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Revue de littérature : diagnostic précoce du carcinome épidermoïde oral

le 17-07-2023

Introduction

Le carcinome épidermoïde oral constitue à lui seul 90% des tumeurs malignes de la cavité orale. Ces dernières étaient principalement les tumeurs malignes des glandes salivaires accessoires, les mélanomes et les lymphomes. Le carcinome épidermoïde de la cavité buccale donne souvent naissance à des nodules métastasiques. La diffusion lymphatique est intimement liée au stade T, à la profondeur de l’infiltration et à l’épaisseur de la tumeur. Ce cancer, qui occupe la 6è place mondiale par ordre de prévalence, est souvent mal diagnostiqué.

 

Cette revue vise à rappeler les bonnes pratiques pour un diagnostic précoce de ces lésions.

 

Facteurs de risque du carcinome épidermoïde oral

Les facteurs de risque les plus rapportés dans la littérature sont(1-4) :
• une forte consommation de tabac
• le tabac chiqué
• la consommation d’alcool
• les inflammations chroniques de la muqueuse orale
• une haute prévalence de cancers oraux et/ou oropharyngés associés à l’HPV
• les traumatismes chroniques de la muqueuse orale par les dents et/ou les restaurations prothétiques
• des pathologies génétiques telles que la Xérodermie Pigmentosum, l’anémie de Fanconi et l’ataxie-télangiectasie dû à un déficit des mécanismes de réparation de l’ADN
• des déficiences immunitaires
• une hygiène orale défaillante

 

Les symptômes les plus observés

Les sièges de prédilection des carcinomes épidermoïdes par ordre de prévalence sont le plancher oral, suivi par les 2/3 antérieurs de la langue, la gencive mandibulaire, la gencive maxillaire, la muqueuse buccale et le palais(1,2) .

Le symptôme le plus fréquent d’une lésion néoplasique est l’apparition d’une ulcération au niveau de la cavité orale, l’induration du fond de la lésion et l’adhésion au plan sous-jacent. La lésion peut présenter un écoulement sanglant et/ou purulant et peut même contenir des zones nécrotiques.

Les symptômes accompagnateurs dépendent du stade de la tumeur. Les résultats des études décrivent une corrélation entre le stade de développement de la tumeur et le nombre de symptômes accompagnateurs qui apparaissent chez le patient atteint à savoir : le trismus, l’atteinte de la mobilité linguale et la paresthésie du nerf mandibulaire.

Dans 8,2% des cas, d’autres lésions muqueuses pathologiques coexistent dans la cavité buccale mise à part la lésion néoplasique telles que les leucoplasies, les dysplasies, les lésions papulaires hyperplasiques, le lichen plan et les stomatites prothétiques.

 

Le diagnostic précoce du carcinome épidermoïde buccal

Le diagnostic précoce du carcinome épidermoïde buccal commence par la détection des Lésions Potentiellement Malignes de la Muqueuse Buccale (LPMB)(1,2,4). Ce sont des lésions orales suspectes qui précèdent le déclanchement d’un processus malin. il faut noter que la majorité de ces lésions ne se transforment pas en lésions malignes.

La détection précoce de ces lésions rentre dans le cadre de la prévention secondaire du cancer de la bouche. L’examen clinique reste la méthode conventionnelle pour les identifier mais les reconnaître cliniquement peut constituer un challenge pour la majorité des praticiens.

 

Les différentes LPMB 

 

Les leucoplasies :

 


Fig. 01 : leucoplasie verruqueuse sur la surface buccale droite. Source : ©National Library of Medicine.

 

La leucoplasie est une lésion essentiellement idiopathique définie par l’OMS comme étant « une plaque ou un placard blanc qui ne peut être défini, cliniquement ou pathologiquement, comme étant une autre maladie ». Elle n’implique pas la présence ou l’absence d’une dysplasie épithéliale. Le diagnostic différentiel se fait avec toute lésion blanche de la muqueuse buccale dont la cause peut être définie telles que les lésions traumatiques locales, les candidoses, le lichen plan…

Elles sont classées en lésions homogènes (généralement bénignes) et non-homogènes (plates avec des zones proéminentes, rouges et blanches, nodulaires, exophytiques papulaires/verruqueuses).
La Leucoplasie Proliférative Verruqueuse (LPV) est rare mais à de très haut risque de transformation maligne décrite de 60% à 100%.

 

Il est primordial de savoir la reconnaître via les critères suivants :
• lésion leucoplasique présente sur plus de 2 sites buccaux, le plus fréquemment sur la gencive, les procès alvéolaires et le palais
• présence d’une zone verruqueuse
• lésions qui se sont étendues ou agrandies au cours de l’évolution de la maladie
• récurrence dans une zone précédemment traitée
• exclusion de l’existence d’un carcinome épidermoïde invasif par biopsie

 

 

Les érythroplasies :

 


Fig. 02 : zone érythroplasique située à l’arrière du palais dur, révélant une dysplasie sévère et un carcinome in situ lors de l’examen histopathologique. Source : ©National Library of Medicine.

 

Elles se présentent sous forme de lésions rouges bien définies avec une texture veloutée et de façon beaucoup moins fréquente, la lésion peut présenter des zones blanches pour prendre le nom d’une leucoérythroplasie.

Le diagnostic différentiel se fait avec les candidoses, le lichen plan, les mucosites et le lupus érythémateux systémique. Le site de prédilection est le palais mou suivi par la face ventrale de la langue, le plancher oral et le pilier amygdalien. Il s’agit dans la plupart des cas d’une seule lésion accompagnée d’une sensation de brûlure/douleur.

 

 

Le lichen plan oral : 

 

Fig. 03 : stries réticulaires blanches sur la muqueuse de la joue droite chez un patient atteint de lichen plan buccal confirmé histopathologiquement. Source : ©National Library of Medicine.

 

Le lichen plan est une maladie inflammatoire chronique immunologique qui affecte surtout les femmes entre 30 et 60 ans.
Il peut se manifester de différentes manières et les sous-types peuvent être classés comme suit :
• réticulaire, le plus courant, caractérisé par des stries de Wickham et des plaques ou papules hyperkératosiques,
• papulaire, en plaque, atrophique, érosif avec des zones d’ulcération associées à des stries blanches kératosiques, et bulleux, avec des bulles qui peuvent se rompre et entraîner une ulcération.

La forme en plaque est souvent confondue avec la leucoplasie ce qui souligne l’importance de la biopsie.

 

 

La fibrose sous-muqueuse :

 

Fig. 04 : zone de leucoplasie située sur la bordure droite de la langue avec une dysplasie sévère confirmée histologiquement. Source : ©National Library of Medicine.

 

La fibrose sous-muqueuse est une lésion fibrotique chronique de la muqueuse buccale. Elle est probablement l’expression d’une cicatrisation excessive en réponse à des agressions chroniques de la muqueuse, qu’elles soient mécaniques ou chimiques.
Cette lésion est largement reconnue comme ayant un potentiel malin, avec un taux de transformation estimé à 9%. La fibrose sous-muqueuse se caractérise par la perte d’élasticité dans les tissus affectés, entraînant la formation de bandes fibreuses palpables pouvant affecter la mobilité de la langue et limiter l’ouverture de la bouche.

 

 

L’inflammation chronique : 

 

Fig. 04 : multiples zones d’érythroplasie avec ulcération dans la muqueuse buccale gauche ; diagnostic d’un carcinome épidermoïde invasif, provenant d’un ulcère traumatique chronique causé par la morsure de soi. National Source : ©National Library of Medicine.

 

L’irritation chronique de la muqueuse est reconnue comme facteur étiologique du cancer buccal. L’inflammation chronique associée entraîne la libération de médiateurs tels que les cytokines, conduisant à un stress oxydatif et à des dommages ultérieurs à l’ADN cellulaire, ce qui entraîne un processus cancérogène.

 

 

La flore orale et le cancer : 

Il est bien établi que l’hygiène bucco-dentaire est souvent particulièrement déficiente chez les patients atteints de cancer buccal. Des preuves récentes montrent qu’il existe plusieurs associations entre les bactéries buccales, principalement issues de biofilms pathogènes et la carcinogenèse buccale.

Les interactions biologiques entre les activités des bactéries des biofilms buccaux, telles que fusobacterium nucleatum et porphyromonas gingivalis et les cellules épithéliales sont impliquées dans cette association.

 

 

Autres lésions potentiellement malignes : 

D’autres lésions prémalignes possibles de la muqueuse buccale comprennent le lupus érythémateux discoïde, la kératose actinique (limitée au cancer des lèvres), des affections héréditaires telles que la dyskératose congénitale et l’épidermolyse bulleuse, ainsi que les infections chroniques à Candida.

 

 

Signes à chercher pour un diagnostic précoce

Les signes et symptômes les plus courants du cancer de la muqueuse buccale comprennent :
• les ulcères buccaux persistants et/ou une douleur
• les modifications localisées de l’apparence de la muqueuse buccale
• les modifications localisées de la consistance de la muqueuse buccale
• une tache persistante blanche, rouge ou mixte (blanche et rouge) sur la muqueuse buccale
• l’élévation ou plaque dans la muqueuse buccale
• une masse ou croissance persistante dans la muqueuse buccale
• une zone de saignement localisée dans la muqueuse buccale

 

 

Guide du praticien pour le diagnostic précoce du cancer oral : 


Fig. 05 : schéma clinique permettant d’aider le praticien à anticiper le diagnostic du cancer de la bouche et d’autres maladies et affections de la muqueuse. Source : ©National Library of Medicine.

 

 

Le carcinome épidermoÏde chez les jeunes non-fumeurs

Une étude publiée dans le journal « Oral Oncology » (volume 127, avril 2022), met en lumière une révélation qui brise les normes en rapport avec le cancer épidermoïde oral chez les jeunes patients non-fumeurs(5).

Le principal facteur de risque de développement du Carcinome Épidermoïde de la Cavité Buccale (CECB) est le tabagisme. Le CECB survient généralement chez les patients de plus de 40 ans, avec une prédominance chez les hommes.
Cependant, des études épidémiologiques montrent maintenant une augmentation du CECB chez les patients jeunes, de sexe féminin, qui ne déclarent aucun antécédent de tabagisme (Jeunes Non-Fumeurs ; JNF). L’étiologie et le comportement biologique chez ces JNF ne sont pas bien définis. Le pronostic oncologique est perçu comme étant plus mauvais chez les JNF atteints de CECB.

Les JNF atteints de CECB présentent une survie plus faible que leurs homologues jeunes fumeurs en raison d’une incidence plus élevée de récidives régionales et à distance.

Un système immunitaire affaibli pourrait être en partie responsable du développement du CECB et des résultats moins favorables chez les JNF, bien que des études supplémentaires soient nécessaires pour confirmer cette hypothèse.

 

Références bibliographiques

(1) Abati.S et al – Oral Cancer and Precancer: A Narrative Review on the Relevance of Early Diagnosis
International Journal of Environmental Research and Public Health, Décembre 2020.

(2) Rutkowska.M et al – Oral cancer: The first symptoms and reasons for delaying correct diagnosis and appropriate treatment
Advances in Clinical end Experimental Medicine.2020;29(6):735-743.

(3) Bouaoud.J et al – Unmet Needs and Perspectives in Oral Cancer Prevention
Cancers.Apr 2;14(7):1815. Avril 2022.

(4) Adeola.H.A et al – The Practicality of the Use of Liquid Biopsy in Early Diagnosisand Treatment Monitoring of Oral Cancer in Resource-Limited Settings
Cancers.Feb.23;14(5):1139. Février 2022.

(5) Valero.C et al – Young non-smokers with oral cancer: What are we missing and why?
Oral Oncology,Volume 127,105803,Avril 2022.

 


Cet article vous est proposé par l’équipe Dentalespace.

Le comportement des Français vis-à-vis de la prévention bucco-dentaire

le 31-05-2023

L’OMS (Organisation Mondiale de Santé) définit la prévention comme étant « l’ensemble des mesures visant à éviter ou à réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps ». Alors que la France investit actuellement 222€ par an et par habitant dans la prévention santé, la Cour des Comptes constate un faible impact et une adhésion médiocre des Français aux programmes de prévention. C’est dans ce cadre que Mercer Marsh Benefits présente sa série dédiée à la « Prévention Santé » en commençant par ce premier baromètre de prévention bucco-dentaire.

 

Pourquoi la santé bucco-dentaire ?

La santé bucco-dentaire peut avoir des répercussions significatives sur la santé globale des individus, en particulier dans les cas de diabète, de maladies cardiovasculaires et de maladies pulmonaires. Ces conditions sont étroitement liées à l’état de santé bucco-dentaire, soulignant ainsi l’importance d’une prise en charge adéquate de la santé de la bouche et des dents pour prévenir et gérer ces problèmes de santé. De plus, les dépenses en santé bucco-dentaire représentent 25% des dépenses des complémentaires santé.

 

 

Les Français et la prévention bucco-dentaire

Il est indéniable que le comportement des Français en matière de santé bucco-dentaire offre encore des opportunités d’amélioration significatives.

Les indicateurs de l’analyse menée par Mercer Marsh Benefits démontrent que le comportement vis-à-vis de la santé bucco-dentaire est principalement influencée par des facteurs socio-économiques, bien que l’accès aux soins dentaires joue un rôle ; celui-ci est de bien moindre importance. Il convient de rappeler que le financement des soins dentaires ne devrait plus constituer un obstacle, grâce aux réformes du contrat responsable et du 100% santé.

En France, pour améliorer la santé bucco-dentaire, il est donc urgent et prioritaire de sensibiliser les Français aux enjeux et aux conséquences d’une mauvaise hygiène dentaire.

 

 

Les bonnes pratiques de prévention bucco-dentaire

Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), il est vivement conseillé de consulter régulièrement un chirurgien-dentiste.
En pratique, les dentistes recommandent généralement une visite annuelle, bien que la fréquence puisse être adaptée en fonction des besoins spécifiques de chaque individu. Une consultation régulière chez un chirurgien-dentiste permet également de réduire considérablement le risque d’endocardite infectieuse.

 


 

Cet article vous est proposé par l’équipe Dentalespace.

Brossage électrique sonique et enseignement de l’hygiène

le 13-02-2023

L’enseignement du contrôle de plaque est indispensable et les techniques de brossage sont nombreuses. Mais comment les enseigner ?

 

 

Plusieurs méthodes de brossage manuel ont fait la preuve de leur efficacité. Cependant, l’avantage du brossage électrique est que les brins de la brosse à dents sont mécaniquement mis en mouvement ce qui permet d’améliorer l’efficacité tout en simplifiant le processus pour le patient. La méthode est donc plus simple à maÎtriser car il suffit de laisser la brosse à dents travailler, à condition de bien la positionner et de passer suffisamment de temps sur toutes les surfaces dentaires accessibles.
Pour savoir comment correctement effectuer son brossage avec la brosse Sonicare DiamondClean, nous vous conseillons de visionner cette vidéo.

 

fig-01-philips-nancy-brossageFig. 01 : brosses à dents électriques soniques Philips.

 

L’utilisation d’une brosse à dents électrique permet de réduire significativement la quantité de plaque dentaire et le saignement des gencives. La dernière revue Cochrane sur le sujet a d’ailleurs permis de le démontrer et de prouver sa supériorité sur la brosse à dents manuelle. Enfin, il ne faut pas oublier le nettoyage des surfaces dentaires proximales qui doit impérativement compléter le brossage, manuel comme électrique.

La méthode doit être choisie, enseignée et adaptée par le chirurgien-dentiste avec chacun de ses patients de manière personnalisée. C’est pourquoi il est très important que les chirurgiens-dentistes soient formés aux différentes méthodes de brossage de façon détaillée et pratique tout au long de leur cursus.

 

À la faculté de chirurgie-dentaire de Nancy, l’enseignement du brossage commence dès la rentrée de 2è année : brossage manuel, électrique, interproximal. Les étudiants mettent en application chacune des technologies sur eux-mêmes au cours de plusieurs TP afin d’apprendre les différentes méthodes. Tester et maîtriser les méthodes reste la première étape et le meilleur moyen pour conseiller un patient de façon précise et pertinente.

 

fig-02-philips-nancy-brossageFig. 02 : TP brossage électrique 2è année.

 

En 3è année, les méthodes de brossage électrique sont approfondies. D’une part, sur des modèles pédagogiques pour apprendre à le réaliser chez des patients porteurs d’appareils orthodontiques. D’autre part, en revoyant par binôme toutes les méthodes d’hygiène orale enseignées avec un étudiant jouant le rôle de patient et l’autre celui de praticien. Cette méthode permet d’apprendre à expliquer ces techniques au patient et au besoin de corriger sa gestuelle. Le matériel distribué aux étudiants lors de ces TP leur permet de le tester tous ensemble en salle de travaux pratiques puis chez eux afin de parfaire leur technique.

 

Enfin, à partir de la 4è année, les étudiants mettent en application cet enseignement auprès des patients pris en charge au service d’odontologie du CHU de Nancy. Ils réalisent alors des séances d’enseignement au contrôle de plaque en odontologie pédiatrique, mais aussi auprès des patients adultes.

 

Si les enfants sont généralement réceptifs pour peu qu’on leur propose des solutions ludiques, l’enseignement de l’hygiène orale des adultes commence par l’anamnèse et l’examen clinique : fréquence de brossage, présence de plaque dentaire, d’inflammation gingivale, de caries, ou d’halitose par exemple. Viennent ensuite des échanges sur les bienfaits et les objectifs d’une bonne hygiène orale et la démonstration en bouche de la technique de brossage.

Comme chez l’enfant, l’utilisation de révélateur de plaque est un atout majeur pour aider le patient à améliorer l’efficacité de son brossage.

 


 

Cette vidéo vous est proposée par Philips.

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Le scellement des sillons

le 24-10-2022

Depuis quelques d’années en France, la maladie carieuse est en régression constante. Son étude montre qu’elle touche préférentiellement les faces occlusales des dents, puis les faces proximales, alors que les faces lisses dentaires sont beaucoup moins affectées. C’est pourquoi le scellement prophylactique des sillons, puits et fissures, a été mis en avant en tant que mesure de prévention.

 

Des zones de fragilité 

L’intérêt anatomique des sillons est double : en plus d’une augmentation du rendement masticatoire, ils constituent des voies d’échappement du bol alimentaire vers les sommets cuspidiens ou les crêtes marginales. Mais il s’agit aussi de secteurs anatomiques à risque. La Haute Autorité de Santé (HAS) met en garde en 2005 en définissant les sillons anfractueux comme des « sillons apparaissant profonds et étroits à l’examen clinique simple. En cas de sillons anfractueux, les versants cuspidiens possèdent souvent des lobes très marqués par des sillons secondaires. »
Ainsi les principales zones de congruence que l’on pourrait retrouver à la surface de l’émail d’une molaire sont :

• Les sillons principaux ou intercuspidiens
• Les sillons secondaires ou accessoires
• Les fossettes marginales situées aux extrémités des sillons principaux
• Les fossettes secondaires situées sur le trajet des sillons principaux

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Fig. 01 : vue occlusale d’une molaire permanente (HAS, 2005).

 

Un bon brossage semble utopique, les poils d’une brosse à dents aussi fins soient-ils, ne peuvent pas parvenir à accéder à ces fissures.

 

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Fig. 02 : schéma d’une molaire lors du nettoyage à l’aide d’une brosse à dents.

Plusieurs auteurs (Batchelor et al., 2004) ont démontré, dans une étude de cohorte de 20 000 enfants de 5 à 16 ans, que les zones les plus touchées par la carie sont la surface occlusale des premières molaires, puis le sillon vestibulaire des premières molaires mandibulaires, suivi des faces occlusales des deuxièmes molaires, leurs sillons vestibulaires pour les maxillaires et linguaux pour les mandibulaires ; ensuite seulement, sont concernées les surfaces proximales.

Le risque augmente même lors de la période d’éruption, c’est-à-dire le laps de temps entre l’apparition des pointes cuspidiennes dans la cavité buccale et son occlusion fonctionnelle. Elle est de 15 mois en moyenne pour la première molaire permanente et de 27 mois pour la deuxième molaire permanente (Ekstrand et al., 2003). Durant ce temps, la dent ne participe pas à la mastication, elle peut donc être soumise à une accumulation de micro-organismes, avant qu’elle ne soit fonctionnelle en occlusion (Opsahl Vital, 2012).

De plus, l’émail immature est plus poreux ce qui le rend plus cariosusceptible. Avec le temps, la minéralisation de l’émail augmente, il devient moins perméable et plus résistant à la lésion carieuse. Pour que la maturation des molaires permanentes soit complète, il faut compter 2 à 3 ans. Elle s’opère à travers des changements physiques et chimiques.

 

Une thérapeutique préventive 

Dans ce contexte, le chirurgien-dentiste tient un rôle primordial, celui de devoir identifier le plus rapidement possible les patients à risque et d‘instaurer un plan de traitement adéquat pour éviter l’apparition, voir la progression de la maladie carieuse.

Après une stratégie de prévention primaire collective en France, la prophylaxie individuelle en dentisterie pédiatrique s’est de plus en plus développée. C’est en 2001 que le scellement prophylactique a été inscrit à la Nomenclature Générale des Actes Professionnels (NGAP) et donc admis au remboursement par les caisses d’assurance maladie. Actuellement, la Classification Commune des Actes Médicaux (CCAM) définit le scellement prophylactique des puits, sillons et fissures comme un acte de prévention indiqué en cas de risque carieux et précise que « sa prise en charge est limitée aux 1ères et 2èmes molaires permanentes et peut intervenir qu’une fois par dent et avant le seizième anniversaire ».

L’HAS détermine cette thérapeutique comme « un acte non invasif visant à combler les sillons avec un matériau adhésif fluide qui réalise une barrière physique étanche, lisse et plane qui s’oppose à l’accumulation de plaque bactérienne au contact de la surface amélaire protégée, et qui prévient ainsi la déminéralisation acide à ce niveau ». Il est indiqué sur les molaires permanentes des sujets à Risque Carieux Individuel élevé (RCI élevé) et sur les molaires permanentes anfractueuses quel que soit le risque carieux (HAS, 2005). Certaines associations, comme l’Académie Américaine de Pédiatrie (AAP) et la Société Française d’Odontologie Pédiatrique (SFOP), étendent leurs indications aux molaires temporaires et aux autres dents permanentes mais leur niveau de preuve est faible (Droz et al., 2004 ; Muller-Bolla et al., 2013).

 

Si une lésion carieuse limitée à l’émail est observée, le scellement reste recommandé, mais l’ouverture des sillons n’est pas préconisée. La prévention secondaire consiste à stopper la progression des lésions carieuses occlusales non cavitaires. L’objectif est de supprimer le biofilm présent et inhiber l’initiation ou la progression de lésions carieuses en bloquant l’apport nutritionnel.

En cas de suspicion de caries dentinaires, il conviendra de nettoyer la lésion à l’aide d’une fraise ou d’air-abrasion et d’utiliser un matériau de restauration. On sort alors du cadre définit.

 

Leur effet bénéfique sur des dents saines est de 4,5%, sur des lésions initiales cette thérapeutique augmente l’incidence à 41%, soit quasiment une multiplication par 10 (Nowak et coll., 2019). Il a été montré que le pourcentage annuel de progression des lésions carieuses au niveau des sealants placés sur lésions non cavitaires est de 2,6%, ce pourcentage s’élève à 12,6% sur des dents non scellées (Griffin et coll., 2008). L’efficacité de cette thérapeutique est liée à la rétention et à l’étanchéité du biomatériau utilisé, donc au respect d’un protocole rigoureux, c’est-à-dire sous digue ou à quatre mains avec une aspiration chirurgicale continue et rouleaux de cotons salivaires.

 

Les contre-indications du scellement de sillons

Quelques contre-indications relatives existent :
L’isolation impossible, qui pourrait compromettre la réussite du traitement. La temporisation par application de fluorures est alors recommandée.
• Le scellement de dents temporaires à un stade avancé de rhizalyse.
• Les lésions carieuses dentinaires cavitaires atteignant le tiers dentinaire (ICDAS 5/ICDAS 6).

 

Une seule contre-indication absolue est relevée, l’allergie à un des composants du matériau de scellement (Kühnisch et coll., 2010 ; Muller-Bolla, 2018).

 

Actuellement, la résine composite s’impose comme le matériau de choix lorsque les conditions optimales sont réunies (bonne coopération, isolation satisfaisante de la dent, respect rigoureux du protocole…). Néanmoins, le CVI par sa facilité d’utilisation et sa tolérance à l’humidité tend à s’affirmer et n’apparaît plus seulement comme un second choix ou un compromis.

 

L’ajout de fluorures aux biomatériaux cherche à établir une barrière chimique supplémentaire. La présence d’ions fluor entraîne à la fois une réduction du risque de déminéralisation et une accélération du processus de reminéralisations. Malheureusement, il a été montré que ces fluorures sont relargués sur une durée relativement courte et qu’aucune différence significative de leur taux n’est observée avant et après la pose des scellements (Simonsen et Real, 2011).

 

La recherche du matériau idéal est toujours en cours, les évolutions sont nombreuses et les études pour simplifier les protocoles constantes. L’International Caries Detection and Assessment System (ICCMSTM), a défini une stratégie de prise en charge totalement personnalisée et adaptée au patient dans son guide « Le CariesCare ». Le praticien est complétement guidé dans sa gestion du patient en fonction de ses besoins.

Retrouvez ici le cycle des 4D – guide pratique du CariesCare (Beltran et coll., 2019).

 

Le scellement des sillons, puits et fissures des molaires permanentes s’inscrit dans une démarche préventive globale. En aucun cas, cet acte ne doit délaisser les autres moyens de prévention des lésions carieuses. Le praticien doit faire prendre conscience à l’enfant ainsi qu’à ses parents qu’il est nécessaire de maintenir une très bonne hygiène bucco-dentaire et alimentaire, mais aussi des visites de contrôle régulières afin de mettre en place toutes les mesures nécessaires à une bonne prise en charge du risque carieux.

 


 

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Santé générale et santé parodontale : de la tête aux pieds ! (Saison 1)

le 19-07-2022

Retour sur le webinar Oral-B du 27 juin 2022 sur le thème « Santé parodontale et santé générale : de la tête aux pieds ! ».

 

 
Ce webinar se focalise sur le bénéfice du diagnostic et du traitement dans la réduction des facteurs de comorbidité pour les pathologies cardiovasculaires, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, la maladie de Parkinson et la grossesse.

Les intervenants, quatre spécialistes et trois chirurgiens-dentistes, se sont rencontrés pour mettre en perspective les liens entre la santé bucco-dentaire et la santé générale.

 

Les intervenants

Au cours de ce webinar, le Pr. Martine Bonnaure-Mallet, parodontiste et présidente du Groupe Réflexion Paro-Médecine (GRPM) introduit la conférence avant de laisser place aux spécialistes qui se relayeront pour échanger avec les parodontistes : Dr. Jean-Marc Dersot et Dr. Marie-Laure Colombier.

La première spécialiste invitée est le Dr. Manon Auffret, chercheuse en neuroscience et pharmacienne, qui intervient sur les maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et de Parkinson.
La neurologue et chercheuse Dr. Giuseppina Caligiuri nous parle ensuite des maladies cardiovasculaires, suivie par le Dr. Carmen Stefanescu, gastro-entérologue, hépatologue et chercheuse, qui oriente son intervention sur les maladies chroniques de l’intestin. Enfin, le Dr. Pierre-François Ceccaldi, gynécologue-obstétricien, présente les liens entre la grossesse et les maladies parodontales.

 

L’enjeu de cette rencontre est de mieux comprendre les connexions qui existent entre la santé générale et la santé bucco-dentaire afin de prévenir les patients, de les accompagner et/ou de les rediriger vers les spécialistes compétents.

Venez découvrir l’intégralité du replay de cette incroyable émission, dès maintenant !

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Cette vidéo vous est proposée par Oral-B.

Océan Dentiste sensibilise les enfants à l’hygiène bucco-dentaire

le 19-07-2022

Du 20 juin au 1er juillet, l’association Océan Dentiste et son bateau Castor ont pris le large pour mener une mission de prévention en Bretagne nord. De Saint-Malo à Binic en passant par Dahouët, Loguivy, l’Île de Bréhat et Saint-Brieuc, leur équipe d’étudiants et dentistes bénévoles est intervenue dans les écoles et a accueilli les familles à bord dans le but de les sensibiliser à l’hygiène bucco-dentaire !

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Le projet Océan Dentiste

Océan Dentiste est un projet qui a été créé par le Dr. Antoine Gloanec (chirurgien-dentiste) et Chloé (conceptrice web), il y a maintenant 6 ans ! Ce projet alliant voile, santé et humanitaire a vu le jour après le constat de ses fondateurs : en France, 98% de la population est touchée par la carie dentaire et 80% souffre de maladies parodontales. Pour les enfants, le bilan est tout aussi inquiétant : 30% des enfants de 6 ans sont touchés par la carie dentaire. Par conséquent, il est impératif d’enseigner aux familles, et plus particulièrement aux enfants, les bonnes habitudes pour réduire les maladies bucco-dentaires.

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La mission d’Océan Dentiste 

En juin dernier, 18 étudiantes et dentistes bénévoles se sont relayées pendant 15 jours afin d’intervenir dans les écoles bretonnes et mener des sessions de prévention à bord de Castor, leur bateau. Un programme bien chargé attendait l’équipe qui a su relever le défi !

 

Au total, ce sont :

42 classes de primaires et maternelles visitées au sein de 17 écoles
3 journées de prévention à bord avec plus de 50 familles accueillies
900 enfants sensibilisés

 

Grâce à cette mission, Océan Dentiste aura atteint son objectif fixé en créant le projet : passer le cap des 20 000 enfants sensibilisés !

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L’engagement écologique

En parallèle de sa mission de prévention, l’association a décidé de mettre en place une opération inédite : une collecte de brosses à dents en plastique usagées dans le but de les recycler. Un succès total, puisqu’ils ont récolté plus de 300 brosses à dents !

Ces brosses à dents usagées seront envoyées à leur partenaire, Bioseptyl, qui s’occupera de les recycler afin d’en faire du mobilier urbain et notamment des bancs publics.

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Cet article vous est proposé par Océan Dentiste.

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Troubles des conduites alimentaires : mieux comprendre pour mieux traiter

le 28-06-2022

Nous avons le plaisir de vous présenter un extrait du replay du webinar organisé par Oral-B sur les Troubles des Conduites Alimentaires (TCA) et de la santé orale.
 

 

Les intervenants 

À l’occasion de ce webinar nous avons eu l’honneur d’accueillir Pierre Colon, Professeur des universités praticien hospitalier Université Paris Diderot, le Professeur Nathalie Godart, enseignante en psychologie des enfants et des adolescents et Présidente de la Fédération Française de l’Anorexie et de la Boulimie nerveuse (FFAB) et le Professeur Hélène Rangé qui enseigne en parodontologie et implantologie (Hôpital Rothschild, Paris).
Ces trois intervenants ont échangé sur la nécessité de mieux comprendre pour mieux traiter les troubles des conduites alimentaires.

 

Les TCA 

En effet, ces perturbations alimentaires sont aujourd’hui présentes chez près de 20% de la population à des degrés de sévérité différents et impactent à la fois la santé physique et psychique des patients.

Les deux troubles les plus connus et les plus dangereux sont l’anorexie mentale et la boulimie nerveuse. Il s’agit généralement de personnes qui ont un défaut de perception d’elles-mêmes ou d’estime de soi et qui souhaitent modifier leur image en contrôlant leur régime alimentaire. Ces personnes développent des techniques telles que les vomissements ou l’utilisation de laxatifs pour limiter leur consommation de nourriture. De telles pratiques sont très néfastes pour la santé en générale et surtout la santé orale. Par exemple, les reflux acides des vomissements à répétition attaquent l’émail et la dentine, ils entrainent des répercussions esthétiques sur les dents avec un raccourcissement de la longueur des incisives et des canines du secteur maxillaire. Ils ont parfois des répercussions au niveau fonctionnel car les rapports interarcades sont perturbés.

De nombreux autres exemples, cités dans l’émission, démontrent la dangerosité de ces techniques.

 

Retrouvez l’intégralité de la vidéo qui révèle les impacts de ces maladies sur la santé bucco-dentaire mais également pour savoir comment, en tant que chirurgien-dentiste, nous pouvons réussir à accompagner les personnes atteintes de ces troubles.

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Cette vidéo vous est proposée par Oral-B.

L’importance d’un beau sourire

le 01-02-2022

Introduction

Selon l’article L.4141-1 du Code de la Santé Publique, la pratique de l’art dentaire « comporte la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies congénitales ou acquises, réelles ou supposées, de la bouche, des dents, des maxillaires et des tissus attenants, dans le respect des modalités fixées par le code de déontologie de la profession ». Or tout art doit se conformer à des règles préétablies, permettant à une œuvre l’harmonie nécessaire pour qu’elle soit appréciée. La dentisterie peut-être ainsi considérée comme un art combiné à la science.

 

Depuis plusieurs années, le thème de l’esthétique a pris une place prépondérante en dentisterie. En effet, il a presque quintuplé sa proportion dans la production scientifique relative aux dents en trente ans. On est ainsi passé d’à peine plus de 1% des publications dans les années 1960-1970 à plus de 9% aujourd’hui. Dans les années 1990, le rythme de croissance fut même effréné, de 20 à 45% par an.

 

Esthétique

L’esthétique étant intrinsèquement liée à la subjectivité, cela donne à notre pratique toute sa complexité et sa beauté. Son évaluation va ainsi dépendre de plusieurs facteurs, et notamment de la personne qui va l’évaluer. Le sourire n’aura pas le même impact sur un dentiste, un orthodontiste ou un patient. Il est essentiel de prendre en compte à la fois nos connaissances médicales et les attentes du patient lors de nos consultations sous peine d’obtenir un sourire parfait mais ne répondant pas aux demandes du patient. Les défauts d’un sourire faisant aussi tout son charme, il faut donc faire appel à notre sens artistique et aux compromis afin d’imaginer le sourire le plus adapté à une personne.

 

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De nombreux facteurs entrent en jeu notamment la personnalité, le sexe et l’âge du patient. Par exemple, une personnalité douce se caractérisera par des dents de forme plus ronde et lisse, alors qu’une forte personnalité se caractérise par des dents carrées et un alignement plus rectiligne des bords incisifs. Une canine à la pointe émoussée conviendra mieux aux personnalités douces alors que les canines pointues seront mieux adaptées pour les personnalités plus agressives…

 

De même, les dents doivent s’accorder avec la forme du visage. Ainsi, un visage carré s’accordera mieux avec des dents carrées, un visage long avec des dents plus rectilignes et un visage triangulaire avec des dents de la même forme. La teinte s’adaptera aussi à l’ensemble du visage c’est-à-dire à la couleur des téguments, des cheveux… De plus les femmes ont souvent les dents moins saturées que les hommes. Enfin, une personne âgée ne présentera pas la même denture qu’un enfant.

 

L’importance du sourire

L’influence de la société sur l’individu peut se retrouver dans différents domaines. Il s’agit d’ailleurs d’une problématique mise en avant dès l’époque des Lumières, Rousseau considérant que la société pervertissait l’Homme, alors que Voltaire avait pour thèse que l’homme avait besoin de la société pour s’élever. À ce jour, on ne peut discuter de l’importance majeure de la société sur la vie d’une personne. Même si ces sujets sont soumis à controverse, l’apparence est un élément clé dans l’interaction sociale et le succès.

 

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Cela peut conduire à plusieurs phénomènes dont le conformisme, se définissant comme tout changement de comportement ou de croyance résultant de la pression réelle ou imaginée d’une majorité. De nombreux comportements sociétaux en découlent, notamment le désir d’appartenir à un groupe et donc de se sentir « inclus ». Le thème de l’apparence physique est devenu incontournable ces dernières décennies, avec l’essor des réseaux sociaux et de Hollywood. Il y a désormais un étendard de beauté que l’on cherche à atteindre.

 

Le visage et son sourire ont un rôle déterminant dans l’apparence globale et dans la façon dont les autres nous perçoivent. Et sachant que l’amour propre est un trait de la personnalité fondamental qui se développe par les expériences passées. Le physique a une contribution majeure dans l’acceptation de soi et affecte ainsi le sens de bien-être d’un individu. Ainsi, l’insatisfaction quant à son sourire a un effet important sur l’amour propre, notamment car ces personnes sourient moins, ont moins d’interaction avec autrui, et souffrent de complexes.

 

Les enfants considérés comme « moins beaux » se retrouvent même quotidiennement la cible de harcèlement. La perception d’autrui peut ainsi produire un environnement qui va affecter le développement social et intellectuel d’un individu. En effet, la personnalité d’un individu est influencée par son apparence, et sa confiance en lui. Or cette dernière se développe directement par l’observation de ce que les autres pensent d’elle.

 

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Nous aurions tort de diminuer l’importance d’un sourire esthétique. La bouche étant le centre de communication du visage, elle joue un rôle primordial dans l’expression faciale, l’apparence est essentielle à notre sociabilité. L’odontologie ne doit pas être sous-estimée lorsqu’il s’agit du bien-être global d’un individu, surtout en devenir…

 

La demande croissante esthétique peut s’expliquer par un schéma qui implique trois éléments moteurs : les nouveaux besoins correspondant au fait que la santé orale de la population s’est globalement améliorée. Comme le stipule la pyramide de Maslow : les besoins fondamentaux satisfaits, l’homme aspire à d’autres besoins, notamment l’esthétique. Or selon la définition de l’OMS, la santé est un état de bien-être complet et pas seulement l’absence de maladie. Les progrès techniques ainsi que les progrès conceptuels (nouvelles attitudes de prévention, économie tissulaire et perspective préservatrice, conception des préparations et du collage, reconnaissance de la doléance esthétique…) contribuant à cet essor.

 

Conclusion

En définitif, il est du devoir du chirurgien-dentiste de communiquer avec son patient, de cerner ses demandes tout en veillant à ce qu’elles ne soient pas irréalisables et l’informer de tous les traitements possibles. Car l’art dentaire est et doit rester un domaine de santé et ne pas devenir un commerce. Parce qu’un sourire implique bien plus de choses que l’on pourrait imaginer au premier abord. Nous aurions tort de sous-estimer son impact car le visage est ce que nous présentons au monde extérieur. Il détermine, du moins en partie, notre apparence et donc notre appartenance à la société dans laquelle nous vivons. Mais celui-ci a tendance à s’uniformiser…

À l’avenir, le chirurgien-dentiste aura ainsi encore plus de responsabilités : à la fois sur les plans technique et scientifique. Il devra rester ouvert aux nouveautés, se former et avoir un avis critique sur ces techniques. Mais aussi d’un point de vue moral, il devra ne pas céder aux sirènes du commerce.  En effet, la profession devient de plus en plus concurrentielle et chaque praticien doit, en son âme et conscience, respecter ces engagements de déontologie et d’éthique formulés lors de son serment d’Hippocrate.

 

Nous avons en France un système de santé qui malgré ces failles, reste à la pointe de la science. L’égalité dans l’accès aux soins est une priorité. Il serait particulièrement dommage de s’orienter vers un système de soins américain régit par la publicité.

Les lésions de la muqueuse orale à potentiel malin

le 18-01-2022

Introduction

Les lésions de la muqueuse orale à potentiel malin sont cliniquement diverses et hétérogènes. Les plus fréquentes sont la leucoplasie, le lichen buccal et les lésions lichénoïdes.

 

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Fig. 01 : les lésions de la muqueuse orale à potentiel malin les plus fréquentes. Dans l’ordre de gauche à droite : leucoplasie orale, lésions lichénoïdes buccales, lichen buccal.

 

Dans environ 8% des cas, ces lésions se transforment inopportunément en tumeur maligne.

Les autres facteurs de risque sont la dysplasie de haut grade qui ne peut être affirmée que sur une biopsie des lésions de la muqueuse orale à potentiel malin, le genre féminin, l’âge avancé du patient, le site anatomique et la taille de la lésion ou encore certaines maladies héréditaires sous-jacentes rarissimes.

Néanmoins, ces paramètres restent très imparfaits pour prédire le risque, ce qui justifie que nous devons œuvrer collectivement pour le développement de biomarqueurs.

 

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Fig. 02 : tumeur maligne.

 

En partenariat avec le Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon (CRCL), une enquête au sein du réseau de Recherche Clinique en Odontologie Libérale (ReCOL) a été initiée en juin 2021 pour dresser un état des lieux et chercher à définir la place du chirurgien-dentiste notamment de la prise en charge de ces lésions.

 

État des lieux 

Les freins au diagnostic et au suivi des patients présentant des lésions de la muqueuse orale à potentiel malin semblent être principalement un manque de connaissances sur le sujet, le sentiment de n’être pas légitime et de se situer à la croisée des spécialités.

 

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Fig. 03 : Enquête sur les freins pour diagnostiquer des patients présentant des lésions de la muqueuse orale à potentiel malin.

 

95,5% des répondants estiment qu’il y a besoin de standardiser les recommandations de prise en charge des patients présentant de telles lésions.

 

Plus de deux tiers d’entre eux (72%) sont partants pour participer à des projets de recherche sur le sujet.

 

Pour rebondir, le CRCL et ReCOL lancent un programme d’étude dont l’objectif est de constituer une collection clinico-biologique et d’apporter une contribution au développement d’outils digitaux pour le suivi.

C’est tous ensemble que nous pourrons relever le défi de la prévention du cancer de la cavité orale, et nous invitons toutes celles et ceux qui souhaiteraient s’associer à ce projet et qui ne sont pas encore membres du réseau ReCOL à nous rejoindre en se connectant sur le site recol.fr.

 


Cet article vous est proposé par ReCOL

 

Référence bibliographique

Warnakulasuriya S., Kujan O., Aguirre‐Urizar JM., Bagan JV., González‐Moles MÁ., Kerr AR, et al. – Oral potentially malignant disorders: A consensus report from an international seminar on nomenclature and classification, convened by the WHO Collaborating Centre for Oral Cancer.
Oral Dis 2021;27:1862–80.
https://doi.org/10.1111/odi.13704