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Maladies cardio-vasculaires et maladie parodontale

le 18-01-2021

« Regards croisés » – Maladies cardio-vasculaires et maladie parodontale
Un chirurgien-dentiste et un cardiologue main dans la main

 

 

Retrouvez dans cette vidéo, Marie-Laure Colombier, chirurgien-dentiste et chercheur, accompagnée de, Guiseppina Caliguiri cardiologue et chercheur.

 

Depuis plusieurs années les études épidémiologiques s’accumulent et conduisent toutes au même constat : oui il y a bien un lien entre les pathologies parodontales et plusieurs maladies systémiques et complications.

Les maladies parodontales (gingivite et parodontite) sont des pathologies inflammatoires atteignant la gencive et le système d’ancrage des dents. Les maladies cardio-vasculaires sont des pathologies qui touchent le cœur et les vaisseaux sanguins.

Dans la maladie parodontale, l’état inflammatoire chronique des tissus parodontaux contribue au développement d’autres maladies et complications. Les bactéries présentes dans les poches parodontales peuvent également intégrer la circulation sanguine et essaimer dans tout l’organisme (bactériémie). Des bactéries spécifiques de la bouche ont ainsi été retrouvées sur les valves ou au sein des plaques d’athérome.

A l’inverse, si le facteur de risque de maladies parodontales est essentiellement le mauvais contrôle de plaque, il est admis que l’immunodépression, les maladies métaboliques et certaines modifications physiologiques, constituent aussi des facteurs de risque ou prédisposent à la maladie parodontale.

Au-delà de la perte dentaire, une bonne hygiène bucco dentaire, la prévention et le traitement des maladies parodontales participent donc au maintien d’une bonne santé générale. Le groupe de réflexion Paro Médecine a été créé sous l’égide d’Oral-B pour sensibiliser les Chirurgiens dentistes , les médecins et les spécialistes sur les liens entre santé générale et santé parodontale, avec des recommandations pratiques et simples.


Cette vidéo vous est proposée avec le soutien d’Oral-B et les laboratoires Oral-B fondateurs du Groupe de Réflexion Paro Médecine.

Oral-bxGRPM

Diabète et maladie parodontale

le 11-01-2021

« Regards croisés » – Diabète et maladie parodontale
Un chirurgien-dentiste et un endocrinologue main dans la main

 

 

Retrouvez dans cette vidéo le Dr Vincent Blasco Baque, chirurgien-dentiste et chercheur, accompagné du Dr Emilie Montastier, endocrinologue et chercheur.

 

Depuis plusieurs années les études épidémiologiques s’accumulent et conduisent toutes au même constat : oui il y a bien un lien entre les pathologies parodontales et plusieurs maladies systémiques et complications.

Les maladies parodontales (gingivite et parodontite) sont des pathologies inflammatoires atteignant la gencive et le système d’ancrage des dents. Le  diabète est une hyperglycémie chronique avec une glycémie à jeun supérieure à 1,26g/l mesurée à deux reprises.

 

Dans la maladie parodontale, l’état inflammatoire chronique des tissus parodontaux contribue  au développement d’autres maladies et complications. Les bactéries présentes dans les poches parodontales peuvent également intégrer la circulation sanguine et essaimer dans tout l’organisme (bactériémie). La maladie parodontale est ainsi la 6è complication du diabète avec des complications ophtalmologiques, rénales, cardiovasculaires neurologiques et au niveau des pieds.

A l’inverse, si le facteur de risque de maladies parodontales est essentiellement le mauvais contrôle de plaque, il est admis que les maladies métaboliques, et notamment le diabète, constituent aussi des facteurs de risque ou prédisposent à la maladie parodontale.

 

Au-delà de la perte dentaire, une bonne hygiène bucco dentaire, la prévention et le traitement des maladies parodontales participent donc au maintien d’une bonne santé générale. Le groupe de réflexion Paro Médecine a été créé sous l’égide d’Oral-B pour sensibiliser les Chirurgiens dentistes , les médecins et les spécialistes sur les liens entre santé générale et santé parodontale, avec des recommandations pratiques et simples.

 


 

Cette vidéo vous est proposée avec le soutien d’Oral-B et les laboratoires Oral-B fondateurs du Groupe de Réflexion Paro Médecine.

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Épisode #03 / Les facteurs de risque des gingivites et des parodontites

le 01-12-2020

Nouvel épisode de la série « Les Tutos Paro »
Épisode #03 / Les facteurs de risque des gingivites et des parodontites

 

 

Lors du précèdent épisode nous avons vu que l’accumulation de bactéries (sous la forme d’un biofilm dentaire) situées dans le sillon gingivo-dentaire entraîne une inflammation, c’est-à-dire une gingivite. Si ce biofilm n’est pas éliminé régulièrement et efficacement, il peut, chez les sujets sensibles, conduire à une parodontite. Pour que la parodontite progresse, il faut que plusieurs facteurs entrent en jeu.

 

Il existe au moins cinq domaines de facteurs de risque causaux qui jouent simultanément leurs rôles étiologiques et interagissent les uns avec les autres(1).

 

Facteurs génétiques

Le concept actuel est que la parodontite peut se développer chez un sujet génétiquement sensible, qui présente une réponse immunitaire aberrante et/ou une intolérance à (certaines) bactéries. On utilise le terme d’« infecto-génomique » pour décrire l’influence de la constitution génétique sur l’acquisition, le transport et la croissance éventuelle de micro-organismes dans une niche écologique donnée. Cela signifierait, dans le cas de la parodontite, que le patrimoine génétique de l’hôte joue également un rôle dans la composition du microbiote sous-gingival, contribuant ainsi à la formation d’un biofilm bactérien sous-gingival dysbiotique.

 

La contribution de la génétique chez les jeunes individus peut représenter jusqu’à 50 % des facteurs de causalité, tandis que chez les patients plus âgés, une contribution génétique de 25 % au maximum a été estimée(3).

En outre, les modifications épigénétiques de l’ADN et les mutations au cours d’une vie peuvent modifier davantage la susceptibilité d’un individu à la parodontite. Tandis que l’aptitude immunitaire est également affectée par des facteurs liés au mode de vie et à certaines maladies systémiques « que nous allons voir tout de suite ».

 

Facteurs liés au mode de vie

La consommation d’alcool, de drogues, une mauvaise alimentation, un surpoids, l’absence d’activité physique et surtout la fumée de cigarettes font partie des principaux comportements à risque.
On peut y ajouter une mauvaise habitude d’hygiène ou une insuffisance de suivi comme l’absence de visites et de soins réguliers et fréquents chez le dentiste.

 

On retrouve certaines Co-morbidités comme :

 Des pathologies ou situations qui altèrent les défenses immunitaires : VIH, herpès, diabète mal contrôlé, obésité sénescence, stress et certains médicaments immunosuppresseurs ou entraînant une augmentation de la réponse inflammatoire des gencives.

 Des variations hormonales : les principaux changements hormonaux dans la vie d’une femme ont lieu pendant la grossesse – et la bouche est l’un des principaux domaines touchés par ces changements. Des taux hormonaux élevés (œstrogène et progestérone) augmentent considérablement la perméabilité vasculaire des tissus gingivaux et, en présence de plaque dentaire, favorisent l’inflammation gingivale. Dans le cas des femmes déjà atteintes de parodontite, la situation clinique s’aggravera. Une lésion localisée spécifique (épulis de grossesse) et une lésion plus généralisée (gingivite de grossesse) peuvent y être associés. Bien que les femmes retrouvent généralement la santé parodontale après l’accouchement.

L’ostéoporose, conséquence inconstante de la ménopause peut aussi avoir une influence.

 

Communautés microbiennes, c’est-à-dire les biofilms dentaires

La présence sous-gingivale d’un biofilm bactérien dysbiotique avec des bactéries plus virulentes pour les tissus parodontaux peut prédisposer au développement de la maladie parodontale. Citons également les facteurs environnementaux locaux : les encombrements dentaires, des points de contact défectueux ou certains matériaux de restaurations qui emprisonnent et retiennent localement le biofilm. Ce sont autant d’« obstacles » aux manœuvres d’hygiène bucco-dentaires efficaces.

Enfin, il ne faut pas oublier un facteur de risque qui relève du domaine de l’aléatoire dans le déclenchement d’une maladie.

 

Au final que retenir ?

 La parodontite est une maladie inflammatoire chronique complexe qui n’a pas de cause unique.
 Chacun des facteurs de risque causaux pris individuellement, y compris les facteurs génétiques, n’est pas un déterminant « noir ou blanc ».
 Ces facteurs de risque interagissent les uns avec les autres.
 Ils ont aussi un impact sur l’état de santé générale et sur l’état de santé parodontale et inversement.
• Certains de ces facteurs sont modifiables.

 

Notre rôle est « primordial »

• Avec l’identification des facteurs de risque de parodontite modifiables (rappelez-vous : « On ne trouve que ce qu’on cherche »)
• La modification des facteurs liés au mode de vie par des conseils voire des thérapies comportementales.
• Nous pouvons agir sur certaines co-morbidités en adressant les patients aux équipes médicales compétentes.
• Intervenir sur les facteurs environnementaux locaux en réalisant des soins de bonne qualité.
• Enfin, modifier la qualité des biofilms en prescrivant des facteurs protecteurs efficaces :
– Les instruments d’hygiène parodontale comme une brosse à dents dont les poils sont très souples, et des brossettes inter dentaires.
– Les dentifrices contenant des agents antibactériens qui permettent d’éliminer le biofilm tout en respectant les tissus bucco-dentaires et parodontaux.
• Mettre en place un programme individualisé de suivi de chaque patient tout au long de sa vie en évaluant le risque parodontal et mettre en œuvre une thérapeutique de soutien avec des facteurs protecteurs adaptés et un suivi des changements comportementaux.

 

En conclusion

L’identification des facteurs de risque de maladie parodontale a un impact majeur pour préserver le capital parodontal et dentaire de nos patients mais aussi leur état de santé générale. Et ainsi améliorer la qualité de vie globale de nos patients.

 


 

Cette vidéo a été réalisée avec le soutien de U.labs (Parogencyl), partenaire de la SFPIO.

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Maladies parodontales : approches complémentaires et micronutrition

le 27-11-2020

Introduction

La micronutrition est une voie complémentaire au traitement parodontal. Elle accompagne la phytothérapie l’aromathérapie, l’homéopathie, l’allopathie et le traitement en bouche.
Il s’agit d’optimiser la thérapeutique parodontale locale incontournable.

Nous allons l’aborder dans le cadre de la stratégie thérapeutique parodontale incluant le triptyque synergique de la micronutrition.

• Diminuer l’inflammation : penser aux Oméga 3.
• Moduler l’immunité : penser à la Vitamine D.
• Équilibrer le métabolisme acide-base : penser au Magnésium.

 

Stratégie thérapeutique triptyque

Dans l’approche thérapeutique de la maladie parodontale, de nombreux tests scientifiques intègrent l’utilisation de la micronutrition comme une solution d’accompagnement pertinente.

Face à la maladie parodontale chronique, une triple action sur le terrain est à mener :
1- Diminuer l’inflammation.
2- Moduler l’immunité.
3- Équilibrer le métabolisme acide-base.

 

Pour rappel, nous allons poser les faits :

Cliniquement, la destruction des tissus de soutien de la dent a été mise en évidence.
En 1986, Listgarten a fait une description détaillée dans le Journal scientifique, J Clin Periodonto dans son article « Pathegenesis of periodontitis », 13(5) : 418-30.

Néanmoins, dès 1979, Socransky apportait la compréhension des facteurs déclenchants en apportant les 4 mécanismes réactionnels mis en jeu dans le processus de la maladie parodontale :
1- Bactéries virulentes présentes dont Prophyromonas Gingivalis.
2- Bactéries protectrices absentes.
3- Système immunitaire défaillant.
4- Contexte dento-gingival défavorable.

Et aussi, facteurs favorisant la maladie parodontale :
Les maladies parodontales sont favorisées entre autres, par des habitudes d’hygiène de vie d’autant plus nuisibles qu’elles correspondent à une action agressive régulière et répétée au quotidien.
Nous pouvons répertorier : le tabagisme, la malnutrition avec le déséquilibre acide-base engendré entre autres, par le stress, les baisses de défenses immunitaires et certains médicaments.

Nous allons aborder, les trois types d’action qui fonctionnent en synergie, dans le cadre de la micronutrition.

 

Diminuer l’inflammation : penser aux Oméga 3

 

Figure-1-Inflammation gingivale

Fig. 01 : inflammation gingivale.
Stratégie thérapeutique : un accompagnement raisonné en micronutrition.

 

Le traitement parodontal reste incontournable et indispensable. La micronutrition est un apport additionnel dans nos thérapeutiques.

En micronutrition, les acides gras Oméga 3 sont polyinsaturés et dits Essentiels. Ils sont nécessaires pour l’organisme mais ne sont pas synthétisés par celui-ci. Dans l’alimentation, nous pouvons les trouver principalement dans certains poissons gras et dans certaines huiles dont celle de colza et de noix.

La quantité quotidienne recommandée se situe autour de 500 mg/jour selon l’étude de Gebauer en 2006.
Néanmoins, selon l’organisme EFSA, (European Food Savety Authority) soit l’Autorité européenne de sécurité des aliments, il n’y a pas d’apport maximal tolérable.

 

Il a été montré que les Oméga 3 ont des effets anti-inflammatoires donc une action protectrice sur le parodonte par l’EPA, acide éicosapentaénoïque et par le DHA, acide docosahexaénoïque. Ils vont se lier à un récepteur, le GRP120 et inhiber alors, l’expression de certains signaux inflammatoires.

Il a été montré par des études cliniques parodontales associées à un questionnaire nutritionnel très précis qu’il existait un lien entre Oméga 3 et parodontite. L’étude en 2010 de Naqvi et collaborateurs en 2010 sur 9182 personnes a mis en évidence que les apports en Oméga 3 surtout en EPA et en DHA sont inversement proportionnels à l’apparition des parodontites.

D’autres études complémentaires ont confirmé ce rôle protecteur des Oméga 3 par modulation de l’inflammation.
L’impact sur l’inflammation parodontale est marqué par la diminution significative des concentrations gingivales de PGE2 et PGF2 alpha dans des parodontites expérimentales dans l’étude pertinente de Vardar et collaborateurs en 2004.

Un point complémentaire sur le plan osseux par l’étude de Bendyk et collaborateurs en 2009 porte sur l’impact des Oméga 3. Chez l’animal, la perte osseuse alvéolaire est inversement liée aux concentrations tissulaires en Oméga 3. Des études cliniques sont en cours chez l’humain.
Elles s’orientent vers des perspectives satisfaisantes de conseiller une supplémentation en Oméga 3 pour optimiser la thérapeutique parodontale.

 

La supplémentation conseillée en Oméga 3 est de 1 gr/jour en moyenne.

 

Moduler l’immunité : penser à la Vitamine D

Pour rappel, en cas d’insuffisance du système immunitaire, celui-ci se retourne contre l’hôte infecté par une réponse inflammatoire intensifiée. Ce point peut concerner le parodonte.
Il va s’agir d’une surproduction de certaines molécules initialement protectrices, qui deviennent dès lors, destructrices. La concentration abondante en cytokines, IL-1 béta, en TNF alpha, notamment est identifiée.

En outre, au niveau gingival, une induction de la production de collagénases et de prostaglandines PGE2 par les fibroblastes gingivaux va conduire à la perte d’attache dans la pathogénésie de la maladie parodontale.

 

La Vitamine D a montré son intérêt multiple à différents niveaux de la santé de l’individu.
Dans la pathologie parodontale, son action s’est mise en évidence.

La Vitamine D est une vitamine liposoluble. Deux voies de synthèse coexistent :
• Un apport exogène par l’alimentation,
• Un apport endogène de synthèse par l’organisme humain, au niveau de la peau, via un dérivé du cholestérol (7-déhydrocholestérol) et sous l’action des rayonnements UVB de la lumière.

 

Les apports exogènes sont de types D2 ou D3 menant à Vitamine D différentes.
• Type D2 : ergocalciférol est d’origine végétale. Les aliments qui en contiennent sont entre autres les champignons, les levures et les céréales.
• Type D3 : cholécalciférol est d’origine animale. Les aliments qui en contiennent sont entre autres l’huile de foie de morue, les poissons gras ou demi-gras tels que truite ou rouget, et aussi lait beurre, fromages, œufs.

Il a été démontré que la Vitamine sous forme D3 élève plus efficacement le taux sanguin circulant de la 1,25 dihydroxyvitamine D que la Vitamine D2.

 

À doses physiologiques, la vitamine D permet la fixation du calcium sur l’os.

Il a été montré dans des études épidémiologiques conséquentes de plus de 10 000 personnes que la carence en Vitamine D est associée à une perte d’attache parodontale. Elle a une action immuno-modulatrice sur la pathologie parodontale.
Un apport optimal en vitamine D et calcium diminue la résorption osseuse et assure une bonne minéralisation osseuse selon l’étude de Dixon et collaborateurs en 2009. L’étude de Miley et collaborateurs en 2009 sur 50 sujets fait le même constat : l’apport Vitamine D et calcium correspond à une voie supplémentaire dans la gestion de la pathologie parodontale.

 

Néanmoins, il est à savoir qu’en pratique la vitamine D peut être prescrite seule ou en association avec le calcium.

L’Apport Journalier recommandé, l’AJR a été revu à la hausse par l’Europe, en 2016.
Les recommandations en vitamine D sont passées à 15 µg / jour dans l’Union européenne soit 600 UI / jour.

 

Équilibrer le métabolisme acide-base : penser au Magnésium

Pour rappel, le déséquilibre acido-basique participe à des effets délétères sur le long terme sur tout l’organisme dont la sphère bucco-dentaire. Il participe notamment à des inflammations tissulaires, des faiblesses immunitaires, avec une incidence négative sur la santé parodontale.

 

Figure-2-Atteinte parodontale généralisée

Fig. 02 : atteinte parodontale généralisée.
Stratégie thérapeutique : un accompagnement raisonné en micronutrition.

 

L’équilibre acide-base est un point important pour optimiser le bon fonctionnement des organes et du système immunitaire. Pour prévenir ou aboutir à cet équilibre, l’alimentation a un rôle primordial. Pourtant, l’alimentation « moderne » nous amène vers une « suracidose métabolique latente », vers un terrain acide.
Ce constat a des effets délétères sur le long terme.
La porte est alors ouverte vers des maladies chroniques, de la fatigue, des faiblesses immunitaires des inflammations tissulaires avec une incidence sur la santé parodontale aussi.

 

Il est en conséquence nécessaire de savoir prévenir par le choix des aliments bénéfiques. Deux catégories d’aliments sont à repérer : les aliments acidifiants et les aliments alcalins sont identifiés grâce à des tableaux préexistants établis en précisant les degrés. Ce repère est fort utile en aide mémo-technique.

Ainsi, des aliments habituellement alcalinisants comme les fruits, peuvent être pour certains d’entre eux, acidifiants. Les deux exemples caractéristiques sont l’abricot et la prune qui sont des aliments acidifiants.
Par ailleurs, des aliments alcalinisants peuvent faire croire qu’ils sont acidifiants du fait du goût acide. L’exemple typique est le citron (l’acide citrique) qui a un goût acide en bouche mais qui donne après ingestion, un résidu alcalin. Ses acides sont en fait volatils et exhalés par les poumons.

 

En résumé, les aliments à pouvoir alcalinisant restent les fruits et les légumes grâce au profil cationique, potassium, magnésium, calcium, et grâce au profil anionique, citrate et malate. Une alimentation dite « alimentation santé » doit contenir environ 30 % d’aliments acidifiants et 70 % d’aliments alcalinisants. La résultante est une alimentation qui ne supprime pas les acides mais qui sait privilégier les fruits et légumes tout en réduisant les protéines animales, graisses saturées et fromages affinés.

 

En outre, sur le plan de la maladie parodontale, dans cet équilibre acide-base, un oligo-élément minéral a montré un rôle majeur : le Magnésium. Meisel et collaborateurs ont montré en 2005 au travers d’une étude clinique sur plus de 4 000 personnes âgées de 20 à 80 ans, l’impact du manque de Magnésium sur la maladie parodontale.
Ils ont montré qu’une augmentation du rapport sérique en calcium-magnésium diminuait à la fois, la profondeur du sondage de la poche parodontale et la perte d’attache, chez les patients de plus de 40 ans. Puis, en 2006, dans cette continuité, Merchant a montré que le Magnésium permet d’une part une meilleure santé parodontale et d’autre part, diminuerait le risque de maladie parodontale.

 

L’apport recommandé en magnésium est de 375 mg/ jour. Il est à considérer que l’apport doit être augmenté pour les sportifs, les femmes enceintes, les patients stressés, les terrains dépressifs, entre autres.

 

Pour conclure

En clair, il est à comprendre que notre objectif de praticien est d’utiliser l’ensemble de l’arsenal thérapeutique et d’accompagnement, afin d’optimiser la réponse au traitement. L’accompagnement thérapeutique par la micronutrition est une façon concrète de mettre en œuvre une approche complète du patient.
Ce point est d’autant plus essentiel dans la maladie parodontale que nous savons que nous sommes en présence d’une maladie plurifactorielle et que la nutrition adaptée a montré des voies complémentaires de portée positive, au regard des nombreuses études exposées. Les études de recherche se poursuivent.

En conséquence, l’approche globale du patient avec tous les paramètres va en faveur d’aider au mieux notre patient grâce à cette approche de la « nutrition-santé » dans le cadre des maladies du parodonte, gencives et os dentaire.

 

En résumé, la Nutrition-Santé dans la maladie parodontale peut s’accompagner du Trio synergique suivant : Oméga-3, Vitamine D et Magnésium.
La micronutrition est donc une approche complémentaire pertinente pour optimiser nos thérapeutiques pour la santé parodontale du patient.

 

Références bibliographiques

Boukhobza F. Maladies parodontales : Approches complémentaires et micronutrition ;
Conférence, Novembre 2014, Academy Des Savoirs, Paris.

Boukhobza F. Fiche thérapeutique : Agir face à la maladie parodontale : 3 volets ;
Lereca : Avril 2015.

Boukhobza F. et Goetz P. La Phytothérapie en odontologie ;
Éditions CDP, Collection Guide clinique, publié le Janvier 2018, 217 p. 2è édition.

Bendyk et Al. Effect of dietary omega-3 polyunsaturated fatty acids on experimental periodontitis in the mouse ;
J Periodontal Res, 2009 Apr; 44(2): 211-6.

Dixon et Al. Calcium and vitamin D use among adults in periodontal disease maintenance programmes ;
Br Dent J., 2009 Jun; 206(12) : 627-31.

Garcia et Coll. One-year effects of vitamin D and calcium supplementation on chronic periodontitis ;
J Periodontol. 2011 Jan; 82(1):25-32.

Gebauer Fatty acid dietary recommendations and food sources to achieve essentiality and cardiovascular benefits ;
Am J Clin Nutr., 83(6Suppl): 1526S-1535S.

Listgarten Pathegenesis of periodontitis ;
J Clin Periodonto, 1986 13(5): 418-30.

Meisel et Coll. Magnesium deficiency is associated with periodontal disease ;
J dent Res., 2005 Oct; 84(10) : 937-41.

Merchant Higher serum magnesium:calcium ratio may lower periodontitis risk ;
J Evid Based Dent Pract., 2006 Dec; 6(4):285-6.

Miley et Coll. Cross-sectional study of vtamin D and calcium supplementation on chronic periodontitis ;
J Periodontol. 2009 Sep; 80(9):1433-9.

Naqvi et Al. Fatty acids and periodontitis in US adults ;
J Am Diet Assoc., 2010, 110(11): 1669-75.

Socransky Criteria for the infectious agents in dental caries and periodontal disease ;
J Clin Periodontal., 1979; 6(7): 16-21.

Vardar et Al. Therapeutic versus prophylactic plus administration of omega-3 fatty acid on endotoxin-induced periodontitis in rats ;
J Periodontol. 2004 Dec; 75(12): 1640-6.

Episode #02 / Le diagnostic des maladies parodontales

le 04-11-2020

Nouvel épisode de la série « Les Tutos Paro »
Épisode #02 / Le diagnostic des maladies parodontales

 

 

S’il est rose saumon, fermement festonné autour des dents et avec une profondeur de sulcus < 4mm, nous avons un parodonte en bonne santé. Et celui-ci fera barrière entre le milieu extérieur buccal et le milieu intérieur du corps humain.

Deux grands types de maladies parodontales existent, dont la principale étiologie est la présence d’une quantité excessive de plaque dentaire et/ou d’un microbiote parodontal pathogène (dysbiose).

Le premier signe d’appel/d’alerte d’une gingivite ou d’une parodontite est le saignement gingival spontané ou provoqué.

Le diagnostic de la gingivite(1-2) repose sur l’interrogatoire du patient qui évoque souvent ces saignements gingivaux, la présence d’un goût métallique, un changement de l’aspect des gencives, parfois une douleur ou une gêne qui entraîne une difficulté à s’alimenter et à se brosser les dents.

A l’examen clinique on observe un changement de couleur : la gencive habituellement rose saumon devient rouge ; et un œdème : la gencive est tuméfiée, sa forme habituelle est changée avec une possible altération du festonnage gingival, son aspect est lisse et brillant.

Lors de l’insertion de la sonde parodontale, la profondeur mesurée correspond au sillon gingivo-dentaire et est inférieure ou égale à 3mm. (En présence d’un œdème gingival important, les valeurs de sondage peuvent être augmentées sans perte d’attache associée : on parle alors de poche gingivale ou de pseudo-poche.)

Cette maladie est réversible à condition de la prendre en charge.

 

Chez certains patients, si la gingivite n’est pas prise en charge et qu’elle est aggravée par d’autres facteurs, un processus de destruction plus profond s’installe. C’est la parodontite qui affecte l’os alvéolaire, le cément et le ligament parodontal. Cette destruction est irréversible et inexorable en l’absence de traitement.

En présence de parodontite(3), à l’interrogatoire, le patient dit que ses dents commencent à bouger, à changer de place, qu’elles paraissent plus « longues ». Il décrit des difficultés à s’alimenter et à pratiquer des manœuvres d’hygiène. Il a conscience de sa mauvaise haleine. Cela a une répercussion sur la qualité de vie du patient en termes de fonction (manger, parler, sourire), d’esthétique et de confiance en soi.

A l’examen clinique on observe souvent, en plus des symptômes de la gingivite, des dénudations radiculaires consécutives aux récessions gingivales, une hypersensibilité au chaud et au froid, des déplacements dentaires et des douleurs (même si ce signe est très peu fréquent).

Le sondage parodontal mettra en évidence des valeurs supérieures à 4 mm. Ces poches parodontales, signe de la perte d’attache, représentent une zone où une plus grande quantité de bactéries peut continuer à s’accumuler, menaçant ainsi la survie des dents et la santé générale (comme nous l’avons vu lors du précédent épisode). L’examen clinique sera alors complété par un examen radiologique pour évaluer l’alvéolyse.

 

Depuis 2018, les parodontites sont classées en 4 stades et 3 grades(4) :

• Le stade (I à IV) de la parodontite est défini en fonction de la gravité (principalement l’atteinte parodontale en référence à la longueur de la racine et la perte de dents causée par la parodontite), et de la complexité de la prise en charge (profondeur de la poche, défauts infra-osseux, atteinte inter-radiculaire, hypermobilité de la dent, dysfonctionnement masticatoire). Leur étendue localisée ou généralisée est précisée.
• Le grade de la parodontite est basé sur des preuves directes ou indirectes de la vitesse de progression: lente, modérée et rapide (grade A-B-C). L’analyse des facteurs de risque tels que le tabac ou le diabète est utilisée comme modificateur du grade.

 

Au final que retenir ?

• La santé parodontale est facile à identifier car bien définie cliniquement,
• La douleur n’est pas le signal d’alarme ni d’une gingivite ni d’une parodontite « hélas »,
• Le saignement au sondage est le signe d’alerte d’une inflammation parodontale,
• Les lésions de la gingivite sont réversibles,
• Les lésions de la parodontite peuvent laisser des séquelles irréversibles,
• Plus tôt le diagnostic est fait plus les chances de conserver les dents du patient sont grandes.

 

Notre rôle « primordial » :

• Dépister les maladies parodontales à leur stade le plus précoce. « On ne trouve que ce qu’on cherche » !

• Prévenir l’évolution des maladies parodontales pour préserver le capital parodontal et dentaire de nos patients

• Prescrire des facteurs protecteurs efficaces :
– Les instruments d’hygiène parodontale comme une brosse à dents dont les poils sont très souples, et des brossettes inter dentaires.
– Les dentifrices qui permettent d’éliminer le biofilm bactérien tout en respectant les tissus bucco-dentaires et parodontaux.

• Mettre en place une thérapeutique parodontale et un suivi des changements comportementaux.

 

En conclusion

Des moyens de diagnostic simples et efficaces sont à la portée de nous tous : une écoute attentive, un regard curieux et une sonde parodontale graduée pour commencer.
Nous ne pouvons pas passer à côté du diagnostic d’une maladie parodontale !

Nous verrons dans un prochain épisode comment soigner ces maladies parodontales pour le plus grand bénéfice de nos patients.

 

Bibliographie

(1) Chapple I.L.C., Mealey B.L., Van Dyke T.E., Bartold P.M., Dommisch H., Eickholz P., Geisinger M.L., Genco R.J., Glogauer M., Goldstein M., Griffin T.J., Holmstrup P., Johnson G.K., Kapila Y., Lang N.P., Meyle J., Murakami S., Plemons J., Romito G.A., Shapira L., Tatakis D.N., Teughels W., Trombelli L., Walter C., Wimmer G., Xenoudi P., Yoshie H. Periodontal health and gingival diseases and conditions on an intact and a reduced periodontium: Consensus report of workgroup 1 of the 2017 World Workshop on the Classification of Periodontal and Peri-Implant Diseases and Conditions. J. Clin Periodontol. 2018 Jun;45 Suppl 20:S68-S77.

(2) Murakami S., Mealey B.L., Mariotti A., Chapple I.L.C. Dental plaque-induced gingival conditions. J Periodontol. 2018 Jun;89 Suppl 1:S17-S27.

(3) Papapanou P.N., Sanz M., Buduneli N., Dietrich T., Feres M., Fine D.H., Flemmig T.F., Garcia R., Giannobile W.V., Graziani F., Greenwell H., Herrera D., Kao R.T., Kebschull M., Kinane D.F., Kirkwood K.L., Kocher T., Kornman K.S., Kumar P.S., Loos B.G., Machtei E., Meng H., Mombelli A., Needleman I., Offenbacher S., Seymour G.J., Teles R., Tonetti M.S. Periodontitis: Consensus report of workgroup 2 of the 2017 World Workshop on the Classification of Periodontal and Peri-Implant Diseases and Conditions. J Clin Periodontol. 2018 Jun;45 Suppl 20:S162-S170.

(4) Tonetti M.S., Greenwell H., Kornman K.S. Staging and grading of periodontitis: Framework and proposal of a new classification and case definition. J Periodontol. 2018 Jun;89 Suppl 1:S159-S172.

 


 

Cette vidéo a été réalisée avec le soutien de U.labs (Parogencyl), partenaire de la SFPIO.

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Episode #01 / Inséparables : santé générale et parodontale

le 07-10-2020

Nouvelle série « Les tutos paro »
Épisode #01 / Inséparables : santé générale et parodontale

 

 

8 personnes sur 10, après 35 ans et en Europe, souffrent de maladies parodontales.

Ces maladies, vous le savez, peuvent entraîner la perte des dents et affecter le reste du corps par toute une kyrielle de mécanismes directs ou indirects. Cela explique qu’elles représentent une cause majeure des dépenses de santé dans la population adulte et âgée.

 

Quel est l’impact des maladies parodontales sur la santé générale de nos patients ?

Plus de 30 ans de recherche ont montré que la parodontite est associée de manière significative et indépendante aux principales maladies inflammatoires chroniques, notamment :

• les maladies cardiovasculaires,
• le diabète,
• la polyarthrite rhumatoïde,
• les maladies rénales chroniques,
• l’obésité,
• les maladies pulmonaires obstructives chroniques et même
• la mortalité prématurée(1).

 

Pourquoi et comment est-ce possible ?

La présence d’une grande quantité de bactéries dans les poches parodontales et les molécules issues de la réponse inflammatoire peuvent passer dans la circulation sanguine générale et affecter les autres parties du corps. Ce phénomène inflammatoire direct ou indirect peut augmenter le risque de souffrir de maladies systémiques.

En 2017, la fédération européenne de Parodontologie et l’Académie Américaine de Parodontologie ont réuni des experts du monde entier pour faire le point à ce sujet(1).

 

Les diabètes
En Europe, la prévalence du diabète est de 6.8%. Nous savons aussi que les parodontites sévères affectent le niveau de la glycémie chez les patients diabétiques. Parallèlement, les études scientifiques montrent que le traitement parodontal couronné de succès améliore l’équilibre de la glycémie. Ce qui prouve qu’il existe un lien bi-directionnel entre ces 2 pathologies.

 

Les maladies cardio-vasculaires(2)
Les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de décès dans l’Union Européenne (UE), tuant plus de deux millions de personnes par an. Selon le rapport de l’EFP et de la fédération mondiale du cœur (fig 5), il existe des preuves épidémiologiques solides que la parodontite augmente le risque de maladie cardiovasculaire athérosclérotique.

 

Les maladies rénales(4)
La parodontite chez les sujets atteints de maladie rénale chronique est associée à une mortalité plus élevée en comparaison des patients atteints de maladie rénale chronique sans parodontite.

 

La polyarthrite rhumatoïde
Les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ont une incidence plus élevée de maladie parodontale que les sujets sans polyarthrite rhumatoïde. De plus, il existe un schéma dose-réponse dans l’association entre la gravité de la parodontite et l’activité de la polyarthrite rhumatoïde.

 

L’obésité
Il semble exister une association entre l’obésité et la parodontite, bien que l’ampleur de ce phénomène ne soit pas claire.

 

La BronchoPneumopathie Chronique Obstructive (BPCO)
Des études ont montré que la présence de parodontite sévère augmente la probabilité de survenue de la BPCO.

 

Citons également le cas de l’issue défavorable de la grossesse(3).
La parodontite chronique a été reconnue comme un facteur de risque potentiel d’issue défavorable de la grossesse.
(L’élimination efficace de la plaque dentaire par la patiente, associée à des nettoyages professionnels, sont sans risque lorsqu’ils sont mis en œuvre pendant la grossesse. Ce programme prophylactique est efficace à la fois pour réduire l’inflammation gingivale et pour permettre le maintien de la santé parodontale pendant la grossesse.)

 

Au final que retenir ?

• La parodontite est associée de manière significative et indépendante aux principales maladies inflammatoires chroniques.

• Le diagnostic précoce de maladie parodontale et sa prise en charge représentent un enjeu majeur de santé publique auquel tous les chirurgiens-dentistes doivent participer.

• En présence d’une maladie parodontale, il faut systématiquement connaitre l’état de santé générale du patient.

• Penser à ré-actualiser l’anamnèse médicale du patient suivi pour le maintien de la santé parodontale.

 

Notre rôle

• Dépister les maladies parodontales (et parfois certaines maladies générales).

• Informer clairement :
– Le patient porteur d’une maladie parodontale de l’impact possible sur sa santé générale ou sur l’évolution d’une maladie systémique déjà présente.
– Le patient diabétique que le traitement parodontal peut aider à équilibrer sa glycémie.
– Une patiente envisageant une grossesse que le traitement parodontal avant la conception serait très bénéfique pour réduire le risque d’issue défavorable d’une grossesse.

• Proposer un bilan médical si nécessaire pour rechercher une maladie générale.

• Prescrire des facteurs de prévention efficaces des maladies parodontales :
– Des instruments d’hygiène parodontale adaptés.
– Des dentifrices à effet antiseptique adapté.

 

Conclusion

Si la présence de maladie parodontale augmente le risque d’apparition de certaines maladies générales pourrait-on dire qu’une bonne santé parodontale maintient ou améliore la santé générale de nos patients ? Définitivement oui !

 

Bibliographie

(1) Linden G.J., Herzberg M.C. Periodontitis and systemic diseases: a record of discussions of working group 4 of the Joint EFP/AAP Workshop on Periodontitis and Systemic Diseases. J Clin Periodontol 2013; 40(S14):20-3.
Linden GJ, Herzberg MC and on behalf of working group 4 of the joint EFP/AAP workshop. Periodontitis and systemic diseases: a record of discussions of working group 4 of the Joint EFP/AAP Workshop on Periodontitis and Systemic Diseases. J. Clin Periodontol 2013; 40 (Supp l. 14): S20–S23. doi: 10.1111/jcpe.1209.

(2) Sanz M., Marco Del Castillo A., Jepsen S., Gonzalez-Juanatey J.R., D’Aiuto F., Bouchard P., Chapple I., Dietrich T., Gotsman I., Graziani F., Herrera D., Loos B., Madianos P., Michel J.B., Perel P., Pieske B., Shapira L., Shechter M., Tonetti M., Vlachopoulos C., Wimmer G. Periodontitis and cardiovascular diseases: Consensus report. J. Clin Periodontol. 2020 Mar;47(3):268-288.

(3) Ide M., Papapanou P.N. Epidemiology of association between maternal periodontal disease and adverse pregnancy outcomes–systematic review. J. Periodontol. 2013 Apr;84(4 Suppl): S181-94.

(4) Sharma P., Dietrich T., Ferro C.J., Cockwell P., Chapple ILC. Association between periodontitis and mortality in stages 3-5 chronic kidney disease: NHANES III and linked mortality study. J Clin Periodontol 2016: 43, 104-113.
5. de Smit M, Westra J, Brouwer E, Janssen K , Vissink A, van Winkelhoff AJ. Periodontitis and rheumatoid arthritis: what do we know? Journal of Periodontology 2015 Sep;86(9):1013-9.

 


 

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Peut-on guérir les parodontites ?

le 17-07-2019

Aujourd’hui, la parodontite est plus souvent qu’autrement présentée comme une pathologie chronique. Pourtant, la littérature d’il y a plus d’une cinquantaine d’années évoquait clairement l’idée de guérir cette maladie (ref. : Barret 1914, Kofoid 1929). Difficile de trouver ce qui pourrait expliquer ce virage. Si d’entrée de jeu, j’ai d’abord adhéré à l’idée, le peu de résultat que j’obtenais en utilisant les méthodes traditionnelles de traitement auprès de mes patients m’a obligé à chercher ailleurs.

Inspiré par les textes de Trevor Lyons[1], probablement l’un des leaders à avoir développé et documenté un protocole de traitement lié à l’élimination des parasites, c’est le microscope qui m’a amené les premières réponses. Maintenant, je dirais que cet outil est indispensable. Il nous permet de visualiser l’écosystème buccal d’un patient et donc d’agir, en prévention ou en curatif. L’analyse du sulcus au fonds des poches parodontales d’un patient malade est révélatrice à tous coups.
[1] Voir Lyons T. (1989).

On y retrouve des bactéries, celles que l’on connait tous. Puis, des globules blancs, responsables de l’inflammation. Mais, la première chose qui nous saute aux yeux, ce sont les parasites, ces énormes masses mobiles, 1000 fois plus grosses que les bactéries. J’explique souvent que c’est comme avoir une fourmi dans la cuisine et un éléphant dans le salon ! Difficile de passer à côté de l’éléphant une fois qu’il est installé sur le canapé.

Passer le biofilm sous la lentille du microscope change inévitablement notre façon de voir la parodontite. Elle ne devient plus chronique, mais plutôt chronicisée parce qu’on n’arrive pas à la guérir d’une simpliste pathogénèse bactérienne. À mon avis, c’est une maladie négligée, comme l’ont été d’autres maladies à parasites par le passé.

La maladie parodontale ne va pas mieux qu’il y a 20 ou 30 ans. La prévalence demeure toujours la même. Parmi les facteurs de risques, l’âge est souvent évoqué comme l’un des premiers éléments. Mais, malheureusement, l’âge,  on ne peut rien y faire. Nous vieillissons tous. En nous formalisant uniquement sur cette idée, il ne nous reste pas beaucoup de moyens !

L’ÉTIOLOGIE DE CETTE MALADIE

Dans presque tous les cas, les gens malades démarrent avec le complexe rouge et orange de Socransky. Cette observation est toutefois loin d’apporter toutes les réponses. Il y a clairement quelque chose qui s’associe aux bactéries, parce qu’à elles seules, elles ne peuvent pas causer la maladie !

La corrélation simple entre les bactéries et la maladie n’est pas claire. Toutes les espèces de bactéries que nous lions à la parodontite sont parfois présentes chez des  patients parfaitement en santé. À contrario, certaines poches parodontales ne contiennent pas d’espèces bactériennes supposées pathogènes.

Les études approfondies et ma pratique m’ont permis de conclure avec force qu’il s’agit d’une maladie parasitaire superposée à une gingivite pré-existante. La parodontite est évolutive, avec une progression bactérienne continue, jusqu’à environ 10 % de la charge bactérienne pathogène. C’est à ce moment qu’arrive la réponse inflammatoire. Les spirochètes et les vibrions (complexe rouge) s’ajoutent graduellement, ce qui coïncide avec les signes courants de la gingivite, induite par la plaque (image 1) ou autre chose. Puis, arrive l’inflammation, facilement observable sur un échantillon de plaque de sulcus au microscope (neutrophiles, macrophages M1 ou M2 ou plasmocytes ou monocytes) (image 2). Quand on y pense, le volume des parasites dans le biofilm pathogène est énorme comparativement aux bactéries qui n’en forment souvent pas plus de un ou deux pour cent.

 

Peut-on guérir les parodontites ?

Gingivite naissante VS gingivite établie – Microscope à contraste de phase 1000x

J’introduis donc l’utilisation du microscope dans toutes les consultations, à chacune des visites, tant comme outils de diagnostic que comme outils de prévention. Je demande aux patients de ne pas brosser leurs dents 12 heures avant leur rendez-vous afin d’avoir un nombre suffisant de microbes à observer. Au rendez-vous, nous allons prendre un peu du sillon parodontal : un échantillon dans les 3 poches les plus profondes, à l’aide d’une sonde parodontale. On dépose ensuite le contenu sur une lame de verre sur laquelle on a placé, au préalable, la salive du patient. Il est impératif d’utiliser la salive du patient comme médium de montage, sinon les parasites et les globules blancs ont tendance à se déformer et deviennent plus difficiles à observer. Ensuite, on projette le contenu du biofilm sur grand écran. Magie.

– En gingivite, on observe d’abord les spirochètes et les vibrions et puis, les globules blancs : des neutrophiles. La flore est mobile, agitée, à l’inverse d’un biofilm de santé.

– En parodontite, dans tous les cas ou presque, on observe les amibes, entourées chacun d’une centaine de globules blancs. C’est Entamoeba gingivalis (image 3), connu depuis plus d’un siècle.

Les tests effectués avec le PCR ont démontré que dans les poches parodontales, on retrouve Entamoeba gingivalis, le parasite, pas un autre. Dans une étude récente, sur plus de 100 patients, dans 8 cabinets différents, Entamoeba gingivalis étaient présents dans plus de 80 % des cas au PCR et 86 % en microscopie (Bonner et al., 2014).

 

Peut-on guérir les parodontites ?

Microscope à contraste de phase 1000x

Il est clair que cette amibe est présente dans la vaste majorité des cas de maladie parodontale. À mon avis, il s’agirait certainement de l’agent qui permet de passer de la gingivite à la parodontite. Même phénomène dans les péri-implantites (Bonner, 2014).

Revenons à notre microscope. La visualisation à l’écran nous permet de faire, avec le patient, une forme de co-diagnostic, l’occasion de l’impliquer. Il s’agit probablement d’un des points clés vers la guérison : il en résulte presque toujours une forte prise en charge par celui-ci de sa maladie.

Une fois cela dit, il faut user de beaucoup de psychologie avec un patient malade qui voit pour la première fois son biofilm à la caméra. C’est bien entendu l’amibe, avec ses tentacules et entouré de globule blancs fantôme, qui suscite la réaction la plus vive. J’explique donc au patient qu’il s’agit d’un petit animal, un parasite, qui se balade dans le fonds de ses gencives, que 10 amibes font près d’un millimètre de long, et que surtout, nous allons lui donner les moyens de s’en débarrasser. En prenant des moyens simples, il sera facile d’éviter la réinfection. Les taux de succès actuel, de guérison, dépasse les 95 % (Bonner, 2013).

Pour simplifier, il y a donc 3 états principaux :

Une flore de santé, des bonnes bactéries font des petits points, des filaments courts (complexe vert de Socransky). Bien entendu, le microscope ne nous permet pas d’avoir tous les noms, il faut faire un PCR, mais les signes sont clairs : aucun globule blanc, peu de mobilité, des cellules épithéliales.

Une flore de gingivite, des neutrophiles, des globules blancs, des spiroquètes, quelques vibrions. Il y a donc de l’infection. Il faut alors expliquer au patient qu’il y a de l’infection sous sa gencive. C’est toutefois une situation que l’on corrige facilement : on enlève la plaque, le tartre s’il y en a. On élimine les facteurs locaux.

Une flore de parodontite, des globules blancs, avec leurs noyaux trilobés et des petits granules qui donnent l’impression de danser, quelques fuso-bactéries, des spirochètes, des vibrions mais surtout, des amibes. Dans 20 % des cas, s’ajoute Trichomonas Tenax, un second protozoaire (image 4). La maladie est plus agressante.

 

Peut-on guérir les parodontites ?

Trichominas Tenax, microscope à contraste de phase 1000x

EST-CE QUE L’AMIBE EST PRÉSENTE DANS LES PARODONTITES ?

Oui. Sans ce parasite, il n’y a que rarement des parodontites. La progression est sensiblement toujours la même. La gingivite qui résulte d’un traumatisme causé par un facteur local, la plaque ou les microbes. Puis, des cellules inflammatoires. Et sur son chemin, le patient est exposé aux parasites, que l’on retrouve dans l’eau, chez d’autres personnes infectées de parodontites, chez nos animaux de compagnie. Les sources sont multiples.

La gingivite est une porte d’entrée. On “attrape” donc des amibes qui se nourrissent de nos globules blancs et de nos globules rouges (phagocythose). Impossible de voir une quelconque comparaison avec une flore commensale. Impossible non plus de convaincre un patient de garder cela dans ses gencives une fois qu’il l’a observé lui-même.

Pour terminer, il faut rappeler qu’Entamoebas gingivalis est proche de beaucoup d’autres amibes (Bonner et al. 2018). Il n’y a qu’à penser à la dysenterie amibienne : maladie intestinale, abcès au foie, etc. L’introduction du métronidazole, en médecine, aura permis d’éliminer cette maladie dans 95 % des cas, mais pas la parodontite…
A réfléchir sérieusement !


RÉFÉRENCES

1. Barrett, M. (1914). The protozoa of the mouth in relation to pyorrhea alveolaris. Dent. Cosm. 56, 948–953.
2. Bonner, M. et al. (2013) Traitement antiparasitaire des maladies parodontales et péri-implantites : suivi multicentrique à 12 mois Actual. Odonto-Stomatol ;261:22-28  https://doi.org/10.1051/aos/2013104
3. Bonner, M. et al. (2018). Reassessing the Role of Entamoeba gingivalis in Periodontitis
Front. Cell. Infect. Microbiol., 29 October 2018 | https://doi.org/10.3389/fcimb.2018.00379
4. Bonner M, et al.(2014). Detection of the amoeba Entamoeba gingivalis in periodontal pockets. Parasite. 21:30. doi:10.1051/parasite/2014029. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4077299/
5. Keyes, P. H., and Rams, T. E. (1983). A rationale for management of periodontal diseases: rapid identification of microbial “therapeutic targets” with phase-contrast microscopy. J. Am. Dent. Assoc. 106, 803–812.
6. Kofoid, C.A., Hinshaw, H.C., Johnstone, H.G., (1929). Animal parasites of the mouth and their relation to dental disease. Journal of thenAmerican Dental Association 1436-145.
7. Lyons T. (1989). Introduction to protozoa and fungi in periodontal infections. Trevor Lyons publications, Ontario, Canada. ISBN 0-9693950-0-0

MOOC #3 : Le microbiote buccal – Prévention des maladies parodontales

le 05-12-2018

Prévention des maladies parodontales – Approche par l’équilibre du microbiote
Découvrez le troisième épisode de notre nouvelle série : le microbiote buccal, avec Vincent Meuric. Cette vidéo est réalisée avec le soutien institutionnel de Zendium.

 

 

La cavité buccale héberge une communauté bactérienne appelée microbiote indispensable à notre santé. 1 mL de salive contient plus de 750 millions de bactéries. Comme pour le microbiote intestinal, le microbiote buccal est extrêmement diversifié, avec des bactéries commensales et des bactéries pathogènes.

Le microbiote équilibré protège naturellement la cavité buccale avec une abondance de bactéries commensales qui empêchent la prolifération de bactéries pathogènes. Ainsi, les dents et les gencives restent saines.

Au contraire, un microbiote déséquilibré ou dysbiose entraîne une prolifération des bactéries pathogènes. Cela induit des maladies bucco-dentaires telles que les caries ou les gingivites et leur aggravation en parodontite.
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à une dysbiose : grossesse, ménopause, stress, vieillissement, dépression… Le tabac, l’alimentation ou la prise de médicaments sont également des facteurs de risque de dysbiose.

Chez les patients à risque, il est important de préserver l’équilibre du microbiote pour maintenir un environnement propice à la santé bucco-dentaire.
D’après les études récentes, cet équilibre peut-être garantit dans la durée en utilisant bi-quotidiennement un dentifrice contenant des enzymes et des protéines.

Il est admis aujourd’hui que l’équilibre du microbiote buccal est indispensable à la santé bucco-dentaire et à la santé en général.

► Revoir le premier épisode du MOOC sur la gingivite
► Revoir le second épisode du MOOC sur la parodontite


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Vidéo réalisée avec le soutien institutionnel de Zendium.

MOOC #2 : La parodontite – Prévention des maladies parodontales

le 14-11-2018

Prévention des maladies parodontales – Approche par l’équilibre du microbiote
Découvrez le second épisode de notre nouvelle série : la parodontite, avec Marjolaine Gosset. Cette vidéo est réalisée avec le soutien institutionnel de Zendium.

 

 

Les parodontites sont des maladies très prévalentes : on estime que les formes sévères concernent 11% de la population adulte mondiale. Elles sont d’évolution lente et rarement douloureuse, ce qui explique que les patients ont généralement peu conscience d’en être atteints.

Par ailleurs, les parodontites ont des conséquences sur la santé orale et buccale du patient. En effet, elles entraînent des pertes de dents, ou encore des mobilités qui réduisent la fonction masticatrice et altèrent le sourire. De plus, de très nombreuses études épidémiologiques montrent que les parodontites seraient des facteurs de risques de l’initiation ou de l’évolution de maladies inflammatoires chroniques, comme les pathologies cardiovasculaires, l’athérosclérose, les polyarthrites rhumatoïdes, ou encore les maladies inflammatoires chroniques intestinales.

Deux voies majeures qui s’interconnectent sont identifiées :
Les bactéries parodontales, qui peuvent pénétrer la circulation sanguine par l’épithélium de poche ulcéré des poches parodontales. Ces bactéries sont disséminées par voie sanguine et se greffent sur des organes à distance.
Les médiateurs de l’inflammation : ces molécules sont produites au sein des poches, libérées dans la circulation sanguine et induisent la production de protéines aiguës de l’inflammation par le foie, avec en chef de fil la protéine C réactive. L’ensemble de ces médiateurs influent à leur tour sur des processus inflammatoires à distance.

Prévenir les parodontites est capital pour la santé du patient. De plus, prévenir les parodontites, c’est avant tout prévenir les gingivites, car l’on sait depuis longtemps que toute parodontite a été précédée d’une gingivite. Éduquer les patients à reconnaître un état de santé gingival et leur enseigner les bonnes techniques d’hygiène orale représente une étape incontournable de tout traitement. Le chirurgien-dentiste est le premier acteur de cette prévention.

► Revoir le premier épisode du MOOC sur la gingivite


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MOOC #1 : La gingivite – Prévention des maladies parodontales

le 24-10-2018

Prévention des maladies parodontales – Approche par l’équilibre du microbiote
Découvrez le premier épisode de notre nouvelle série sur la gingivite, avec Marjolaine Gosset. Cette vidéo est réalisée avec le soutien institutionnel de Zendium.

 

 

La gingivite bactérienne est la plus répandue des maladies parodontales : elle concerne jusqu’à 80% de la population. Tout individu sera atteint au cours de sa vie d’au moins un épisode de gingivite.

La gingivite bactérienne est due à une accumulation du biofilm bactérien sur les surfaces dentaires, ce qui entraîne un déséquilibre entre microbiote et réponse de l’hôte.
Dans certains cas, et sans que cela ne soit prévisible, elle peut évoluer en parodontite. Cependant, la gingivite n’est pas une pathologie grave. En effet, si elle est traitée, cette inflammation qui ne concerne que la gencive est entièrement réversible.

Cliniquement, le premier signe de l’inflammation gingivale réside dans le changement de couleurs : la gencive prend alors une teinte plus rouge, à cause de la dilatation des vaisseaux sanguins.
Puis, le volume, la consistante et la texture de la gencive sont modifiés de façon plus ou moins prononcés selon le morphotype parodontal et la réponse immuno-inflammatoire de l’individu.

Certains facteurs, comme le tabac, peuvent masquer les signes de l’inflammation, en raison de la constriction des vaisseaux sanguins. Au contraire, certains facteurs tels que la puberté ou le diabète non équilibré peuvent l’exacerber.

Lorsque les signes d’inflammation gingivale sont importants, la gencive saigne au brossage, et parfois même spontanément. Elle peut devenir sensible, voire douloureuse. Le saignement de gencive est un signe d’appel qui doit mener tout patient à consulter.
Malheureusement, à ce jour, beaucoup de patients ne le considèrent pas comme un fait préoccupant. C’est, par conséquent, le rôle du chirurgien-dentiste de leur enseigner qu’une gencive qui saigne est une gencive malade.

Les stades les plus précoces, très discrets, passent quant à eux inaperçus pour les patients. Ces stades initiaux de la maladie sont uniquement perceptibles par les chirurgiens-dentistes.
Par ailleurs, il est capital de diagnostiquer et de traiter toute gingivite, car le contrôle de cette inflammation gingivale est essentiel pour la prévention des parodontites.

Éduquer le patient à la santé buccale est essentiel. Ainsi, il devient compétent pour évaluer sa santé gingivale, et le praticien peut lui enseigner les techniques de brossage adéquat avec un matériel d’hygiène dentaire et interdentaire adapté. Le chirurgien-dentiste doit notamment le guider dans le choix des dentifrices et bains de bouche contribuant à rééquilibrer le microbiome buccal, c’est l’une des missions de son métier.


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