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Rencontre avec Nikolaj Deichmann et Morten Noerholm, fondateur et directeur général France de 3Shape

le 03-07-2018
Inauguration 3shape avec Nikolaj Deichmann et Morten Noerholm de 3Shape

“La CFAO du futur sera axée sur la communication, la relation et la transparence avec le patient.”

A l’occasion de l’inauguration officielle des nouveaux locaux 3Shape France, nous avons pu rencontrer Nikolaj Deichmann, co-fondateur de la société 3Shape, et Morten Noerholm, Directeur Général France. 


Le digital se démocratise dans la profession d’année en année. Pensez-vous que nous nous dirigeons vers une dentisterie 100% digitale ?

Nikolaj Deichmann : Après de nombreuses années, il est certain que nous prenons la direction d’une dentisterie 100% digitale.
Cependant, je pense qu’il est également intéressant d’analyser le pourcentage de personnes utilisant des scanners et le pourcentage de personnes qui pourraient les utiliser. Nous atteignons le point où tous les traitements peuvent être faits avec le numérique, et notamment avec le système 3Shape. Cependant, aujourd’hui, nous n’en sommes pas encore à ce stade. Nous pouvons donc souligner qu’il y a un gros potentiel, des outils et des écosystèmes à portée de main, mais qu’avant tout, le challenge est de convaincre le marché.

Dans cette mutation vers le 100% digital, il faut distinguer les laboratoires des cabinets. En effet, la pénétration du numérique dans les laboratoires est beaucoup plus importante que dans les cabinets. Il faut également savoir que les laboratoires français ont été parmi les premiers européens à travailler avec les scanners 3Shape. Cette importante base installée est prête à recevoir les fichiers provenant des cabinets. Cette relation possible entre ces deux structures permettra au fil des années une dentisterie 100% digitale.

Quelles sont les différences entre la dentisterie digitale française et celle à l’étranger ?

Nikolaj Deichmann : Je dirais qu’il y a deux grandes différences.
En effet, il y a un traitement en France qui est particulièrement présent et que je pourrais même qualifier de spécificité française : l’inlay-core. Ce traitement est très peu utilisé dans les autres pays pour des raisons financières ou encore historiques.

Nous avons développé chez 3Shape un flux spécifique breveté pour faire un traitement inlay-core, même en bouche, avec des scans posts spécifiques par rapport au forage qui est fait pour les inlay-cores. Ce flux spécifique pour la France est assez unique pour 3Shape et nous permet justement d’offrir un système qui permet de traiter tout type d’indications.

Enfin, la France a été l’un des premiers pays à adopter de nombreuses technologies 3Shape. Nous avons apprécié l’accueil chaleureux que nous avons eu lors de notre lancement en 2005. Au début de 3Shape, notre présence était essentiellement en laboratoire. Cependant, sur la partie scanner intra-oral, les orthodontistes français ont rapidement intégré Trios.

Selon vous, quel sera l’avenir de la CFAO ?

Nikolaj Deichmann : Je pense que tout sera essentiellement numérique. Alors, évidemment, cela est déjà en partie le cas, mais je pense que l’adoption de la CFAO ne cessera d’augmenter. La CFAO du futur sera axée sur la communication, la relation et la transparence avec le patient. L’implication du patient dans son traitement via une application connectée à son dossier médical est déjà l’un des objectifs de 3Shape.

La CFAO de demain accompagnera et guidera le praticien dans son exercice. Elle lui conseillera des soins préventifs, de meilleures décisions. 3Shape est un système ouvert, il donne aux dentistes beaucoup de choix, beaucoup d’options.

Quels seront les prochains défis numériques de 3Shape ?

Nos défis numériques reposent sur trois axes :

  1. 1. Développer des applications de diagnostic et d’implication du patient dans son traitement
  2. 2. Proposer à la profession des produits toujours plus innovants, fiables et de qualité supérieure comme, par exemple, le 3Shape X1 4-in-1 CBCT scanner, qui produit moins de radiations et de meilleures images.
  3. 3. Offrir une plateforme où il est possible de faire n’importe quel type de traitement, mais également des simulations. Plutôt que de proposer différents logiciels pour un usage unique, 3Shape dispose depuis peu de sa propre plateforme, son propre écosystème.

Bien sûr, notre plus grand défi est de proposer des solutions agréables pour les patients, les dentistes et les laboratoires.

3Shape ne cesse d’innover en termes de technologies, mais également en termes d’outils numériques. Avec la création de la plateforme professionnelle 3Shape Community, quel était votre principal objectif ?

Morten Noerholm : 3Shape Community était un outil qui nous manquait. Nous avions différentes plateformes de communication et d’interaction avec nos clients notamment pour la formation, les événements, etc. Notre souhait était de réunir tout sur une seule et unique plateforme, et c’est de cette volonté qu’est née 3Shape Community.

3Shape Community est une plateforme réservée aux utilisateurs 3Shape, et où toutes les spécialités sont réunies. Il est possible d’accéder à des outils de formation en ligne, de partager des cas cliniques, d’échanger sur un forum de discussion, ou encore de découvrir des espaces « inspiration » ainsi que les événements à venir.

L’objectif principal était donc d’accroître les échanges et réunir les utilisateurs 3Shape, bien qu’ils soient de spécialités différentes.

Que représente le marché français pour 3Shape ?

Morten Noerholm : Premièrement, le marché français est et a toujours été très important. La France était l’un des premiers marchés laboratoire à avoir cherché la technologie 3Shape et à l’avoir adoptée.

Aujourd’hui, il reste une opportunité importante à saisir : en France, 55% des laboratoires et moins de 10% des cabinets sont équipés en numérique. Cependant, les intentions d’achat relatées dans nos études montrent que ce passage vers le numérique se fera dans les trois prochaines années. Notre objectif en France est donc de rester leader sur le marché des laboratoires et des cabinets, tout en ayant une présence locale pour soutenir ce développement.

L’ouverture aujourd’hui de notre filiale française, du showroom, du centre de formations et de l’académie a pour but de fournir un support amélioré et de proximité à nos utilisateurs.

Quels sont les projets de développement de 3Shape en France ?

Morten Noerholm : L’ouverture de notre filiale était l’un de nos principaux projets de développement en France. Notre objectif est de continuer ce développement, notamment en termes d’organisation et de recrutement. En effet, avec l’arrivée de nouveaux produits comme le 3Shape X1 4-in-1 CBCT, nous aurons besoin de compétences différentes de celles qui existent déjà chez 3Shape aujourd’hui.

C’est le début d’une présence augmentée en France.

Interview du Dr Thierry Degorce : Stratégies implantaires du secteur antérieur

le 06-03-2018

Le COEFI a organisé le 25 janvier 2018 une conférence avec le Dr Thierry Degorce sur les stratégies implantaires du secteur antérieur.

Un enseignement précis et concis, de nombreuses vidéos step-by-step chirurgicales, une interaction avec le public et un buffet savoureux ont composé cette soirée.

Une soirée exceptionnelle. Le jeudi 25 janvier, les membres du COEFI recevaient le Dr Thierry Degorce pour une présentation sur les stratégies implantaires du secteur antérieur. Après avoir passé en revue les méthodes d’implantation existantes, il a détaillé les nouveaux concepts.

A la suite de la conférence, Guillaume Gardon Mollard s’est entretenu avec le Dr Degorce.

 

 

La conférence

Les participants ont été chaleureusement accueillis par le COEFI avec un buffet copieux et succulent. Ils ont pu ensuite assister à la conférence. « Intéressante et instructive », c’est ainsi qu’ils l’ont décrite. Un discours clair ponctué de vidéos de step-by-step chirurgicales et soutenu par une belle interaction par SMS entre le public et le Dr Thierry Degorce tout au long de la conférence.

Et le COEFI ?

Le COEFI est une association d’Odontologie et un centre de formation. Fondé depuis plus de 20 ans, il n’a jamais cessé de poursuivre sa mission : favoriser le partage de connaissances. Son but principal est de rapprocher les chirurgiens-dentistes français et israéliens. En se positionnant au cœur des réflexions scientifiques, il a pour ambition de faire évoluer les pratiques avec le partage d’expérience.

Ses actions :

Ses actions s’étendent autour de quatre pôles :

  • Le  service dentaire du COEFI, « The C.O.E.F.I. Dental Center for the Neguev » qui a été inauguré en 2004, au sein de l’hôpital Soroka de Beersheva.
  • Depuis mai 2009, le centre d’accueil destiné aux enfants de 6 à 10 ans d’origine éthiopienne, situé dans la banlieue de Jérusalem.
  • L’aide aux familles démunies qui doivent obligatoirement obtenir des soins dentaires spécifiques que la sécurité sociale israélienne (Koupat Holim) ne couvre pas.
  • Le soutien de l’ONG « Sauveteurs Sans Frontières ».

 

 

De nombreuses autres conférences dentaires organisées par le COEFI auront lieu cette année, restez connecté-e-s !

Entretien avec Olivier Lafarge, Dirigeant de Dentsply Sirona France

le 16-01-2018

A l’occasion du Congrès ADF 2017 au Palais des Congrès de Paris, nous avons pu rencontrer Olivier Lafarge, Dirigeant de la société Dentsply Sirona France, qui a eu la gentillesse de répondre à nos questions.

En 2015, la fusion des deux leaders du secteur devait notamment permettre d’améliorer les soins aux patients. Quelles réussites avez-vous pu tirer depuis ces deux années ?

Notre volonté est d’offrir et d’accompagner les praticiens et les professionnels de santé en leur donnant les moyens de choisir la solution thérapeutique la plus adaptée. La fusion a notamment permis d’élargir et de lier les flux proposés. Cela offre au patient la possibilité d’être traité dans un flux connecté et adapté, avec des soins plus rapides, plus sûrs et surtout de meilleure qualité.

Aujourd’hui, en utilisant par exemple nos systèmes implantaires connectés à nos systèmes de prothèse, on obtient des procédures totalement connectées qui permettent d’aller jusqu’à des soins en une séance avec des matériaux adaptés et esthétiques. Ceci répond à la demande des patients d’aujourd’hui qui souhaitent des soins esthétiques, efficaces et rapides.

Pour se rendre chez le dentiste, il faut se libérer du temps, ce qui n’est pas évident lorsque les traitements s’étalent sur plusieurs séances. Le traitement dentaire en une séance représente par conséquent une véritable innovation que nous allons continuer d’accentuer.

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« Le traitement dentaire en une séance représente une véritable innovation que nous allons continuer d’accentuer. »

Quelles sont aujourd’hui vos avancées les plus notables en termes d’innovation ?

Nos innovations résident surtout dans le flux et l’accompagnement du flux, plutôt que dans un produit à proprement parler. L’innovation est importante si elle apporte de l’efficacité, de la simplicité et surtout des soins meilleurs pour le patient. Aujourd’hui, il y a très peu de véritables innovations, on parle plutôt d’améliorations.

Actuellement, nous travaillons beaucoup sur la connectivité de l’ensemble des solutions, comme par exemple des liens entre les logiciels de modélisation avec nos systèmes de radiologie et nos systèmes endodontiques. C’est en cela que réside à nos yeux la véritable innovation, car cela apporte au praticien une valeur ajoutée au quotidien dans son travail.

Aujourd’hui, ce qui est certain, c’est qu’il y a moins de ruptures technologiques comme il y a pu en avoir avec l’arrivée du CEREC, de la 3D, du Protaper et de la réciprocité en endodontie.
Nous travaillons plutôt sur des évolutions qui s’inscrivent dans la philosophie de la dentisterie de demain, en particulier en France, où l’on parle beaucoup de dentisterie conservatrice, d’implantologie, de prothèse et de prévention.

Quelles sont les grandes orientations que vous souhaitez donner à Dentsply Sirona dans les années à venir ?

Notre vision en France est d’accompagner les professionnels de santé et les patients pour mettre à leur disposition la solution thérapeutique la plus adaptée. C’est extrêmement important, puisque cela correspond à de l’innovation, de la promotion, de la formation et de la communication.

Il est également primordial de mettre notre exigence d’innovation et de progrès pour grandir et se développer avec les professionnels de santé, et ainsi se positionner comme la référence du marché. Pour que cela soit réalisable, il existe trois grands piliers au sein de notre stratégie :
1. L’accompagnement du client : aujourd’hui, nous avons une approche que nous sommes en train d’adapter, avec un flux qui connecte l’ensemble de nos solutions. Il s’agit également d’adapter nos formations et notre manière d’accompagner les clients en termes d’organisation, avec une approche duale entre les ambassadeurs et les spécialistes.
2. Des équipes expertes, de qualité et formées.
3. La formation interne et externe, avec d’un côté la Dentsply Sirona University pour les formations internes, et de l’autre la Dentsply Sirona Academy pour les formations externes, via tous nos groupes de leaders d’opinion et référents, c’est-à-dire les ambassadeurs et les experts qui utilisent nos produits tous les jours.
Ce pilier englobe également l’ensemble des formations que nous souhaitons prodiguer aux laboratoires, aux assistantes, et de manière générale à tous les acteurs qui gravitent autour du patient.

Pensez-vous qu’une nouveauté comme le CEREC va séduire toute la profession ?

Une innovation comme le CEREC change tellement de choses en termes d’habitudes de travail et de réflexion au quotidien sur l’organisation du cabinet, mais aussi sur le patient et les traitements proposés. De ce fait, on ne parle pas d’un simple produit, mais bien d’une transformation et d’une réflexion de son activité, et cela prendra donc du temps avant que tout le monde n’adopte cette technologie. Néanmoins, cela sera plus rapide sur la prise d’empreinte numérique que sur les systèmes complets incluant des unités de fraisage.

Même si le CEREC est parfaitement adapté pour un certain nombre d’indications, il y aura toujours un flux et un lien nécessaire avec le laboratoire de prothèses pour couvrir l’ensemble des procédures et des restaurations.

Aujourd’hui, la profession se renouvelle, on annonce un plus grand nombre de dentistes d’ici quelques années. Ces nouveaux praticiens auront un profil plus orienté « e-dentiste » qu’aujourd’hui, donc notre offre devra suivre cette tendance et cette demande.

Quels sont à vos yeux les grands challenges à venir pour la profession en France ?

Le principal challenge sera d’avoir une approche coordonnée et unie entre l’ensemble des représentants de la profession, car ce qui est en train de se passer est important. La nouvelle loi de santé va notamment guider les challenges de demain.

Par ailleurs, la prévention représentera un challenge pour tout le monde. Dentsply Sirona et le COMIDENT prônent d’ailleurs l’intégration des hygiénistes au sein des cabinets dentaires, car cela va dans le sens de la prévention, du développement des soins et de ce qu’il est possible d’offrir aux patients, notamment en proposant des soins à ceux qui n’en ont pas.

De plus, le panier de soins va représenter un des sujets majeurs de la profession, avec la volonté du gouvernement de mettre en place un reste à charge zéro sur un maximum de soins et de solutions. Bien entendu, il y aura toujours un certain nombre de soins et de traitements qui nécessiteront un investissement de la part du patient, à cause de l’utilisation de matériaux high-tech et de technologies avancées. Mon point de vue, c’est que nous aurons donc plusieurs parcours de soins pour le patient avec plusieurs offres.

L’un des autres enjeux sera d’étendre les soins, car beaucoup de personnes ne se font toujours pas soigner, parce qu’elles sont en difficulté, handicapées, ou qu’elles n’ont pas accès aux soins. Cela représente un challenge de voir comment il est possible de les accompagner.

Pour quelle(s) raisons(s) la prévention a-t-elle pris une place centrale dans le débat actuel ?

Tout d’abord, les consciences semblent s’éveiller vis-à-vis des dégâts qui peuvent être occasionnés par une mauvaise hygiène bucco-dentaire. Par conséquent, il est primordial de pousser les gens à aller chez le dentiste au moins une fois par an, de suivre un certain nombre de bilans, de se brosser les dents, car les études montrent que les conséquences peuvent être dramatiques.

Si on ne modifie pas nos organisations, notamment avec l’arrivée des hygiénistes au sein des cabinets dentaires, il n’est pas évident d’offrir aux patients ce que l’on pourrait faire en termes de prévention. De ce fait, l’arrivée des hygiénistes en France serait bénéfique aux praticiens, ainsi qu’aux patients. Cela risque de bouleverser la profession, mais dans le bon sens.

Alaa Zeidan, le dentiste 2.0 à l’origine du groupe « Dentistes de France »

le 08-11-2017

Alaa Zeidan est le créateur et administrateur du groupe Facebook Dentistes de France. Avec une communauté rassemblant plus de 16 000 membres, le groupe est actuellement le plus important de la sphère dentaire dans le paysage des médias sociaux.

Bonjour Alaa, peux-tu commencer par te présenter ?

Je m’appelle Alaa Zeidan, j’ai 33 ans et j’exerce à Villeurbanne depuis 7 ans. Je vis à Lyon depuis 2003.

En quelques mots, peux-tu nous expliquer ton parcours ?

Après avoir obtenu un baccalauréat scientifique en 2001, je me suis inscrit en première année de médecine à Grenoble à l’issue de laquelle j’ai choisi de faire dentaire, d’où ma venue à Lyon en 2003.
J’ai passé ma thèse en 2010 sur la santé bucco-dentaire en Syrie et j’ai travaillé comme collaborateur pendant 2 ans à Villeurbanne, avant de reprendre le cabinet en 2012.

Tu possèdes aujourd’hui la plus grande communauté dans le dentaire en France. D’où et quand t’est venue l’idée de créer ce groupe ?

J’aime beaucoup partager des informations sur Facebook et débattre.
Je suis à fond dans ce qui touche au dentaire. Initialement, je faisais cela sur ma page Facebook personnelle, mais je me suis à un moment rendu compte que mon audience était limitée aux gens que je connaissais qui n’étaient pas tous liés au dentaire.
De plus, il n’existait pas sur Facebook à l’époque de groupe français qui parlait du dentaire en général. J’ai donc fin 2013 décidé de créer le groupe “ Dentistes de France ” afin de mieux cibler mon audience dans le dentaire et également de l’étendre à l’ensemble des praticiens et étudiants en France. Je me suis également dit que cela pourrait permettre de créer une plateforme interactive inédite où chacun pourrait se renseigner et partager des informations et débattre.

Pourquoi as tu choisi de le créer sur Facebook ?

Car Facebook est le réseau social le plus connu en France et permet une interactivité sans précédent (commentaires, “likes”, partages,…).

Lors des débuts de Dentistes de France, pensais-tu que ton groupe allait devenir aussi important en termes de membre ?

A vrai dire non. Je m’attendais tout au plus à quelques milliers de membres.

Selon toi, qu’est-ce qui fait que la communauté de Dentistes de France ne cesse de s’accroître ?

Plusieurs éléments ont joué un rôle dans cette croissance. Tout d’abord, c’est le premier groupe dentaire généraliste qui a été crée en France.
Au départ, il était public afin de permettre à un maximum de praticiens et d’étudiants de le rejoindre.
Il y a aussi eu l’effet de bouche à oreille qui a attiré du monde et enfin, le nombre d’adhérents a très fortement augmenté ces derniers mois en raison de l’actualité dans le milieu dentaire (règlement arbitral, grève étudiante, CCDELI…).

Quels sont tes projets pour le futur du groupe Dentistes de France ?

D’une part, j’aimerais qu’un maximum de praticiens et d’étudiants car il est important que l’ensemble de la profession soit informée sur les différentes actualités et évolutions touchant notre métier. Quand j’étais à la fac, je trouvais que beaucoup de gens ne s’impliquaient pas ou peu, et c’est en en entrant dans la vie professionnelle que j’ai réalisé que la profession avait besoin de se remettre en question et j’aimerais jouer un rôle dans ce changement de mentalité.
D’autre part, je souhaiterais que Dentistes de France soit un relais national qui fasse en sorte que les informations soient diffusées à l’ensemble de la profession, et non plus réservées à une élite ou un groupe restreint. Un relais qui encouragerait les praticiens et étudiants à être en relation entre eux et qui les inciterait à la formation via le partage d’articles de résumés de conférences.

Accès aux soins bucco-dentaires : rencontre avec Dominique Chave

le 18-10-2017

Au mois de septembre, le Conseil national de l’Ordre a publié son premier rapport sur l’accès aux soins bucco-dentaires. A cette occasion, nous avons rencontré Dominique Chave, Présidente de la Commission de la Vigilance et des Thérapeutiques.

 

 

D’après les estimations de l’INSEE, environ 6 à 10 millions de personnes n’ont pas accès aux cabinets dentaires. Il s’agit essentiellement des personnes en situation de handicap ou de précarité, ainsi que des personnes âgées dépendantes. Pour autant, il est nécessaire de rappeler qu’un mauvais état bucco-dentaire peut entraîner des risques pour certaines pathologies, comme le diabète et les cardiopathies. Par ailleurs, un beau sourire est un facteur d’intégration sociale et d’estime de soi.

En 2015, le Conseil de l’Ordre a créé le Pôle Patients, avec comme priorité le maillage territorial grâce à l’aide du référent handicap départemental. Son champ de compétences a notamment été élargi aux personnes en situation de précarité, ainsi qu’aux personnes âgées dépendantes. Le rôle essentiel du référent handicap départemental est de flécher le parcours de soins pour toute personne qui souhaite en faire la demande.

Les personnes en situation de précarité viennent pour du soin, et non pour de la prévention ; très souvent, ils ne connaissent même pas les droits auxquels ils peuvent prétendre. Il faut que les soins soient faits rapidement. Pour cela, l’Ordre dispose de cabinets ou de PASS (Permanences d’Accès aux Soins de Santé) odontologique hospitalière ou associative.

L’état bucco-dentaire des personnes âgées se détériore très rapidement. Le souhait serait que toutes les personnes âgées qui rentrent en EHPAD puissent bénéficier d’un BBD (Bilan Bucco Dentaire).

Il faut travailler la transdisciplinarité et la transversalité entre les acteurs suivants :
• Le monde libéral et le monde hospitalier
• Les chirurgiens-dentistes et le monde médico-social
• Les chirurgiens-dentistes et les EHPAD

Par ailleurs, il est nécessaire de créer un véritable maillage territorial, mais également solliciter les pouvoirs publics afin d’obtenir des aides financières pour la prévention, les soins, ainsi que les transports.

La santé bucco-dentaire n’a pas été au cœur des priorités des pouvoirs publics. Pourtant, les chirurgiens-dentistes soignent quotidiennement toutes ces populations, et c’est le message que l’Ordre souhaite faire passer auprès de tous les pouvoirs publics.

Journée du cœur – Entrevue avec Hélène Rangé

le 04-10-2017

A l’occasion de la journée mondiale du cœur, nous avons rencontré Hélène Rangé, praticien spécialisée en parodontologie. Investie dans la recherche sur la relation entre les maladies générales et les maladies parodontales, elle a accepté de répondre à nos questions lors d’une entrevue exclusive.


Bonjour Hélène Rangé, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis maître de conférences, praticien hospitalier en parodontologie à l’hôpital Rothschild et à l’Université Paris Diderot Paris 7. Mon activité clinique se porte essentiellement sur la parodontologie et l’implantologie chirurgicale. Mes domaines de recherche se portent plutôt sur les relations entre les maladies générales et les maladies parodontales.

Quels sont les liens entre les problèmes cardiaques et l’hygiène bucco-dentaire ?

Quand on parle de lien entre les maladies générales comme les cardiopathies et les maladies parodontales, il est nécessaire de le regarder de deux différentes façons.

Tout d’abord, les études épidémiologiques, qui révèlent que des patients ayant des problèmes cardiaques vont présenter plus souvent que les autres des problèmes dentaires. Et inversement, que les patients ayant des problèmes dentaires vont présenter plus de problèmes cardiaques que les autres.

Il existe un autre type de relation, où l’on va chercher quels peuvent être les mécanismes biologiques qui pourraient expliquer ce lien. En effet, ce n’est pas tout de décrire le lien, il faut aussi pouvoir l’expliquer. Aujourd’hui, ce qui est intéressant dans les maladies cardiovasculaires, c’est que l’on dispose du point de vue épidémiologique d’informations qui sont de très bonne qualité, qui sont reconnues dans le monde dentaire ainsi que dans le monde médical.

On sait aujourd’hui qu’avoir une inflammation d’origine infectieuse au niveau de la bouche va augmenter le risque d’avoir une complication cardiovasculaire chez les patients. Et on arrive notamment à faire ce lien pour les patients les plus jeunes, c’est-à-dire ceux qui ont moins de 65 ans.

On dispose également de beaucoup d’études qui nous montrent une réalité biologique permettant d’expliquer ce lien. Cela passe par deux grands mécanismes :

• Première hypothèse : un mécanisme inflammatoire.
Le fait d’avoir une maladie parodontale dans la bouche va s’exprimer d’un point de vue local en augmentant l’inflammation des gencives (saignements, rougeurs). Cette inflammation locale va être diffusée via des médiateurs, plus précisément des molécules, qui vont diffuser dans la circulation sanguine et vont augmenter l’état inflammatoire du patient, et de ce fait concourir à ces complications cardiovasculaires.

• Deuxième hypothèse : un mécanisme bactérien.
Ce n’est pas seulement l’inflammation, mais également les bactéries que l’on appelle bactéries parodonto-pathogènes qui sont propres à la maladie parodontale. En effet, ces bactéries ont été retrouvées dans un certain nombre de tissus cardiovasculaires, dans différentes études et différentes populations. Elles pourraient avoir un rôle important dans le mécanisme des complications cardiovasculaires.

Les maladies parodontales sont-elles évitables ?

C’est un sujet qui intéresse beaucoup non seulement les dentistes, mais également les médecins et le grand public. Les maladies parodontales sont très fréquentes et touchent un adulte sur deux, ce qui est paradoxal car ce sont des maladies éminemment évitables : on a aujourd’hui toutes les clés et les solutions pour éviter ces maladies.

La meilleure prévention des maladies parodontales, c’est d’éliminer les facteurs de risque majeur de ces dernières, notamment l’accumulation de la plaque dentaire, qui est le facteur étiologique des maladies parodontales. La meilleure façon de la prévenir réside dans les manœuvres d’hygiène orale : un brossage bi-quotidien avec une technique efficace est recommandé car il permet d’éliminer 80% de la plaque dentaire. Cela permet de garder un état parodontal compatible avec la santé des gencives, mais également avec la santé générale.

Cependant, la prévention des maladies parodontales ne passe pas essentiellement par l’hygiène orale, mais également par l’hygiène de vie : une réduction voire une cessation de la consommation de tabac, une alimentation équilibrée et de l’exercice physique. C’est l’hygiène de vie qui va permettre d’éviter à la fois les maladies parodontales et les maladies cardiovasculaires.

Existe-t-il des facteurs génétiques pour ces maladies ?

On pourrait croire qu’il y a un terrain génétique qui soit commun pour les maladies cardiovasculaires et les maladies parodontales. Il existe des études sur ce sujet, mais on ne dispose pas encore de quelque chose de spécifique à l’heure actuelle. Il semble qu’il y ait une part génétique de susceptibilité aux maladies parodontales, mais qui reste faible par rapport à cette part de bactéries et hygiène de vie.

Est-ce qu’on connaît des éléments capables d’améliorer l’hygiène bucco-dentaire ?

On ne connaît pas de molécule qui permette de contrebalancer l’effet de l’accumulation de la plaque dentaire. La seule manière efficace, c’est d’éliminer mécaniquement la plaque dentaire car il s’agit du facteur étiologique. D’un autre côté, il existe beaucoup de travaux sur les probiotiques dans l’alimentation, qui permettraient de favoriser le maintien d’un microbiote compatible avec la santé. On a sur ce sujet des données qui semblent aller dans le bon sens, mais cela reste encore prématuré pour le moment.

Est-ce que le chewing-gum peut aider à éliminer la plaque dentaire ?

C’est de la prévention primaire qui peut se révéler intéressante. La prévention est extrêmement importante, même chez un patient qui ne présente pas encore de maladie parodontale. Deux brossages par jour avec une brosse à dents souple et du dentifrice fluoré prévient notamment les caries, mais l’UFSBD recommande également de mâcher des chewing-gum entre les repas, ce qui va favoriser l’élimination mécanique de la plaque dentaire, et augmenter la salivation. La salive contient des molécules anti-inflammatoires et de défense, ce qui explique pourquoi les patients qui ont peu de salive présentent plus de problèmes cardiovasculaires et de maladies parodontales.

Policy Lab – Rencontre avec Marco Mazevet

le 04-10-2017

Dr Mazevet, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le Policy Lab ?

Le Policy Lab, ou laboratoire de politique, qui s’est tenu en juin dernier à Londres, est une initiative de l’Alliance pour un futur sans caries (ACFF), menée par les départements Odontologie et Sciences politiques du King’s College de Londres. L’objectif était de constituer un groupe de travail sur deux jours, visant à répondre à la question suivante : Comment faciliter une augmentation des ressources en faveur de la prévention carieuse ?

Qui étaient les participants ?

Nous avons décidé de travailler avec 6 groupes d’acteurs liés au milieu de l’Odontologie et des « décideurs ».
Nous avons ainsi réuni des universitaires (santé publique et cliniciens), un syndicat, le gouvernement britannique, des industriels, des économistes de la santé et des spécialistes en sciences politiques.

Comment s’est déroulé le laboratoire ?

Le secteur de la santé est, de réputation, fragmenté : les différents acteurs peuvent avoir une vision partielle de la réalité, et les solutions proposées parfois incompatibles avec les contraintes des autres parties. L’essentiel du travail était de permettre à des gens qui ne se côtoient habituellement pas de travailler sur une problématique commune.

Nous avons commencé par un état des lieux, tant en cariologie, qu’en économie de la santé, et politique de santé. Le reste du laboratoire s’est déroulé en une succession de petits groupes mixtes, mise en commun des résultats puis élaboration d’un plan d’action.

Les participants avaient-ils des opinions différentes sur le sujet de la prévention ?

Oui, incontestablement. C’était très révélateur, à une échelle plus restreinte, des incompréhensions qui règnent entre les différents acteurs. A titre d’exemple, la prévention ne signifie pas (du tout) la même chose à un économiste, à un spécialiste en politique, ou à un clinicien.

Les cliniciens étaient persuadés en début de séance que la prévention pouvait faire économiser de l’argent, les économistes de la santé et les politiques de l’avis contraire. Il est très important de définir précisément les termes.

Pour citer un exemple, une consultation annuelle de prévention généralisée à l’ensemble de la population de 30 euros génère ainsi 2 milliards de dépense en plus, sur une dépense totale de 10,7. Si cette consultation ne permet pas d’éviter 2 milliards de dépense en soins, c’est une dépense en plus. Son efficacité doit être anticipée pour la justifier, le cas échéant un transfert d’allocation s’opère d’autres actes. Sans entrer dans des calculs de modélisation complexe, il est important de garder ces ordres de grandeur en tête.

L’objectif de l’ACFF est assez simple : permettre à une génération d’enfants de rester dépourvus de caries ayant atteint un stade cavitaire (ICDAS5-6, ICCMS E) pendant toute leur vie.

Nous connaissons désormais les moyens scientifiques et cliniques de mettre en œuvre des protocoles le permettant, avec une efficacité mesurable, cependant l’implémentation dans la pratique demeure le principal problème. D’où la question de départ !

Quels sont donc les obstacles à cette mise en place de protocoles préventifs ?

Deux constats de base : nous n’avons que très peu de données économiques sur la prévention carieuse et en économie de la santé dentaire en général, en termes d’impact global, ainsi que sur les rapports coût-efficacité des traitements que l’on propose.  Nous ne savons pas ce que peut représenter un futur sans caries (ICDAS5-6) économiquement parlant, ainsi que la valeur monétaire que les patients peuvent accorder à une santé orale fonctionnelle (utilité). Il est ainsi difficile de prioriser les allocations budgétaires favorisant la prévention, vis-à-vis du chemin curatif classique, d’une manière cohérente avec les recommandations médico-économiques actuelles. Il existe très peu d’études actuelles permettant de quantifier l’impact financier de mise en place de protocoles préventifs généralisés, ainsi que de leur efficacité.

Le deuxième problème principal est celui de la tarification. La plupart des systèmes de paiements ont été construits sur de la tarification à l’acte, qui favorise généralement l’activité curative et restauratrice et ne valorise que peu la prévention et le contrôle des lésions (Brocklehurst, 2016)

Un praticien, dont les conseils et les mesures de prévention (Iaire/IIaire/IIIaire) permet à ses patients de rester indemnes de pathologies, peut ne pas être rémunéré autant qu’un praticien dont le modèle économique fonctionne essentiellement sur la restauration, la prothèse ou des actes lourds. C’est problématique.

On entend beaucoup de parler d’efficience, de pertinence, d’objectifs de santé publique, cela semble être dans l’air du temps ?

Oui, tout à fait. Il faut situer le contexte. Les dépenses de santé, en proportion du PIB, ne cessent de croître dans la plupart des états. A meilleur niveau de vie, plus grande dépense en santé. La croissance économique ne résout donc pas le problème, chaque Etat doit donc faire des choix : comment contenir cette évolution, ou tout du moins s’assurer que cette dépense est justifiée par des résultats mesurables sur les populations.

Les gouvernements, ou agences de santé, s’assurent ainsi que dans le cadre d’un financement public les ressources sont utilisées de la manière la plus efficiente qui soit. Si la Chirurgie-Dentaire a été, pendant un certain temps, oubliée de ces évaluations économiques, le fameux changement de paradigme est arrivé.

On sait depuis désormais depuis plus de 20 ans que l’Evidence-Based est une méthode incomplète pour justifier des allocations de ressources : il faut mesurer le rapport coût -efficacité/utilité (efficience). Un traitement pourra être deux fois plus efficace, mais s’il est 5 fois plus cher, la question se pose de savoir si sa prise en charge est justifiée au détriment d’autres traitements, qui auraient pu être proposés à un plus grand nombre.

L’OMS, tout comme les agences comme la HAS et les ministères veulent savoir si chaque euro dépensé pour un traitement est au mieux utilisé, au sein de la discipline (ici l’Odontologie) et entre les disciplines médicales.

Il faut donc s’attendre à évolution des rémunérations, fonction de leur valeur ajoutée à la santé bucco-dentaire, et générale, du patient.

Quelles sont donc les conclusions de ce groupe de travail ?

4 éléments de travail ont été retenus, qui seront dans un rapport à paraître dans les prochaines semaines. Un sommaire exécutif est disponible dès à présent.

La première étape est de connaître la valeur ajoutée (en termes de santé globale, de qualité de vie, de bien être, d’impact économique) de ce futur sans pathologies carieuses nécessitant des restaurations (invasives). Cela passe par des évaluations économiques, aujourd’hui devenues indispensables pour justifier n’importe quel traitement.

La deuxième est de travailler sur les nouveaux systèmes de rémunération. Il est essentiel de ne pas repartir de 0 : certaines expérimentions ont démontré les efficacités relatives de la tarification à l’acte, et de la capitation. Des méthodes hybrides sont envisageables, ainsi que des paiements à la performance. C’est un avis personnel, mais la mise en place de prototypes d’expérimentation de ces nouveaux systèmes permettrait d’en évaluer l’efficacité réelle, plutôt que d’en imaginer les résultats. Nous avons désormais tous les moyens pour le faire.

Le troisième axe est un sujet lui aussi d’actualité, la collaboration interprofessionnelle, qui permet aux soignants de s’inscrire dans un parcours vis-à-vis de pathologies aux facteurs de risques communs (Maladies Non Transmissibles). Enfin, des actions sur les comportements publics et industriels sont essentielles, des exemples applicables de mesures seront publiées prochainement dans le rapport. De récentes actions mises en place, telles que le brossage obligatoire dans les écoles, les taxes sur les produits sucrés, les changements de recettes dans les produits préparés peuvent avoir un impact non négligeable.

L’ensemble des participants a déclaré sa satisfaction vis-à-vis de ce groupe de travail, un deuxième plus spécifique est prévu pour l’année prochaine.

D’une manière générale, il est important que la profession s’empare de ces problématiques, forme des groupes de réflexions interdisciplinaires, et devienne force de proposition.

Nous espérons que le rapport pourra aider ces initiatives. C’est une ère très intéressante qui nous attend, avec de véritables chantiers, en termes de recherche, de changement, de santé publique et d’optimisation des systèmes de santé. Saisissons cette opportunité !

Des infographies complètes sont à retrouver ici et ici.


Mazevet

Marco Mazevet est diplômé en chirurgie dentaire (Université de Rennes 1) depuis 2016. Il est actuellement doctorant en Économie de la santé au King’s College de Londres, et chargé de recherche et développement pour l’alliance pour un futur sans caries (ACFF).

La démobilisation est-elle en marche ?

le 19-09-2017

Suite à la mobilisation du 14 septembre, Alaa Zeidan est allé à la rencontre de Mathieu Benichou, jeune praticien qui milite activement au sein des CCDeLi. Une interview réalisée en exclusivité pour Dentalespace et Dentistes de France.


Q: Mathieu, peux-tu s’il te plaît rapidement te présenter ?

R: Bien sûr. Je m’appelle Mathieu Benichou et je suis un jeune praticien très récemment thésé. J’ai été responsable du mouvement étudiant dentaire à Toulouse et j’ai participé au montage de la CCDELI (Cellule de Coordination des Dentistes Libéraux) 31. Je milite pour une dentisterie innovante et progressiste.

Q: Qu’est-ce qui t’a poussé à t’engager en faveur du mouvement dentaire ?

R: J’ai des parents médecins, ce qui fait que je connais très bien les problématiques auxquelles sont confrontés les professionnels de santé. Les politiques nous montrent régulièrement du doigt par rapport à la mauvaise prise en charge des soins et des prothèses dentaires, en n’hésitant pas à monter la population contre nous, tout en refusant de cibler les vrais responsables de cette situation, c’est-à-dire l’Assurance Maladie et les mutuelles. Il ne faut pas oublier que nous réalisons un travail intellectuel et technique, qui nécessite un investissement important pour la réalisation de nouvelles méthodes de soins et une rémunération à sa juste valeur. J’ai toujours plaidé pour l’innovation et l’entrepreneuriat des jeunes afin de ne pas être bloqué dans la même situation depuis 30 ans.

Q: Quel bilan dresses-tu des actions menées jusqu’à présent ?

R: Il y a eu deux phases. Au moment de la mise en place du règlement arbitral, il y a eu une mobilisation extraordinaire de la part des étudiants et des praticiens, du fait de la désinformation menée par certains responsables politiques. Puis, depuis l’annonce par la nouvelle Ministre de la Santé du report d’un an de l’application du règlement arbitral juste avant les vacances d’été, on note une démobilisation liée à la complaisance de certains et de ce fait, il est plus difficile de continuer à mobiliser les autres.
Tant qu’on a du poids pour négocier, il faut utiliser chaque jour au cabinet pour mettre la pression sur les politiques car sinon, il sera trop tard.

Q: Quelles actions sont envisagées pour la suite ?

R: Lors de la visite à Toulouse d’Emmanuel Macron le 11 septembre dernier, j’ai pu pendant 10 minutes discuter avec un de ses très proches conseillers au sujet de la politique de santé bucco-dentaire, et il semblait ne pas être au courant des différentes problématiques. Je lui ai remis une lettre pour le Président de la République avec un dossier comportant un article sur le véritable coût des soins dentaires (matériel, investissement) ainsi qu’un comparatif avec les autres pays européens.

Par ailleurs, nous avons prochainement rendez-vous avec Corinne Vignon, une député LREM de Toulouse qui est également membre de la Commission des Affaires Sociales à l’Assemblée Nationale. Les candidats aux dernières législatives n’étaient pas au courant des conséquences du règlement arbitral (coût, emploi) car beaucoup nous voyaient plus comme des revendeurs que comme des soignants.
Il est envisagé de fermer les cabinets dentaires durant la semaine du congrès de l’ADF, afin d’encourager les médias à s’intéresser aux innovations technologiques dans le milieu de la dentisterie. D’autres actions peuvent être prévues selon l’évolution des négociations en cours.

Q: Quelle vision as-tu de la politique de santé bucco-dentaire en France ?

R: La profession se complaît depuis plus de 30 ans sans prendre suffisamment de recul, en voulant surtout réaliser de la prothèse.
Il faudrait réaliser un Grenelle de la dentisterie auquel prendrait part les praticiens, les syndicats dentaires, le gouvernement, l’Assurance Maladie et les mutuelles.
Il faut favoriser les patients assidus par rapport à la prise en charge, afin de responsabiliser l’ensemble de la population. Pour cela, il faut vraiment mettre l’accent sur la prévention en la menant à sa juste valeur (tests salivaires et bactériens, translumination des caries, bilan M’Tdents tous les ans,…). Le reste à charge diminuera ainsi naturellement, car il y aura automatiquement moins de prothèse à réaliser. Un panier de soins pris en charge intégralement selon l’âge doit être mis en place.
Les politiques disent tous qu’ils sont en faveur de la prévention : ok mais allons-y jusqu’au bout !


Cette interview a été réalisée par Alaa Zeidan en exclusivité pour Dentalespace et Dentistes de France.

Speed Dating avec Michel Abbou — « Les fabricants proposent, les praticiens disposent »

le 19-04-2017

Interview de Michel ABBOU par Dentalespace

DE : Bonjour Dr ABBOU. SICTmieux et DSD… Voilà 2 sigles qui commencent à sonner familièrement aux oreilles des dentistes francophones…

MA : Oui et tant mieux, car je me suis donné beaucoup de mal pour cela, aux dépends de mon exercice professionnel et un peu de ma vie familiale depuis maintenant 3 ans.

DE : Dites-nous en quelques mots la genèse de ces 2 concepts…

MA : SICTmieux est une société privée dédiée à la formation continue des professionnels de l’art dentaire. J’ai en effet créé cette société car j’étais fatigué de me voir imposer – à titre de conférencier – des thèmes non choisis, selon des modalités et un calendrier non maîtrisés… Mais que j’étais souvent dans l’obligation d’accepter pour satisfaire un besoin de communiquer dans mon domaine de prédilection (l’implantologie). Devenant le chef d’orchestre des programmes scientifiques de la société organisatrice, je pouvais ainsi non seulement choisir les thèmes et les moments de communiquer, en phase avec mes envies et disponibilités, mais je choisis aussi – luxe suprême – les noms et qualités des partenaires impliqués dans cet enseignement.

Le DSD (Dental Speed Dating) est un concept qui m’est venu à l’esprit alors que j’étais en recherche d’un nouveau mode d’enseignement qui permettrait aux praticiens que nous sommes de s’enrichir des apports de l’industrie dentaire en arborant clairement et sans hypocrisie le facteur de conflit d’intérêt, dans la mesure où les leaders industriels se voient exposés en toute transparence leurs matériels et innovations à travers l’expérience de praticiens chevronnés, eux-mêmes en concurrence réciproque sur le même plateau et au même moment. Cette « battle » thématique est pimentée par la difficulté d’argumenter en 10 minutes chrono sur des sujets qui pourraient l’être en plusieurs heures.

DE : Concrètement, comment mesurez-vous le chemin parcouru ?

MA : C’est très simple : je suis parti tout seul et de zéro, avec les encouragements de certains et les mises en garde d’autres. J’ai eu la chance de pouvoir fédérer autour de mon 1er concept « CONFERENCE TOUR 2014 » des conférenciers amis et talentueux qui m’ont permis d’accomplir ce challenge avec le soutien de partenaires industriels qui nous ont aussi accordé leur confiance sur la base de l’originalité et la richesse de ce programme. Depuis, nous n’avons jamais cessé d’être présents sur la scène de l’enseignement confraternel et je reconnais que le concept DSD y est pour beaucoup, puisque nous faisons salle comble à chaque session.

Notre popularité grandissante se concrétise notamment à travers notre site professionnel et s’est enrichie récemment de notre présence sur les réseaux sociaux (Facebook et LinkedIn).

DE : Votre actualité en 2017 ?

MA : Ce sera une nouvelle session DSD sur le thème des empreintes numériques. La date vient d’être entérinée (jeudi 22 juin 2017) et elle se déroulera comme d’habitude, en soirée, aux Salons de l’Etoile de l’hôtel Napoléon à Paris. Nous réunissons à cette occasion les principaux leaders du marché pour que les praticiens puissent assister à leur affrontement et se faire une idée précise et objective du pack matériel-service qui correspond le mieux aux besoins ou envies de chacun. Les praticiens intéressés peuvent d’ores et déjà s’inscrire en ligne.

Nous envisageons également une réédition du DSD qui avait été consacré aux systèmes lasers en mars 2016. Cette session présentera la double originalité de se réaliser en province d’une part et en après-midi d’autre part, afin de proposer plus de temps aux praticiens pour des travaux pratiques en live.

Enfin, notre succès grandissant suscite la curiosité et l’intérêt d’autres sociétés impliquées dans la formation professionnelle; ce qui nous conduira inévitablement à nouer des accords de partenariat avec certaines d’entre elles pour une synergie d’action et un service encore meilleur envers les professionnels de l’art dentaire.

DE : Merci Dr Abbou. Nous vous souhaitons donc bon vent pour ces nouveaux challenges professionnels et nous profitons de l’occasion pour vous remercier de votre contribution active à la rubrique « Paroles d’experts » qui rencontre un grand succès d’intérêt sur le site Dentalespace.