
J Conserv Dent. 2017 May-Jun;20(3):210-213. doi: 10.4103/0972-0707.218311. PMID: 29279628; PMCID: PMC5706325.

(4) Montero J., Gómez Polo C., Rosel E., Barrios R., Albaladejo A., López-Valverde A. – The role of personality traits in self-rated oral health and preferences for different types of flawed smiles.
J Oral Rehabil. 2016 Jan;43(1):39-50. doi: 10.1111/joor.12341. Epub 2015 Aug 30. PMID: 26333128.

Les corticotomies associées à la régénération osseuse guidée

le 14-09-2022

Un homme âgé de 45 ans sans antécédents médico-chirurgicaux, sans intoxication éthylo-tabagique, en cours de traitement orthodontique par multi-attaches est adressé par son orthodontiste pour une corticotomie du secteur incisivo-canin mandibulaire.

 

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Fig. 01 : situation clinique initiale.

 

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Fig. 02 : cone beam pré-opératoire, coupe axiale.

 

L’examen clinique rapporte une linguo-version et une supra-position de 31-32-42-41. Un phénotype gingival fin avec une faible hauteur de gencive kératinisée (< 2 mm) au niveau du secteur incisivo-canin mandibulaire associé à un faible indice de plaque. L’examen tomodensitométrique préopératoire (CBCT) montre un profil symphysaire « en goutte d’eau » selon l’analyse de Björk, avec une concavité vestibulaire et un couloir osseux étroit limitant les mouvements orthodontistes vestibulaires.

La décision est prise de réaliser les corticotomies vestibulaires de 33 à 43 avec une régénération osseuse guidée dans le même temps opératoire afin de ne pas retarder le traitement orthodontique. Une fois le traitement orthodontique finalisé, une greffe épithélio-conjonctive sera planifiée.

La corticotomie est réalisée au piezotome, par travées, parallèles entre elles, horizontales et verticales. Puis une régénération osseuse guidée (« Sticky bone » Biobank/I-PRF, membrane PRF) est associé.

 

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Fig. 03 : tracé des corticotomies vestibulaires.

 

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Fig. 04 : sticky bone Biobank/I-PRF.

 

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Fig. 05 : ROG vestibulaire.

 

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Fig. 06 : cone beam post-opératoire immédiat, coupe axiale.

 

L’activation orthodontique des incisives mandibulaires est réalisée dans la semaine qui suit l’intervention. Le contrôle à 2 semaines montre une cicatrisation gingivo-muqueuse favorable, une absence d’exposition du biomatériau et absence de symptomatologie.

 

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Fig. 07 : situation clinique post-opératoire immédiate.

 

Le contrôle à 1 mois montre une ingression et un repositionnement dans le couloir dentaire des incisives mandibulaires. Le contrôle à 3 mois montre un volume osseux vestibulaire maintenu à l’examen cone beam.

 

fig06-corticotomies

Fig. 08 : situation clinique 1 mois post-opératoire.

 

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Fig. 09 : cone beam post-opératoire à 6 mois, coupe axiale.

 

fig10-corticotomies

fig10bis-corticotomies

Fig. 10 : comparaison entre la situation initiale et le résultat final.

 

Discussion

Les déplacements orthodontiques des incisives en dehors du couloir osseux alvéolaire pourraient être associés à une tendance plus importante à développer des récessions gingivales(1).

La réalisation de corticotomies en association au traitement orthodontique chez l’adulte peut permettre une accélération du mouvement orthodontique(2) et une réduction du temps de traitement d’un tiers par rapport à un traitement orthodontique conventionnel(3).

L’orthodontie assistée par corticotomie n’entraîne pas de complication majeure de type résorption radiculaire, lésion periodontale ou atteinte pulpaire en comparaison avec un traitement orthodontique conventionnel(4).

L’association d’une greffe osseuse lors de corticotomies permet de maintenir un recouvrement osseux des racines dentaires alors des mouvements d’expansion(5) et permettrait d’augmenter la densité osseuse(6).

 

Conclusion

La corticotomie semble être une thérapeutique pouvant réduire la durée du traitement orthodontique. Son association à une technique de ROG permettrait d’éviter les phénomènes de résorption osseuse et de récession gingivale dans les secteurs incisifs en réduisant la perte de densité osseuse lié au déplacement dentaire orthodontique. Néanmoins, des études prospectives et histologiques seraient nécessaires afin de confirmer cette hypothèse.

 

Références bibliographiques

(1) Joss-Vassali et al. – Orthod Craniofac Res 2010;13:127–141
(2) Apalimova et al. – Heliyon 6 (2020) e04013
(3) Cano et al. – J Clin Exp Dent. 2012;4(1):e54-59
(4) Apalimova et al. – Heliyon 6 (2020) e04013
(5) Cano et al. – J Clin Exp Dent. 2012;4(1):e54-59
(6) Apalimova et al. – Heliyon 6 (2020) e04013

 

Auteur : Dr Adel Hamdani
Co-auteurs : Dr Aurélien Bos, Dr Aurélie Mailloux

 

photo-adel-hamdaniDr Adel Hamdani

Co-fondateur PH Training
Chef de clinique en chirurgie orale à l’Université Paris Cité/Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière – Charles Foix
Attaché hospitalier, Hôpital Max Fourestier
Pratique privée
Service de médecine bucco-dentaire Charles Foix (@aphp.odonto sur Instagram).

 


 


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Pourquoi utiliser un appareil orthodontique sur-mesure ?

le 10-03-2022

Introduction

Il y a actuellement un essor de l’orthodontie chez l’adulte, du jeune adulte jusqu’au senior. L’évolution des techniques orthodontiques esthétiques a contribué à cet essor et nous recevons donc de plus en plus d’adultes qui souhaitent bénéficier d’un traitement orthodontique dans nos cabinets.

 

Le plus souvent, les adultes ont déjà un « passé » au niveau bucco-dentaire comme des usures dentaires, la présence de restaurations et de prothèses dentaires ou un environnement parodontal altéré. Il y a donc une plus grande variabilité de l’état bucco-dentaire chez les adultes que chez les adolescents et nos traitements doivent par conséquent être adaptés. Pour obtenir un résultat idéal, il faut utiliser un appareil orthodontique individualisé, s’adaptant d’une part à la morphologie dentaire et d’autre part, aux déplacements dentaires souhaités.

Les appareils orthodontiques fixes sur le marché associant des attaches et des arcs totalement individualisés sont tous en technique linguale, c’est pourquoi nous allons développer leurs avantages et leurs intérêts pour obtenir le meilleur résultat de traitement possible.

 

Précision du résultat orthodontique

Appareil anatomique

Une attache orthodontique sur-mesure anatomique (bracket ou tube) épouse parfaitement la forme et l’aspect de la surface dentaire sur laquelle il est collé. Il est donc adapté seulement à une surface dentaire d’un patient donné, contrairement aux attaches conventionnelles dont la forme est standardisée et qui sont identiques pour tous les patients. Les attaches conventionnelles sont réalisées à partir d’une forme de dent moyenne, mais cela correspond seulement à un faible pourcentage de nos patients. Ceci est encore plus vrai chez les adultes car les variations individuelles augmentent avec l’âge. Il faut donc s’adapter aux spécificités de forme et de taille de leurs dents afin de délivrer un résultat optimal d’alignement, d’occlusion et d’esthétique(1).

 

Avec l’âge, l’état de surface des dents peut être altéré : on rencontre souvent une diminution des macro-textures qui sont des reliefs formés de concavités et de convexités.(2)
L’utilisation de brackets anatomiques épousant les irrégularités de surface de chaque dent augmente l’adhésion et le confort.

 

La réalisation d’une attache anatomique nécessite une empreinte précise des surfaces dentaires grâce à un appareil d’empreinte optique ou une empreinte au silicone en deux temps. Les bases des attaches doivent épouser la forme et les irrégularités des surfaces des dents. L’empreinte doit être le miroir des plus petites aspérités comme des plus grandes caractéristiques afin d’obtenir une adaptation parfaite.

 

Une fois l’empreinte obtenue, il faut réaliser une base adaptée à la surface dentaire grâce à des étapes de laboratoire (modélisation informatique, adaptation manuelle, etc.). Puis, le transfert de l’attache doit être réalisé de manière très précise sur la surface dentaire du patient car il est inutile d’avoir une base anatomique si elle n’est pas placée au bon endroit. Ceci impose un collage indirect des attaches sur les surfaces dentaires du patient, le plus souvent grâce à une gouttière.

 

Appareil informé

Un appareil orthodontique informé signifie que les informations de positionnement des dents dans les trois ordres sont comprises dans l’appareil. Les informations sont contenues dans les attaches et/ou dans les arcs orthodontiques grâce à la réalisation d’un set-up. Un set-up est une simulation du résultat du traitement où chaque dent du patient est positionnée de manière idéale dans les trois sens de l’espace.

Le set-up peut-être physique (modèle en plâtre) ou numérique. Il est indispensable à l’obtention d’un appareil totalement individualisé.

 

Photo-1-Article-Orthodontie-sur-mesure-Ons-AlouiniFig. 01 : exemple d’un set-up physique réalisé en plâtre et numérisé (WIN, DW Lingual Systems, Bad Essen, Allemagne).

 

Pour qu’un appareil orthodontique totalement individualisé soit efficace, il faut que les arcs orthodontiques soient capables de délivrer les forces nécessaires à l’expression des informations contenues dans l’appareil. Une très grande précision des dimensions des gorges des brackets et de celles des arcs est nécessaire. Il existe un protocole de traitement, décrit en orthodontie linguale individualisée, adapté à tous les déplacements dentaires souhaités. Lorsqu’il est suivi rigoureusement, le traitement orthodontique est bien mené et il est aisé d’obtenir des résultats très similaires au set-up.(3)

Les attaches anatomiques couplées à des arcs orthodontiques individualisés permettent à l’appareil d’avoir un profil plus plat que les appareils conventionnels car ils suivent la forme d’arcade au plus près. Cela permet une adaptation plus facile au niveau de la langue, notamment lors de la mastication et de la phonation. Le confort du patient n’en sera que meilleur ce qui est indispensable.(4)

 

Fig. 02 : appareil orthodontique lingual totalement individualisé (WIN, DW Lingual Systems, Bad Essen, Allemagne) : les attaches et l’arc sont sur-mesure, ce qui permet à l’appareil d’épouser parfaitement la forme d’arcade.

 

Orthodontie et esthétique du sourire

Le motif de consultation le plus fréquent en orthodontie est une esthétique du sourire altérée. Il faut donc être attentif à la morphologie et l’environnement parodontal des dents antérieures afin d’anticiper le résultat de l’alignement. Dans les cas d’usures dentaires (érosion, attrition et abrasion) retrouvées fréquemment chez l’adulte, il y a une altération de la forme des dents. Il faut donc que les attaches orthodontiques s’adaptent aux formes des dents car des attaches conventionnelles n’auront pas de positionnement idéal sur des surfaces dentaires inadaptées et ne permettront pas d’exprimer les mouvements orthodontiques souhaités.

 

Il est important de déterminer le résultat esthétique final souhaité selon les éventuelles restaurations, améloplasties ou modifications gingivales à réaliser en fin de traitement. La planification avec le chirurgien-dentiste qui réalisera ces soins est indispensable avant de débuter le traitement. Souvent, il faut choisir l’alignement des bords libres des dents antérieures ou l’alignement des collets gingivaux des dents.

 

Pour un résultat esthétique optimal, la ligne des collets gingivaux, les bords libres incisifs et la lèvre inférieure doivent être parallèles. L’orthodontiste doit donner toutes les informations nécessaires au laboratoire pour la réalisation du set-up. Pour chaque patient, il faut déterminer s’il est plus judicieux d’aligner les collets ou les bords libres afin d’avoir le meilleur résultat esthétique possible. Les usures dentaires entraînent des différences de hauteur et d’épaisseur et rendent très difficile l’obtention d’un alignement correct. La réalisation d’un set-up ainsi que l’utilisation d’attaches orthodontiques individualisées permettent de choisir la bonne solution de traitement pour obtenir un résultat satisfaisant.

 

Photo-3-Article-Orthodontie-sur-mesure-Ons-AlouiniFig. 03 : patiente présentant une dysharmonie de la ligne des collets maxillaire avant le traitement d’orthodontie ainsi que des usures au niveau des bords libres de 11 et 21. Il est décidé d’aligner les collets des dents grâce au traitement d’orthodontie. Les dents 11 et 21 sont allongées grâce à des composites pendant le traitement d’orthodontie en technique linguale pour améliorer l’esthétique du sourire en masquant la différence de hauteur entre les incisives centrales trop courtes et les incisives latérales maxillaires. Puis, après le traitement orthodontique, des facettes au niveau des incisives maxillaires permettent d’obtenir un sourire harmonieux. (Courtoisie : Dr. Christine Muller; orthodontie : Dr. Christine Muller; restaurations et prothèses : Dr. Michael Uzan)

 

Photo-3-Article-Orthodontie-sur-mesure-Ons-AlouiniFig. 04 : patient présentant une dysharmonie du sourire.


Ce patient présente une dysharmonie des contours gingivaux (ligne des collets) car la jonction dent-gencive n’est pas à la même hauteur au niveau de la 12 et de la 22. Il y a également des usures dentaires qui rendent la ligne des bords libres dysharmonieuse. Les hauteurs coronaires de la 12 et la 22 sont différentes. Avant le traitement, il faut indiquer au laboratoire les directives pour la réalisation du set-up.

Dans ce cas, il a été décidé de réaliser une gingivectomie au niveau de la 22 en fin de traitement ainsi qu’une greffe parodontale de recouvrement au niveau de la 23. Il a donc été demandé au laboratoire d’aligner les bords libres des dents et de ne pas tenir compte de la position des collets qui sera corrigée après la phase orthodontique (WIN, DW Lingual Systems, Bad Essen, Allemagne).

 

Amélioration de l’environnement parodontal

Récessions parodontales

Un mauvais placement d’une racine dentaire par rapport à son environnement osseux est un facteur de risque très important des récessions parodontales. Une partie de la racine dentaire est en dehors de l’alvéole osseuse, une greffe gingivale de recouvrement peut alors être indiquée. Le succès de cette greffe sera limité si la position de la racine dentaire n’est pas améliorée. D’un point de vue orthodontique, il faut généralement réaliser un mouvement de torque pour recentrer la racine dentaire dans son alvéole osseuse.

 

Un bon contrôle du torque est permis en orthodontie linguale individualisée par l’association de la gorge des brackets à insertion verticale dans la zone antérieure, des arcs ribbonwise ainsi que de la précision des dimensions des arcs orthodontiques et des gorges des brackets. Il devient alors aisé de corriger un problème de torque causant une récession parodontale.

 

Il est conseillé de pratiquer la correction orthodontique avant la greffe gingivale afin d’améliorer le pronostic de la chirurgie parodontale. Il est bien évidemment possible de réaliser des mouvements de torque avec des appareils orthodontiques non informés et non individualisés en déformant le fil. Ces mouvements sont très imprécis de par l’approximation de l’amplitude des déformations réalisées et le jeu du fil dans la gorge du bracket. Ce jeu s’explique par un surdimensionnement des gorges des brackets standardisés et un sous-dimensionnement des arcs du commerce qui diffèrent selon les modèles et les marques.(5)

 

Photo-4-Article-Orthodontie-sur-mesure-Ons-AlouiniFig. 05 : récession parodontale sur la 32 grandement améliorée grâce au traitement orthodontique.
Le mouvement de torque radiculo-lingual a permis de recentrer la racine de la 32 dans son parodonte. Il est visible en comparant les vues occlusales au début et à la fin du traitement orthodontique. Aucun traitement parodontal n’a été effectué sur ce patient. (Courtoisie : Pr. Dr. Dirk Wiechmann).

 

Parodonte diminué

La diminution du support parodontal liée à une maladie parodontale implique la modification de la ligne des collets avec une apicalisation de leurs niveaux et la disparition des papilles inter-proximales(2). Dans le secteur antérieur, ce phénomène a un impact très négatif sur l’esthétique du sourire.

Les forces orthodontiques employées doivent être légères et contrôlées lorsque le parodonte est diminué et ceci est aisément réalisable avec un appareil informé et précis.
La disparition des papilles inter-proximales et l’alignement dentaire ont pour conséquence l’apparition de triangles noirs qui peuvent être disgracieux dans les espaces inter-dentaires. Lorsque l’on souhaite diminuer leurs volumes, l’approche la plus simple est de réaliser des meulages amélaires proximaux (stripping) afin de pouvoir rapprocher les incisives entre elles. Cela a pour effet de rendre les points de contact plus apicaux, diminuant ainsi les triangles noirs entre les dents. Plus les couronnes sont bulbeuses et triangulaires, plus cette approche est efficace car les dents triangulaires peuvent être remodelées en une forme plus rectangulaire.(6)

Souvent, il faut y associer des artistic bends qui sont des mouvements d’angulation (tip) de très petite amplitude d’où l’importance d’un appareil informé et précis permettant d’obtenir une diminution, voire une disparition, des triangles noirs avec un grand impact sur l’esthétique du sourire. Le stripping est réalisé à l’étape du set-up et une charte de stripping indiquant la position et l’intensité des meulages est fournie avec l’appareil orthodontique lingual afin que les meulages soient correctement réalisés.

 

Photo-6-Article-Orthodontie-sur-mesure-Ons-AlouiniFig. 06 : triangle noir visible entre 11 et 21 qui présentent des faces mésiales légèrement concaves. La réalisation d’un très léger meulage amélaire des faces mésiales de 11 et 21 au niveau occlusal a permis la disparition de ce triangle noir. (Courtoisie: Pr. Dr. Dirk Wiechmann).

 

Planification orthodontique pré-prothétique

L’orthodontie pré-prothétique qui permet d’aménager l’environnement pour de futures prothèses doit être très précise.

 

Aménagement d’espaces d’édentements

Lorsqu’un édentement n’est pas compensé pendant plusieurs années, il y a une version des dents bordant l’édentement dans l’espace disponible ainsi qu’une égression de la dent antagoniste, si celle-ci n’a pas de contacts occlusaux. L’espace pour le remplacement prothétique de cette dent est alors insuffisant. Il faut donc réaliser une phase d’orthodontie avant l’exécution de la phase prothétique pour aménager l’emplacement nécessaire à la mise en place d’une prothèse. Les axes des dents bordant l’édentement doivent êtres redressés et l’espace doit être créé en fonction de la longueur mésio-distale précise et définie, de manière à ce que la prothèse s’intègre parfaitement dans l’occlusion du patient. Un appareil orthodontique totalement individualisé permet d’obtenir ce résultat grâce à la réalisation du set-up qui guidera les déplacements dentaires.

 

L’orthodontiste peut utiliser le set-up comme un guide pour mesurer l’espace de l’édentement et s’assurer qu’il est identique en bouche grâce, par exemple, à l’utilisation d’un pied à coulisse.

 

Lorsqu’une dent antagoniste à un édentement est égressée, l’utilisation d’un appareil orthodontique lingual totalement individualisé permet de corriger plus aisément la position de cette dent car le nivellement des secteurs latéraux est permis grâce à l’appareil ribbonwise. Le grand champ de l’arc délivre davantage de forces intrusives que le petit champ. Il est donc plus efficace qu’un appareil edgewise.

 

Aménagement d’espaces pour corriger une dysharmonie dento-dentaire

La dysharmonie dento-dentaire est la non concordance entre les diamètres mésio-distaux des dents maxillaires et des dents mandibulaires. Il y a alors une microdontie ou une macrodontie d’une ou plusieurs dents.

 

Le cas de figure le plus fréquemment rencontré est une microdontie au niveau des incisives latérales qui peuvent être riziformes. Pour obtenir un résultat de traitement optimal, l’orthodontie n’est pas suffisante. Il est nécessaire de réaliser un élargissement des dents de petite taille, soit par adjonction de composites, soit par la réalisation de facettes. La planification du traitement est indispensable et le diamètre final des dents doit être déterminé avant le début du traitement orthodontique. Le set-up comprend les informations utiles au bon déroulement du traitement : occlusion, surplomb et recouvrement, diamètres de chaque dent et bonne répartition des espaces à laisser en fin de traitement pour permettre la mise en place des composites ou facettes d’élargissement.

Il s’agit alors d’une coordination pluridisciplinaire entre l’orthodontiste et le chirurgien-dentiste qui débute avant le traitement, se poursuit pendant pour l’aménagement des espaces et enfin après pour assurer un bon déroulement des étapes de restauration et de contention orthodontique. L’obtention du résultat prévu sur le set-up est simple grâce à un appareil orthodontique individualisé et permettra au chirurgien-dentiste de pratiquer les restaurations ou les prothèses dans les meilleures conditions possibles.

 

Photo-5-Article-Orthodontie-sur-mesure-Ons-Alouini-FlechesFig. 07 : cas d’agénésie de la 12 qui doit être remplacée par un bridge collé cantilever après la phase de traitement orthodontique.
Pendant la correction orthodontique, l’espace nécessaire et idéal pour le remplacement de la 12 est maintenu grâce à une dent prothétique fournie par le laboratoire fabriquant l’appareil (WIN, DW Lingual Systems, Bad Essen, Allemagne) accrochée sur l’arc orthodontique. De plus, pour corriger la dysharmonie dento-dentaire, une facette d’élargissement de 22 sera réalisée en fin de traitement. Le set up intègre des espaces en mésial et distal de 22 pour permettre la réalisation de cette facette. La réfection des restaurations est prévue après la phase orthodontique  sur 14, 15 et 21.

 

Conclusion

Les appareils orthodontiques linguaux totalement individualisés ont prouvé leur efficacité, leur fiabilité et leur précision. Ils permettent de traiter tous les types de malocclusions. De plus, l’utilisation du set-up pour planifier le traitement améliore la communication dans une équipe pluridisciplinaire.

Il y a donc de nombreux avantages à utiliser un appareil orthodontique sur-mesure par rapport à un appareil orthodontique non individualisé. Un inconvénient demeure au niveau du coût de l’appareil, qui est plus élevé qu’un appareil orthodontique vestibulaire non individualisé.

 

Références bibliographiques

(1) Grauer D., Wiechmann D., Heymann GC., Swif EJ. – Computer-aided design/computer-aided manufacturing technology in customized orthodontic appliances.
J Esthet Restor Dent Off Publ Am Acad Esthet Dent Al. févr 2012;24(1):3-9

(2) Fradeani M. – Réhabilitation esthétique en prothèse fixée : Analyse esthétique.
Quintessence International. Vol. Volume 1. 2006

(3) Pauls A., Nienkemper M., Schwestka-Polly R., Wiechmann D. – Therapeutic accuracy of the completely customized lingual appliance WIN : A retrospective cohort study.
J Orofac Orthop. 2017;78(1):52-61

(4) Wiechmann D. – Lingual orthodontics (part 2): archwire fabrication.
J Orofac Orthop 1999;60(6):416-26

(5) CaIaneo PM., Salih RA., Melsen B. – Labio-lingual root control of lower anterior teeth and canines obtained by active and passive self-ligating brackets.
Angle Orthod. 1 juill 2013;83(4):691-7

(6) Proffit W., Fields H., Sarver D. – Contemporary Orthodontics.
Édition : 5. St. Louis, Mo: Mosby; 2012