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La prise de teinte numérique

le 22-02-2022

La perception en dentisterie est incroyablement complexe, mais nous pouvons raisonnablement avancer que c’est l’aspect de la restauration finale en bouche, validée par notre œil expert et par le regard du patient qui compte.

 

La bonne intégration en bouche est essentielle et la technologie numérique est là pour rendre cela possible, plus facilement, plus rapidement et de manière plus prévisible. Le teintier moderne devra être capable de nous guider d’une manière compréhensible et tangible dans la détermination de la couleur.

Optishade est le premier dispositif connecté simplement à votre smartphone pour le relevé de la couleur en bouche. Il vous permet, ainsi qu’à votre prothésiste, d’avoir le contrôle de la couleur de la restauration finale, que ce soit pour une couronne unitaire ou pour une réhabilitation complète.

 

La couleur n’est plus une question de perception et d’art, c’est désormais une question de chiffres et de science : la nouvelle ère de la dentisterie est née.

 

Pour en savoir plus et vous perfectionner dans la prise de teinte numérique, vous pouvez vous inscrire à une journée de formation sur « La couleur, un défi numérique » le samedi 2 avril 2022.

 

Cas clinique, la prise de teinte numérique

fig01-bisico-teinte

Fig. 01 : le patient consulte pour une douleur et une mobilité sur la 21. Le diagnostic radiologique montre une fracture verticale.

 

fig02-bisico-teinte

Fig. 02 : décision est prise d’extraire la dent et de placer un implant.

 

fig03-bisico-teinte

Fig. 03 : préservation post-extractionnelle. Nous préservons l’alvéole et la papille.

 

fig04-bisico-teinte

Fig. 04 : adaptation d’une partie de la racine de la dent extraite pour soutenir la gencive lors de la pose de l’implant.

 

Prise teinte Numérique Figure 05

Fig. 05 : relevé de la couleur avec Optishade sur la dent saine adjacente.

 

Prise teinte Numérique Figure 06

Fig. 06 : relevé de la couleur de la couronne réalisée au laboratoire. Notez la grande proximité avec le relevé de couleur en bouche.

 

Prise teinte Numérique Figure 07

Fig. 07 : comparaison directe entre le relevé en bouche et la couronne réalisée au laboratoire montrant une bonne correspondance (DE < 1,60).

 

Prise teinte Numérique Figure 08

Fig. 08 : Optishade est utilisé pour relever la couleur de la dent intacte adjacente que le prothésiste pourra reproduire en s’appuyant sur des valeurs tangibles et si souhaité en suivant la méthode Matisse en option.

 

fig09-bisico-teinte

Fig. 09 : implant placé et comblement de l’espace entre l’implant et l’alvéole avec la racine correctement adaptée.

 

fig10-bisico-teinte

Fig. 10 : la couronne de la dent extraite a été utilisée comme solution temporaire par collage aux dents adjacentes.

 

Prise teinte Numérique Figure 11

Fig. 11 : profil de la racine mise en forme grâce à la couronne définitive suite à la prise d’empreinte après 4 mois.

 

Prise teinte Numérique Figure 12

Fig. 12 : préservation de la papille.

 

Prise teinte Numérique Figure 13

Fig. 13 : mise en place de la couronne définitive. Remarquez le soutien des tissus mous par la forme de la racine.

 

fig14-bisico-teinte

Fig. 14 : résultat final de la restauration vissée. Bonne intégration globale au niveau du secteur antérieur.

 

« Grâce à une simple empreinte nous produisions une couronne unitaire tout céramique sur chappe Zircone. La forme est reproduite à partir de la couronne de la dent naturelle sauvegardée et employée en temporisation. L’emploi d’Optishade nous permet l’atteinte d’un résultat hautement esthétique et mimétique et l’option Matisse guide notre technique de stratification par la génération d’un recette optimale de poudres céramiques à employer. En utilisant Optishade, nous pouvons contrôler très simplement chaque étape en laboratoire, sans patient, ce qui améliore l’efficacité et la qualité de notre travail. » – Mr Daniele RONDONI

 


 

La prise de teinte numérique vous intéresse ? Inscrivez-vous à la formation du Dr Gregory Camaleonte et du prothésiste et Meilleur Ouvrier de France, Lionel Marslen, le samedi 2 avril 2022 :

Formation_La_Couleur_Un_Defi_Numerique_CAMALEONTE_MARSLEN_2_Avril_2022_C...

 

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MIH ? Vous avez dit MIH ?

le 17-02-2022

 

En 2022, quel praticien n’a pas encore entendu parler de Hypominéralisations Molaires Incisives (MIH) ? Quel praticien n’a pas croisé de MIH au cours des examens cliniques de ses patients ? Si l’acronyme anglo-saxon est connu de la plupart des chirurgiens-dentistes, l’anomalie et son cortège de caractéristiques demeurent encore un mystère pour un certain nombre.

 

Qu’est-ce que le MIH ?

Les MIH font référence à une anomalie de structure qualitative de l’émail dentaire qui concerne une ou plusieurs premières molaires permanentes, associée ou non à des lésions des incisives permanentes. Des opacités délimitées de l’émail, blanches, jaunes, ou brunes s’observent sur les dents concernées.

Les MIH constituent incontestablement le sujet du moment pour les raisons suivantes :

• Une présentation des critères diagnostiques relativement récente, en 2003
• Une prévalence élevée, de l’ordre de 15%, avec des sévérités néanmoins variables, en faisant une véritable problématique de Santé Publique
• Des étiologies non clairement identifiées, ne permettant pas une prévention efficace des facteurs de risque en amont
Des atteintes tissulaires à progression rapide en l’absence de thérapeutiques préventives efficaces
• Une anomalie affectant les premières molaires permanentes, piliers de l’arcade, et les incisives permanentes dans une majorité de cas occasionnant des désordres esthétiques à l’origine de problématiques psychologiques chez l’enfant ou l’adolescent, voir chez l’adulte

 

Cette émission a pour objectif de faire le point sur cette affection. Grâce à la participation de 4 experts, issus de 3 disciplines différentes, vous pourrez mieux comprendre les MIH, leurs étiologies potentielles, obtenir les clés pour établir un diagnostic correct, et aborder les aspects thérapeutiques, à la fois fonctionnels et esthétiques, qui posent régulièrement des problèmes chez l’omnipraticien.

 

Les conférenciers

Dr Elsa Garot, maître de Conférences des Universités et praticien hospitalier en Odontologie pédiatrique à l’UFR des Sciences Odontologiques de Bordeaux, responsable odontologie pédiatrique CCMR O-Rares au CHU de Bordeaux et chercheur permanent à temps partiel au Laboratoire PACEA, UMR 5199.

Dr Patrick Rouas, maître de Conférences des Universités à Bordeaux, praticien hospitalier au CHU de Bordeaux, chercheur permanent au laboratoire PACEA, UMR 5199 et président de la Société Française d’Odontologie Pédiatrique (SFOP).

Dr Romain Ceinos, maître de Conférences des Universités et praticien hospitalier en dentisterie restauratrice et endodontie, diplôme d’État de Docteur en Chirurgie Dentaire, diplôme d’Université d’Esthétique Buccale, doctorat d’Université Biologie Santé – Recherche Clinique et Santé Publique.

Dr Thomas Carat, spécialiste en orthodontie, exercice en cabinet libéral à Talence, ancien assistant hospitalo-universitaire à Bordeaux, attaché d’enseignement à l’Université de Bordeaux, membre titulaire du Collège Européen d’Orthodontie et président de la Société d’Orthodontie du Sud-Ouest.

 


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Prise en charge esthétique, conservatrice et multidisciplinaire du sourire

le 01-02-2022

Introduction

L’esthétique du sourire a pris une part extrêmement importante dans la société actuelle, de par l’évolution des réseaux sociaux notamment. Bon nombre de patients viennent en consultation esthétique en demande de facettes, sans connaître les différentes possibilités pour pallier à leur motif de consultation.

Le gradient thérapeutique, maintenant largement enseigné dès le début du cursus de la formation de chirurgien-dentiste, se doit d’être la référence en terme de réflexion d’un plan de traitement.

 

Étude de cas

Pour le cas présenté dans cet article, il s’agit d’une jeune patiente de 28 ans, complexée par son sourire depuis quelques années. Lorsqu’on l’interroge sur ses gênes esthétiques, elle nous fait part du défaut d’alignement dentaire et des collets au maxillaire, et de la teinte générale de ses dents.

 

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Fig. 01 : situation initiale.

 

Elle présente, au maxillaire, une rétroversion de 11 & 21 et une vestibulo-version associée à une rotation de 12 & 22. À la mandibule, une égression du bloc incisif avec un léger encombrement.

 

Le choix d’un traitement orthodontique est fait en 1ère intention. La demande étant uniquement esthétique et les mouvements à réaliser relativement simples, un traitement par gouttières invisibles est effectué (Invisalign). En fin de traitement, mise en place de contention par fil Memotain à la mandibule, et fil tressé au maxillaire temporairement en attendant le traitement par composite de 11, pour réaliser par la suite les gouttières de contention maxillaire et mandibulaire (port toute la journée pendant 4 mois, puis demi-journée pendant 4 mois, puis seulement port nocturne à vie).

 

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Fig. 02 : traitements orthodontiques. À gauche : pose de taquets. À droite : résultat après traitement Invisalign.

 

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Fig. 03 : traitements orthodontiques. À gauche : mise en place de contention par fil Memotain à la mandibule. À droite : fil tressé au maxillaire temporairement.

 

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Fig. 04 : situation après traitements orthodontiques.

 

Les gouttières Invisalign ont servi de réservoir pour le traitement d’éclaircissement externe les 2 dernières semaines.

 

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Fig. 05 : blanchiment dentaire.

 

Nous réalisons ensuite un composite stratifié sur chaque angle de la 11, avec une légère coronoplastie du bord libre de 21. La technique du « try-button » est réalisée en amont pour planifier la stratification. Le filtre polarisé sert à objectiver les teintes dentine, tandis que le filtre noir & blanc permet de relever la translucidité du composite émail.

 

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Fig. 06 : technique de composite « try-button ».

 

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Fig. 07 : coronoplastie et restauration composite.

 

Une nouvelle empreinte numérique est alors réalisée afin de demander au prothésiste (Sophie Dallem) un guide de gingivectomie pour l’alignement des collets, la dernière préoccupation de la patiente.

Il nous permet une chirurgie complétement guidée de la gencive avec la partie supérieure, et une ostéoplastie avec la partie inférieure. Ici, une ostéoplastie flapless a été réalisée avec des inserts ultrasoniques diamantés PK1 (conçus par Paulo Kano) sur CVDentus, donc la partie inférieure ne nous a pas été utile. La gingivectomie a été réalisée avec un bistouri électrique.

 

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Fig. 08 : guide de gingivectomie.

 

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Fig. 09 : gingivectomie au bistouri électrique.

 

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Fig. 10 : résultat de la gingivectomie.

 

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Fig. 10 : situation finale.

 

La patiente, initialement venue consulter pour des facettes, est ravie du résultat et ne souhaite rien de plus pour son sourire malgré la proposition d’un traitement ICON pour éliminer les taches blanches.

 

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Fig. 11 : avant-après.

 

Cette approche multidisciplinaire (orthodontie, soins conservateurs, éclaircissement, chirurgie muco-gingivale) est rendue possible par les nombreuses formations disponibles dans notre métier, avec un flux numérique toujours plus simplifié et avec un résultat prédictible.

Elle n’en reste pas moins possible avec plusieurs intervenants, si une bonne communication est mise en place.

Ce gradient thérapeutique permet également, en cas d’insatisfaction de la patiente à ce stade, d’obtenir un résultat encore plus harmonieux avec la réalisation de facettes par la suite.

 

Références bibliographiques

LAYAN P. – Élongation coronaire esthétique 2.0.
Aonews, Paris, 2021

Haili L., Haifang T., Tian Z., Na K. – Assessment of the periodontal health status in patients undergoing orthodontic treatment with fixed appliances and Invisalign system: A meta-analysis.
Baltimore, 2018

Alkahtani R., Stone S., German M., Waterhouse P. – A review on dental whitening.
J Dent. 2020

La Rosa GRM., Pasquale S., Pedullà E., Palermo F., Rapisarda E., Gueli AM. – Colorimetric study about the stratification’s effect on colour perception of resin composites.
Odontology. 2020

Orthodontie invisible, sourire visible

le 06-12-2021

Ces dernières années, il y a eu une vraie prise de conscience des patients pour l’esthétique du sourire. Cet engouement a fait exploser les demandes dans nos cabinets dentaires. Parallèlement, les techniques de dentisterie, mais également d’orthodontie, ont beaucoup progressées !

Les patients sont désormais en attente de traitements orthodontiques invisibles pour améliorer leur sourire.

 

 

L’orthodontie linguale

Le Dr Ons Alouini, orthodontiste, nous présente dans cette conférence comment l’orthodontie linguale a révolutionné sa pratique. Cette technique fiable et précise, permet de soigner toutes les malocclusions grâce à un appareil dentaire sur-mesure et invisible.

 

Les avantages de l’orthodontie linguale, pour le patient comme pour le praticien, sont multiples :

La préservation de l’émail. Tout comme dans un traitement orthodontique vestibulaire, il peut y avoir une déminéralisation de l’émail (en cas de mauvaise hygiène dentaire du patient) mais celle-ci est 10 fois moins importante en nombre et 10 fois moins importante en taille. C’est un critère indispensable !
La précision de cet appareil permet de contrôler le torque, ce qui est indispensable lors de certaines malocclusions, de cas avec extraction ou encore de cas avec diastèmes.
L’esthétique pour répondre à la demande des patients qui souhaitent un traitement invisible quand ils sourient et quand ils parlent.
• L’orthodontie linguale s’adapte à tous les types de malocclusions dès l’adolescence et quel que soit l’âge du patient.

 

En vidéo, Ons Alouini nous expose deux cas cliniques qu’elle a traité par orthodontie linguale.

 

Cette vidéo est un extrait du Facebook Live du mardi 12 octobre 2021.
Pour (re)voir l’intégralité des conférences, rendez-vous ici.

 


 

Ce Facebook LIVE vous est proposé par Oral-B.

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Comment devenir compétent en dentisterie esthétique ?

le 01-12-2021

Conférence sur la dentisterie esthétique par le Dr Hugues de Belenet. Il explique les méthodes pour restaurer sereinement un sourire, appliquer avec rigueur des protocoles parfaitement définis et communiquer un maximum d’informations au prothésiste.

 

 

Restaurer sereinement un sourire

A nos débuts, nous pensons naïvement que l’enseignement que nous recevons à la Faculté est suffisant, mais c’est loin d’être le cas… La restauration du sourire demande beaucoup de travail et nécessite une remise en question permanente. En tant que praticien, nous nous devons d’être intransigeants face aux besoins de nos patients tout en respectant le gradient thérapeutique décrit par les Drs Attal et Tirlet.

 

« Primum non nocere » – Hippocrate
Avant de penser à soigner vos patients, pensez à ne pas leur nuire.

 

Petit à petit, nous devons nous aventurer sur des terrains encore inconnus et de plus en plus périlleux : l’esthétique, la couleur, la luminosité de l’émail, la saturation de la dentine… En commençant, nous commettons des erreurs, c’est normal mais nous devons en tirer les leçons pour ne plus recommencer et s’améliorer sans cesse !

 

Instaurer un véritable dialogue avec le prothésiste

Il est impératif de développer une relation toute particulière avec notre prothésiste. L’ensemble des informations en notre possession doit lui être transmises pour lui donner envie de travailler sur notre cas grâce à des préparations de qualité.

Prendre en photos la teinte de la dent, la teinte du substrat, les provisoires, les empreintes des provisoires validés… Donner un maximum d’informations au prothésiste lui permet de s’appliquer au maximum. Le résultat en sera que meilleur !

 

Cette vidéo est un extrait du Facebook Live du mardi 12 octobre 2021.
Pour (re)voir l’intégralité des conférences, rendez-vous ici.

 


 

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MIH (Hypominéralisation Molaire Incisive), état des lieux et thérapeutiques

le 26-10-2021

Introduction

Le terme de MIH est apparu dans la littérature en 2001, il signifie : Molar Incisor Hypomineralisation. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un défaut qualitatif de la minéralisation de l’émail touchant au moins une première molaire permanente et selon la sévérité, associé ou non, à une hypominéralisation des incisives. En fonction de l’atteinte, on pourra également retrouver des hypominéralisations sur les 2è molaires et les canines permanentes dans environ 5 à 30% des cas.

Il n’y a pas de différence homme/femme et la prévalence mondiale est d’environ 15%(1). Même si la prévalence varie en fonction des pays, les biais de mesures en fonction des études peuvent être incriminés. De plus, des traces de MIH ont aussi été relevées sur des populations du moyen-âge(2). Cette pathologie est certes identifiée et de ce fait davantage diagnostiquée, mais elle ne date pas d’hier…
Les causes sont très complexes et multifactorielles. Toutefois, on pourra retenir des prédispositions génétiques auxquelles vont s’ajouter des mécanismes de régulation très complexes et une influence de l’environnement.

 

Tableau clinique

Le congrès de l’EAPD (Académie Européenne d’Odontologie Pédiatrique) a défini des critères de diagnostic en 2003. Des opacités délimitées, des fractures post-éruptives, des restaurations atypiques ainsi que des extractions de molaires(3). Le diagnostic différentiel doit surtout s’établir entre des amélogénèses imparfaites et des hypominéralisations d’origine traumatique pour les dents antérieures.
Cliniquement, les dents vont présenter des colorations blanches ou brunes opaques sur une partie ou sur toute la surface de la dent.

 

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Fig. 01 : incisives centrales atteintes de MIH.

 

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Fig. 02 : molaires atteintes de MIH (HSPM + MIH pour la figure gauche).

 

Cette atteinte peut être soit légère (émail blanc, opaque), soit modérée (coloration jaune, brune, surface crayeuse et effondrement post-éruptif de l’email ou PEB) ou enfin sévère (atteintes associées à des pertes de substances importantes). De plus, l’intégrité de la dent peut être aussi touchée.

Plus la MIH est sévère et plus le manque d’émail sera important donc plus les sensibilités/douleurs seront importantes aussi. Cette sévérité varie en fonction des personnes, mais également au sein des dents d’un même individu : on parle d’atteinte asymétrique. Toutes les dents ne sont pas touchées de la même façon et ne nécessiteront donc pas les mêmes types de soin.

L’équivalent en denture temporaire est appelée HSPM pour Hypomineralised Second Primary Molar(4).

 

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Fig. 03 : arcades maxillaire et mandibulaire d’un enfant atteint de HSPM.

 

Un enfant présentant une HSPM a 5 fois plus de risques de présenter également une MIH en denture permanente.

 

Thérapeutiques

Protéger

Les dents atteintes de MIH sont plus poreuses, plus sensibles et donc forcément plus sujettes aux atteintes carieuses. Il faut donc impérativement protéger ces dents et utiliser tous les moyens de prévention à notre disposition à ce jour. En plus d’une hygiène alimentaire et bucco-dentaire adaptée, des fluorations régulières au fauteuil et des scellements de sillons peuvent et doivent être mis en place très tôt. Même lorsque l’éruption des dents de 6 ans n’est pas complète, des techniques de scellement de sillons au CVI en technique « finger-press » sont très intéressantes en attendant des restaurations plus conventionnelles(5).

 

fig7

 

Fig. 04 : scellement de sillon au CVI (triage rose) ayant permis d’attendre l’éruption complète (sans atteinte carieuse, contrairement à la 5 présentant une atteinte occlusale).

 

Des thérapeutiques de désensibilisation en ambulatoire à l’aide de CPP-ACP (Tooth Mousse, MI Paste Plus), permettent de reminéraliser l’émail et de diminuer les sensibilités(6).
Enfin, des contrôles plus réguliers vont être nécessaires tous les 3 à 6 mois afin d’intervenir le plus tôt possible (protéger, réparer, soigner…) et ne pas laisser une situation se dégrader.

Soigner

Si en antérieur le préjudice esthétique n’est pas trop important et qu’il n’y a pas de perte de substance, il est conseillé d’attendre la majorité afin de réaliser un éclaircissement suivi de la technique d’érosion infiltration (ICON), plus ou moins une stratification de composite esthétique.
L’éclaircissement est interdit en dessous de 18 ans, mais c’est un préalable très intéressant à utiliser à la majorité. En dessous de 18 ans l’ICON seul peut aussi être utilisé ainsi que les techniques conventionnelles.

 

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Fig. 05 : traitement antérieur, éclaircissement bouche complète, ICON et stratification de
composite sur 11 (l’éclaircissement ayant suffit pour la 41).

 

Pour les secteurs postérieurs, en fonction du délabrement tissulaire (PEB ou consécutif à une atteinte carieuse), on optera pour des restaurations directes en composite ou indirectes de type onlay en céramique.

 

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Fig. 06 : traitement postérieur par résine composite.

 

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Fig. 07 : traitement postérieur par onlay céramique.

 

Même si en pédodontie, pour les restaurations indirectes, le composite est assez plébiscité, le fait de réaliser ces onlays directement en céramique permet non seulement de ne pas réintervenir à l’âge adulte mais également de ne pas avoir d’égression compensatoire ou de perte de DV due à l’usure prématurée du composite. De plus, si des thérapeutiques d’orthodontie doivent être mises en œuvre pendant la croissance, le collage sur de la céramique n’est plus un problème.

On notera toutefois qu’une dent atteinte de MIH n’a pas les même propriétés chimiques qu’une dent saine. Si la composition en elle-même reste inchangée, il existe une diminution du contenu minéral (prismes d’émail plus aplatis) et une augmentation du contenu protéique(7). Si des protocoles de collage doivent s’effectuer sur de l’émail non sain, déprotéiniser à l’aide d’hypochlorite pendant 1 minute après le mordançage augmente les valeurs d’adhésion.

Extraire

La décision d’extraction est la dernière alternative mais il est important de l’envisager en cas de délabrement très important des 6. Cette solution doit se prendre de concert avec un orthodontiste, ceci en fonction de la classe squelettique du patient, ou encore bien entendu, de la présence de germes des dents de sagesse. Leur absence ou encore un patient hypodivergent,  contre-indique cette solution. Si elle est retenue, il conviendra avant d’extraire les dents de 6 ans, d’attendre la formation de la furcation des dents de 12 ans pour favoriser leur translation ainsi que celle des sagesses. L’âge idéal étant donc entre 8 et 11 ans.

 

Conclusion

Les patients ayant cette pathologie présentent des hypersensibilités importantes entraînant de plus des difficultés d’anesthésie. Au préjudice esthétique antérieur s’ajoute un risque carieux plus élevé ainsi que des échecs thérapeutiques (adhésion, fracture…). Cela engendre une anxiété majorée chez les patients qui ont 10 fois plus de soins que la moyenne.
Pour toutes ces raisons, cette pathologie est considérée comme un problème de santé publique dans de nombreux pays.
Les thérapeutiques sont principalement tournées vers la prévention et un suivi rigoureux afin de mettre en place les solutions adaptées au moment opportun en fonction de la sévérité. Cela allant de simples protocoles de fluorations jusqu’à l’extraction des dents concernées. Le dépistage est donc important. Lors du diagnostic d’un patient, il conviendra d’examiner la fratrie ainsi que les parents.

 

Références bibliographiques

(1) Zhao et al. – The prevalence of molar incisor hypomineralisation : evidence from 70 studies.
Int J Paediatr Dent 2018; 170-9

(2) Garot E., Couture-Veschambre C., Manton D., Beauval C., Rouas P. – Analytical evidence of enamel hypomineralisation on permanent and primary molars amongst past populations.
Sci Rep 2017; 7: 1712

(3) Weerheijm KL., Duggal M., Mejàre I., Papagiannoulis L., Koch G., Martens LC., Hallonsten AL.  Judgement criteria for Molar Incisor Hypomineralisation (MIH) in epidemiologic studies : a summary of the European meeting on MIH held in Athens, 2003.
Eur J Paediatr Dent 2003; 3: 110-3

(4) Elfrink et al. – Hypomineralised second primary molaras: prevalence data in Dutch 5-year-olds.
Caries Res. 2008; 42(4): 282-5

(5) Bekes K., Amend S., Priller J., Zamek C., Stamm T., Krämer N. – Hypersensitivity relief of MIH-affected molars using two sealing techniques: a 12-week follow-up.
Clin Oral Investig 2021 Sep

(6) Bakkal M., Abbasoglu Z., Kargul B. – The effect of casein phosphopeptide-amorphous calcium phosphate on molar-incisor hypomineralisation: a pilot study.
Oral Health Prep. Dent. 2017; 15: 163-7

(7) Farah RA., Swain MV., Drummond BK., Cook R., Atieh M. – Mineral density of hypomineralised enamel.
J Dent 2010 Jan;38(1):50-8

L’alignement dentaire, 1ère étape du gradient thérapeutique

le 23-09-2021

Introduction

Depuis quelques années, un changement de paradigme replace l’économie tissulaire au cœur du métier de chirurgien-dentiste. Le gradient thérapeutique, décrit par Gil Tirlet et Jean-Pierre Attal en 2009, classifie les thérapeutiques de la plus conservatrice à la plus mutilante et donne un axe de réflexion quant au traitement à mettre en place.(1)

 

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Fig. 01 : gradient thérapeutique.

 

Cas clinique

Il n’est pas rare, de nos jours, que les patients arrivent au cabinet dentaire avec des demandes bien précises, mais il est de notre devoir de les aiguiller afin de répondre à leur demande, et ceci avec le moindre coût biologique. Par exemple, cette patiente est arrivée avec une demande de facettes. Elle avait au préalable consulté un orthodontiste qui lui avait proposé la solution optimale mais comportant une chirurgie… Une intervention que la patiente ne souhaitait pas réaliser et dont le déroulé et les complications peuvent parfois effrayer les patients.(2)

 

C’est pour cela qu’elle s’est présentée au cabinet avec une demande prothétique et non orthodontique. Or, dans la situation actuelle afin de redresser les axes, réaliser des facettes aurait été très mutilant. La vitalité pulpaire de certaines dents aurait été engagée. La demande de facettes n’a pas été refusée, mais un traitement par aligneurs en amont ainsi qu’un éclaircissement ont été proposés. À la fin de ces deux étapes, une réévaluation sera faite avec la patiente en fonction de sa satisfaction.(3)

 

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Fig. 02 : vues occlusales et frontales pré-traitement.

 

Cependant le prérequis, comme dans la plupart des cas de béance, est de diagnostiquer une dysfonction orale et en particulier une dysfonction linguale. En effet, la patiente présentait une succion digitale depuis l’enfance. Ce qui implique en amont, pendant et après le traitement, une prise en charge multidisciplinaire alliant orthophonie et kinésithérapie.(4,5)

 

De plus, vu l’angulation vestibulaire des incisives maxillaires et l’indication chirurgicale antérieure, des CBCT de contrôle ont été exceptionnellement réalisés pour ce cas, au début et à la fin du traitement pour s’assurer de la préservation d’une corticale vestibulaire.

En effet, même si en omnipratique la téléradiographie de profil est toujours bénéfique, elle n’est pas obligatoire et contrairement à des imageries 3D, on la trouve rarement au sein de cabinet d’omnipraticiens.(6)

 

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Fig. 03 : coupe sagittale de 11 et 21 pré et post-traitement.

 

L’intérêt de cette orthodontie digitale réside dans la prédictibilité et la reproductibilité des résultats, afin non seulement de contrôler les mouvements mais également de planifier les plans de traitements esthétiques en amont. Ceci permettant encore une fois à l’omnipraticien de proposer différents plans de traitements au patient. Ce dernier pourra choisir de façon éclairée, même si le praticien orientera pour la solution la plus conservatrice possible.(7,8)

 

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Fig. 04 : vue occlusale du plan de traitement virtuel ClinCheck (avec l’outil superposition nous permettant de voir l’évolution des positions dentaires).

 

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Fig. 05 : vues frontales pré et post-traitement.

 

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Fig. 06 : guidage antérieur post-traitement.

 

À la fin du traitement par aligneurs (permettant de corriger les positions dentaires de 5 à 5), un éclaircissement a été réalisé ainsi que deux petites gingivectomies sur les dents 22 et 23 dans le but de réaligner les collets. Les collets de 11 et 21 ayant été harmonisés uniquement grâce aux mouvements orthodontiques.

 

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Fig. 07 : vues occlusales et frontales post-traitement.

 

Finalement à l’issu de ce traitement, la patiente étant pleinement satisfaite de son sourire, elle ne souhaitait plus mettre en place une thérapeutique passant par des facettes en céramique. Un sourire retrouvé pour un coût biologique nul, aucun stripping n’ayant été réalisé et ceci en moins de 6 mois.

 

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Fig. 08 : sourire de la patiente avant et après traitement (alignement dentaire, éclaircissement et gingivectomies).

 

Dans de tels cas et pour la pérennité du traitement en plus de la prise en charge fonctionnelle, la contention (étape indispensable de tout traitement d’orthodontie) doit être encore plus optimale et elle sera conseillée à vie avec des contrôles réguliers.(9)

 

La demande du patient est primordiale mais il est de notre devoir en tant que praticien et dans le respect des données acquises de la science et du principe « primum non nocere », d’éclairer le choix de notre patient et de l’orienter vers les solutions les plus conservatrices possible.

L’orthodontie en tant que telle doit toujours être une première option dans la tête des praticiens, et ceci que l’on adresse ou pas. Cependant, dans les cas simples ou dans les refus de traitement plus longs, les techniques d’alignement pour l’omnipraticien sont des alliés de choix au service de la préservation tissulaire et du gradient thérapeutique.

 

Références bibliographiques

(1) Tirlet G., Attal J-P. – Le gradient thérapeutique un concept médical pour les traitements esthétiques.
Inf Dent 2009 Vol 91(41/42) : 2561-2568

(2) Olate S., Sigua E., Asprino L., De Moraes M. – Complications in Orthognathic Surgery.
J Craniofac Surg 2018 Mar;29(2):158-161

(3) Muller C. – Malpositions antérieures: la solution est souvent orthodontique.
Inf Dent 2009, Vol 91(41/42) : 2577-2582

(4) Lambrechts H., De Baets E., Nieuws S., Willems G. – Lip and tongue pressure in orthodontic patients.
Eur J Orthod 2010 Aug;32(4):466-471

(5) Garrett J., Araujo E., Baker C. – Open-bite treatment with vertical control and tongue reeducation.
Am J Orthod Dentofacial Orthop 2016 Feb;149(2):269-276

(6) Jansen C. – CBCT technology for diagnosis and treatment planning: what general practitioners should consider.
Comprend Contin Educ Dent Nov-Dec 2014;35(10):749-753

(7) Dahan S., Boissi N. – Le set-up numérique la révolution de l’orthodontie digitale.
www.lefildentaire.com 2019

(8) Hacmoun D. – Intégration des aligneurs Invisalign en omnipratique : comment optimiser les résultats esthétiques.
www.lefildentaire.com 2021

(9) Danz JC., Greuter C., Sifakakis I., Fayed M., Pandis N., Katsaros C. – Stability and relapse after orthodontic treatment of deep bite cases, a long-term follow-up study.
2014Oct;36(5):522-530

L’intérêt d’un traitement par aligneurs en amont de facettes

le 07-09-2021

Introduction

Désormais les aligneurs font partie intégrante de l’arsenal thérapeutique des omnipraticiens. Utilisés en amont des techniques restauratrices, ils permettent des soins plus conservateurs et plus esthétiques, tout en s’inscrivant parfaitement dans le respect du gradient thérapeutique(1)(2).

 

Cas clinique

Pour ce cas clinique, la patiente avait déjà eu un traitement d’orthodontie avec extraction d’une seconde prémolaire définitive et de trois secondes molaires lactéales (agénésies des germes sous-jacents). Des espaces non harmonieux se sont créés, accentuant la dysharmonie dento-maxillaire(3).

Après moins de 6 mois de traitement par aligneurs, les espaces ont été réaménagés afin de fermer les espaces résiduels en postérieur et de répartir l’espace antérieur restant de part et d’autre des latérales en vue de réalisation de facettes en céramique collées(4).

figure1-2

Fig. 01 : vues frontale et occlusale maxillaire du plan de traitement virtuel avant le traitement par aligneurs.

 

figure3-4

Fig. 02 : vues frontale et occlusale maxillaire du plan de traitement virtuel avant le traitement par aligneurs après traitement.

 

À la fin de cette première phase de traitement, la situation était bien plus idéale pour le passage à la phase prothétique.

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Fig. 03 : résultat intra-oral maxillaire post-traitement par aligneurs.

 

De plus, un des intérêts des plans de traitements virtuels sont qu’ils sont fiables et reproductibles. De ce fait, la dernière étape du plan de traitement virtuel a pu être exportée (en format STL) et transmise au laboratoire afin que ce dernier puisse réaliser le wax-up virtuel et le mock-up. Cela permet de gagner une étape clinique et de passer directement à la validation du mock-up en bouche après la fin de l’alignement, sans repasser par une prise d’empreinte(5).

figure6

Fig. 04 : validation du projet esthétique grâce au mock-up en bouche.

 

La préparation à travers le mock-up va permettre une préservation tissulaire maximale tout en garantissant une épaisseur de céramique, régulière et suffisante, pour un travail optimal du laboratoire.

figure7-7bis

Fig. 05 : préparations à travers le mock-up.

 

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Fig. 06 : préparations minimales pour facettes sur 12 et 22.

 

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Fig. 07 : travail du laboratoire (Global Esthetic Bordeaux).

 

Un autre intérêt des méthodes de planification et de travail virtuel, dans ces cas de figure, réside dans l’anticipation de la fabrication de la contention provisoire. En effet, grâce au modèle imprimé, il est aisé de demander au laboratoire une contention amovible.

La phase de contention post-traitement d’orthodontie étant une étape clé de la pérennité du résultat, elle n’est pas à négliger le temps de la phase purement prothétique de notre plan de traitement(5)L’assemblage a été réalisé de façon conventionnelle, à l’aide d’une digue (unitaire), et d’un composite de collage.

figure10

Fig. 08 : collage sous digue unitaire.

 

Le résultat à une semaine post-collage est très satisfaisant et par rapport à la situation initiale, il est évident qu’un traitement purement prothétique aurait été moins convenable en terme de préservation tissulaire et de rendu esthétique(6).

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Fig. 09 : résultat à J+7 et comparatif avec la situation initiale.

 

De nos jours, les aligneurs en omnipratique sont devenus des alliés de choix pour une dentisterie moderne et plus conservatrice(7).

 

Références bibliographiques

(1) Tirlet G., Attal J-P. – Le gradient thérapeutique un concept médical pour les traitements esthétiques.
Inf Dent 2009 Vol 91(41/42) : 2561-2568

(2) Muller C. – Malpositions antérieures: la solution est souvent orthodontique.
Inf Dent 2009, Vol 91(41/42) : 2577-2582

(3) Dueled E., Gotfredsen K., Trab Damsgaard M., Hede B. – Professional and patient-based evaluation of oral rehabilitation in patients with tooth agenesis.
Clin Oral Implants Res. 2009; 20 (7): 729-36

(4) Lasserre J-F., Jacquemont M., Lai C. – Incisives riziformes gradient thérapeutique et odf, éclaircissement, forme de la préparation.
lefildentaire.com 2019

(5) Dahan S., Boissi N. – Le set-up numérique la révolution de l’orthodontie digitale.
lefildentaire.com 2019

(6) Edelhoff D., Prandtner O., Saeidi Pour R., Liebermann A., Stimmelmayr M., Güth J-F. – Anterior restaurations: The performance of ceramic veneers.
Quint int. 2018;49(2):89-101

(7) Hacmoun D. – Intégration des aligneurs Invisalign en omnipratique : comment optimiser les résultats esthétiques.
lefildentaire.com 2021

 


Pour en savoir plus, participez au webinaire en direct « L’alignement dentaire au service de la préservation tissulaire » animé par le Dr Camille Laulan, chirurgien-dentiste. Pour vous inscrire, c’est ici.

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Les réhabilitations occluso-fonctionnelles : approche diagnostique

le 19-05-2020

Introduction

Il nous est tous arrivé de nous demander en recevant un patient présentant une situation dentaire défavorable : « Par où vais-je bien pouvoir commencer ? »

 

Figure-1-Formation-Damien-Savoure

Fig. 01 : Par où commencer pour cette patiente qui consulte pour améliorer l’esthétique de ses dents antérieures ?

 

Afin de prévenir au maximum des complications futures, il est important de planifier en amont et de ne pas se jeter directement sur son logiciel pour rédiger un devis, et ce même si c’est la demande du patient. En effet ces cas « complexes » nécessitent un examen approfondi et une analyse poussée afin d’établir un diagnostic complet qui permettra la réalisation d’un plan de traitement adapté à la situation clinique.

 

La clé de ce plan de traitement est la phase de diagnostic, c’est elle qui fait la différence entre le clinicien et le technicien et c’est la clé de la réussite du futur plan de traitement. Seul un diagnostic fiable permet un plan de traitement reproductible. Ne pas analyser convenablement la situation en amont c’est remettre son traitement au hasard ; parfois tout se passera bien, parfois non. 

 

L’objectif de cet article est de vous présenter un outil que j’utilise au cabinet depuis plusieurs années dès que ce type de situation se présente. Cette fiche clinique est évidemment adaptable à la pratique de chacun.

 

FIG-02-05-Formation-Damien-Savoure

Fig. 02 : Fiche clinique à remplir lors du premier entretien et du second rendez-vous dans l’optique de l’analyse du cas.

 

Entretien : antécédents, profil du patient   

L’entretien commence dès la salle d’attente, avant même la première consultation, à l’aide d’un questionnaire de santé à remplir par le patient. Son âge, ses éventuels pathologies et/ou traitements médicamenteux doivent être pris en compte pour les futurs choix thérapeutiques. Ce questionnaire de santé peut être complété par un interrogatoire sur les antécédents bucco-dentaires du patient : traitements orthodontiques ou parodontaux par exemple. Il est également important de discuter de ces éventuels antécédents à l’oral. Il faudra porter une attention particulière à un échec antérieur pour en identifier la cause : parafonctions, problème d’hygiène, problème de diagnostic, de communication avec le praticien, et ce afin de ne pas le reproduire. 

 

Fig.03-Formation-Damien-Savoure

Fig.03 : L’état bucco-dentaire de ce patient met en évidence un problème d’hygiène associé à un manque de suivi. Il est nécessaire de lui expliquer l’importance de son implication avant de débuter tout traitement.

 

Il faut ensuite identifier le motif de consultation du patient : douleur, gêne fonctionnelle, demande esthétique… La douleur sera à traiter en priorité, mais les doléances du patient doivent toujours être gardées en tête. Il est fréquent qu’après une analyse longue et complexe, le praticien se focalise sur son objectif clinique et en oublie la demande initiale du patient.

 

L’entretien nous permet également de déterminer le profil du patient : sa disponibilité, mais aussi ses habitudes alimentaires et le soin apporté à son hygiène bucco-dentaire. La profession peut aussi avoir son importance sur la prévalence carieuse (métiers de bouche), les demandes esthétiques (patients au contact de public) ou fonctionnelles (musiciens, sportifs…). On questionne également le patient sur sa consommation de tabac, d’alcool, et de stupéfiants, et sur son ressenti personnel en matière de parafonctions. Il est nécessaire d’adapter le discours et les explications concernant le plan de traitement à la psychologie du patient afin d’obtenir une adhésion au plan de traitement la plus favorable à sa réussite possible. 

 

On observe également le patient pendant l’entretien : ses mâchoires, son attitude et ses mains peuvent nous renseigner sur des habitudes néfastes en matière de parafonctions.

L’entretien informel est enfin le moment idéal pour analyser le sourire et le découvrement des dents lors de la phonation. Un schéma peut éventuellement être tracé sur la fiche clinique.

 

L’examen exo-buccal

Une fois l’entretien terminé, l’examen clinique commence par un examen exo-buccal de face puis de profil.

La symétrie du visage et les lignes remarquables sont des points très importants car elles vont déterminer les axes de référence qui serviront de guide à nos futures restaurations. L’angle naso-labial et l’aspect du profil peuvent, quant à eux, informer sur un éventuel problème squelettique.

En complément de l’examen visuel réalisé pendant l’entretien, il est possible de réaliser une palpation musculaire au niveau des masseters afin d’évaluer les parafonctions, ainsi qu’un examen du sourire plus complet. 

 

L’analyse phonétique

Cette analyse fournit des informations sur l’usure des secteurs antérieurs maxillaires et sur l’espace disponible pour une éventuelle augmentation de la dimension verticale d’occlusion.

Les phonèmes F, M et I vont aider au positionnement des incisives centrales maxillaires et le S va permettre d’apprécier l’espace libre d’inocclusion ainsi que le mouvement mandibulaire lors de cette prononciation(1).

 

L’examen dentaire

Avant d’envisager un cas dans sa globalité, un contrôle de chaque dent de façon individuelle est nécessaire pour évaluer leur valeur intrinsèque. Les rotations, fractures, égressions, dyschromies, abrasions, abfractions, érosions sont autant d’éléments à notifier pour pouvoir déterminer la place de chacune des dents dans le futur plan de traitement.

Plutôt que de décrire et lister les dents à traiter une par une, je conseille plutôt une classification des dents par catégorie :
• d
ents absentes,
• dents à extraire d’emblée : écarter dès le premier examen les dents non conservables permet de simplifier l’analyse ultérieure,
• dents dépulpées : évaluation des traitements endodontiques en place,
• d
ents délabrées, lésions carieuses et soins défectueux : bilans biologiques pulpaires des dents concernées.

Des détails esthétiques pourront également être annotés : même si ce ne sont pas des critères médicaux à proprement parler, ils rentrent en compte dans l’analyse.

 

Fig.04-5-Formation-Damien-Savoure

Fig. 04 & 05 : Dans le cas de cette patiente qui présente des malpositions, des couronnes mal ajustées, des soins disgracieux et une maladie parodontale, il est nécessaire de d’évaluer la valeur intrinsèque de chaque dent. Le bilan radiologique en téléradiographie intra-buccale permet d’affiner le pronostic de chacune d’entre elles.

 

Les examens des tissus mous et osseux

On recherche d’éventuels signes cliniques de maladie parodontale. La présence de plaque bactérienne, d’inflammation gingivale, de mobilités pathologiques ou encore de récessions gingivales doit être notée. Un sondage parodontal permet de mettre en évidence une maladie parodontale active en cas de saignement, et nous informe sur le niveau d’attache clinique. Néanmoins, une poche profonde ponctuelle peut parfois être le signe d’une fracture parfois non visible sur une simple radiographie rétro-alvéolaire. Ces analyses sont à compléter par un bilan long-cône afin de parfaire le diagnostic parodontal, bien que les mesures radiographiques sous-évaluent souvent l’étendue des pertes osseuses(2).  

Ce bilan radiographique permet également d’affiner le choix des dents à conserver dans notre plan de traitement grâce à l’analyse du rapport « couronne clinique / racine clinique », c’est-à-dire « partie extra-osseuse / partie ancrée dans l’os » de la dent. Si ce rapport est trop faible, les forces mécaniques qui s’appliqueront sur la dent concernée seront trop importantes pour son support osseux. On considère généralement un rapport 1:1 comme étant le minimum acceptable(3).

 

En cas de réhabilitation esthétique, il est également important d’évaluer la position des collets, à fortiori si le patient découvre. 

Dans les zones édentées, l’évaluation visuelle et la palpation des zones édentées permettent d’apprécier la qualité du support avant la mise en place d’un bridge ou d’un implant.

 

Les bilans occlusal et articulaire

L’analyse endo-buccale doit à la fois s’intéresser à l’occlusion statique et à la dynamique. Différents points doivent être enregistrés lors de ce bilan occlusal :
• l
e centrage : y a-t-il une différence entre l’occlusion d’intercuspidie maximale et l’occlusion en relation centrée ?
• le calage : les contacts sont-ils uniformément répartis ?
• le guidage : y a-t-il des prématurités ?
On note les éventuels inversés d’articulé, béances ou anomalies squelettiques.

Les courbes de Spee et de Wilson, destinées à obtenir une désocclusion fonctionelle lors des mouvements extrêmes, et ainsi protéger les articulations, doivent être observées afin de savoir s’il est nécessaire de les reconstruire ou non. 

 

Fig.06-Formation-Damien-Savoure

Fig. 06 : L’analyse des modèles met en évidence un surplomb augmenté ainsi qu’une courbe de Spee altérée. 

 

Le diagramme de Farrar(4) permet d’étudier les mouvements mandibulaires, et ainsi de rechercher une atteinte précoce de l’articulation temporo-mandibulaire. C’est une représentation des déplacements du point inter-incisif mandibulaire, à partir de l’occlusion d’intercuspidie maximale, dans le plan frontal, pendant les mouvements d’ouverture-fermeture et pendant les mouvements de diduction. En cas de pathologie articulaire, un diagnostic précis doit être posé et pris en compte dans la suite de la prise en charge.

 

Enfin, on porte notre attention sur la dimension verticale d’occlusion : celle-ci est-elle normale ou modifiée ? Dans la plupart des cas, une perte de dimension verticale d’occlusion se traduit par une perte de calage à la fois antérieure et postérieure. Pourtant, il peut arriver que l’on observe une perte importante d’espace prothétique malgré la persistance de l’un de ces calages : il s’agit le plus souvent d’égressions compensatrices qui ont réduit l’espace disponible sans pour autant modifier la dimension verticale.

 

Fig-07-Formation-Damien-Savoure

Fig. 07 : Malgré l’usure de ses dents, le patient présente toujours un calage antérieur. Les égressions qui ont compensé l’usure des dents ont créé un manque d’espace prothétique, nous obligeant à intégrer une augmentation de la dimension verticale d’occlusion dans nos propositions thérapeutiques.

 

Examens complémentaires

Pour compléter cet entretien et ces différents examens cliniques, des examens complémentaires doivent être réalisés. Une radiographie panoramique et un bilan radiologique long-cône sont effectués afin de compléter notre analyse clinique. Il est également nécessaire de réaliser un montage sur articulateur qui nous permet de poursuivre l’analyse occlusale même après le départ du patient. Un bilan photographique complet, endo-buccal et exo-buccal est également nécessaire.

 

Remarques

Ce bilan est long et je le réalise le plus souvent lors du second rendez-vous. C’est un moment d’échange avec le patient, afin de comprendre ses doléances et de lui faire comprendre son rôle dans le traitement. Ces échanges informels sont tout aussi intéressants que les données cliniques que nous recueillons, et une dernière case de la fiche clinique leur est dédiée. Par exemple, si le patient exprime une appréhension vis-à-vis d’une éventuelle chirurgie, il pourra être nécessaire de le rassurer lorsqu’on lui exposera nos différentes propositions.

 

Conclusion

Après avoir collecté toutes ces données, nous pouvons réaliser une analyse clinique poussée à tête reposée, sans avoir le patient en face qui attend son plan de traitement. Lors de cette analyse, on reprend la fiche clinique point par point pour être sûr de ne rien oublier et surtout pas le motif de consultation initial afin de le prendre en compte dans nos propositions thérapeutiques.

L’intérêt de ce bilan est de ne passer à côté d’aucune information avant de proposer l’éventail de solutions thérapeutiques à notre patient. C’est une étape qui peut paraître longue mais qui permet d’éviter des erreurs et donc des pertes de temps ultérieures. 

 

Remerciements

Je remercie Dr. Constance Ambroise pour sa forte contribution à l’écriture de cette article.

 

Références bibliographiques

(1) Fradeani M, Liger F, Perelmuter S. Analyse esthétique: une approche systématique du traitement prothétique. Paris; Berlin; Chicago: Quintessence international; 2007. 

(2) Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES). Parodontopathies : diagnostic et traitements [Internet]. 2002. 

(3) Shillingburg HT, éditeur. Fundamentals of fixed prosthodontics. 3rd ed. Chicago: Quintessence Pub. Co; 1997. 582 p. 

(4) Orthlieb J.D, Manière-Ezvan A. Diagramme de Farrar. L’Information Dentaire. 2006;2522‑3.

Collage de facettes

le 28-04-2020

 

 

Le collage des facettes a toujours été appréhendé par les chirurgiens-dentistes à cause des protocoles compliqués et longs. Le développement des systèmes adhésifs ainsi que des colles a permis de simplifier les protocoles et de rendre la procédure plus aisée et plus abordable.

 

Dans ce cas clinique, le Dr Rignon-Bret réalise un collage d’une facette sur la 22. Après vérification et essayage de la facette en bouche, il procède par un nettoyage de la dent préparée, suivi d’une pose de digue afin d’isoler le champ opératoire.

Il nettoie ensuite la facette à l’alcool afin d’éliminer toute matière organique ayant contaminé l’intrados lors de l’essayage. Après cela, il réalise un traitement de surface de cet intrados d’abord avec de l’acide fluorhydrique en respectant le temps d’application pour la céramique employé, suivi d’un rinçage à l’eau. Il utilise ensuite l’acide phosphorique afin de nettoyer les résidus blancs laissé par l’acide fluorhydrique.

 

Bien qu’il utilise l’adhésif 3M™ Scotchbond™ Universal qui contient du silane dans sa structure, le docteur Rignon-Bret préfère appliquer une couche préalable de Silane sur l’intrados pendant 1 min, qu’il va sécher avec un sèche-cheveux.

 

Application du 3M™ Scotchbond™ Universal avec une micro-brossette en frottant pendant 20 secondes sur l’intrados préparé, suivi d’un séchage pendant 5 secondes pour évaporer le solvant. La facette sera ensuite mise à l’abri de la lumière.

 

Sur la dent, la préparation de surface commencera par un mordançage à l’acide orthophosphorique pendant 15 secondes, et après rinçage et séchage de celui-ci, sera appliqué l’adhésif 3M™ Scotchbond™ Universal en frottant pendant 20 secondes puis étalé avec une soufflette.

 

Après application du ciment résine 3M™ RelyX™ Ultimate, le Dr Rignon-Bret met en place la facette sur la dent en appliquant une légère pression pour chasser les excès avec un pinceau, puis une seconde pression pour le positionnement final de la facette. Une première polymérisation rapide sera réalisée suivie d’une application d’un gel de glycérine au niveau du joint de collage afin d’inhiber l’oxygène, puis l’ensemble sera polymérisé pendant 20 secondes sur chaque surface et les derniers excès seront éliminés.
Ainsi, grâce à un protocole simple avec des produits efficients et efficaces, on peut obtenir un résultat esthétique et fiable.

 

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